A Chengde

Le temple Putuo Zongchengzhi, le plus connu des "huit temples extérieurs" de Chengde, construit en 1767 à l'imitation du Potala de Lhassa

Chengde, l’ancienne Jehol, est située à 200 km au nord-est de Pékin, dans la province du Hebei. La ville est célèbre pour le domaine « de montagne » et les temples que les empereurs Qing y ont fait construire au 18ème siècle pour recevoir les dignitaires, dont une réplique du Potala de Lhassa. Nous y étions allés à plusieurs reprises dans les années 1990, puis en 2009 (le jour de Noël) et en 2012.

Un peu par nostalgie, j’y suis retourné en 4 h 35 pour 250 km par le train désuet déjà emprunté en 2012 (voir notre article Chengde à petite vitesse de l’époque). Le train, en classe dure, est une expérience d’un autre temps mais on ne peut dire que rien n’a changé : même dans les régions minières pauvres du Hebei, autour de Xinglou, les autoroutes et les lignes à haute tension sont partout désormais.

Enserrée dans les collines et dans la forêt, Chengde a poussé en hauteur. Comme partout en Chine, les quartiers centraux et certaines banlieues nouvelles projettent une image d’opulence et de modernité conquérantes, étonnante pour une petite ville.

En ville, à Dalaohugou, à Luzhazigou. Un vieux slogan maoiste cerclé en rouge sur la photo centrale.

Mais le tissu urbain est complexe. La promenade dans deux faubourgs où aucun visiteur ne s’aventure (Dalaohugou à l’est, Luzhazigou à l’ouest) révèle un spectacle bien différent, que l’on n’imagine plus guère à Pékin : des HLM ou des bicoques délabrés des années 1950, des habitants mal vêtus vendant quelques légumes sur le trottoir. C’est une vraie plongée dans le temps et dans une pauvreté qu’on aurait cru révolue. A Dalaohugou, j’ai eu la joie de retrouver le vieux slogan maoïste que j’affectionne : « Joyeusement, nous venons au travail, en paix nous repartons à la maison », avec une variante lexicale nouvelle pour moi, deux caractères ajoutés qui en éclairent un peu le sens.

Dans l'ancien domaine impérial, visité ce jour-là par un groupe de moines tibétains

Le pic du marteau, célèbre depuis l'époque impériale

Dans les collines proches du pic. Si proches des foules, mais désertes.

Temples extérieurs, construits par les empereurs Qing au 18ème siècle : Pule (photos 1 et 2), Anyuan (photo 3), Puyou et Puning (photos 4 et 5), Xumifushou (photos 6, 7 et 8)

Longues promenades, trois jours durant, dans l’ancien domaine impérial et dans les collines autour de la ville, pour revoir des sites connus et en découvrir quelques nouveaux, dont le Pic du marteau, haut de 38 mètres, à la forme caractéristique. Contraste entre les zones touristiques noires de monde en ces jours de congés de la fête nationale, où il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin, et les collines toutes proches où l’on peut encore marcher tout à fait seul dans de belles forêts, sans acquitter de droit d’entrée. Le constat n’est pas nouveau, loin de là, mais il donne à réfléchir sur le tourisme de masse dans un pays où il est à ce point organisé.

Retour vers Pékin en 51 minutes, la nuit tombée, dans un TGV flambant neuf lancé à 295 km/h dans les collines déshéritées du Hebei. Les prouesses des TGV chinois sont connues depuis longtemps (notre article à grande vitesse de 2009) mais qui eût dit qu’une ligne desservirait un jour Chengde et au-delà vers la province du Liaoning ? Un peu l’équivalent d’une ligne à grande vitesse Paris – Montluçon – Guéret, si l’on veut. Les contrastes sont forts dans la Chine de 2023.

Comments

[bertyflex]

Le TGV en chine fonctionne vraiment bien, et j'ai l'impression qu'il va desservir toutes les villes chinoises !