Quarante ans d’Asie
Tiananmen (Pékin), le tombeau de Humayun (Delhi), Angkor Vat, le Potala (Lhassa)
Le 3 juillet 1978 en milieu d’après-midi, un Boeing 747 des lignes aériennes jordaniennes s’immobilisait sur les pistes de Don Muang, à l’époque l’aéroport international de Bangkok. En passant la porte de l’appareil, l’auteur de ces lignes âgé de 19 ans ressentit d’un coup et pour la première fois l’impression de moiteur, la chemise qui colle à la peau et l’odeur de fermentation végétale somme toute peu agréable d’un climat tropical. Par la fenêtre du taxi, partagé avec trois autres voyageurs, les premières images d’une grande ville d’Asie et de sa circulation automobile déjà redoutable. Le premier voyage en Asie commençait.
Ratchadamnoen Road, Bangkok (Getty Images); le temple de Preah Vihear (Cambodge)
Décidé presque par hasard (j’avais d’abord pensé visiter l’Inde), ce premier voyage en Asie du sud-est a duré 101 jours et s’est si bien passé qu’il a donné naissance à une vocation – le terme n’est pas trop fort – d’abord personnelle et plus tard familiale qu’illustrent de nombreux articles et pages de ce blog. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance.
L'Angara en amont d'Irkoutsk (Sibérie), Oesuli (île de Rote, extrême sud de l'Indonésie), pont sur le Bosphore vu de la rive asiatique (Istanbul); frontière Indonésie - P.N.G. près de Skouw (Papouasie).
Quarante ans plus tard, le voyageur de Bangkok a arpenté l’Asie du nord au sud et d’ouest en est, de la taïga sibérienne aux plages de Rote (petites îles de la Sonde, 11° S) et d’Usküdar (Scutari, faubourg d’Istanbul) au poste frontière de Skouw, 141° E, en Papouasie.
Le tombeau ming de Yuling (près de Pékin) avant sa restauration; le tombeau des rois hui à Hami (Xinjiang); le monastère de Jokhang à Lhassa; le tombeau des douze imams à Yazd (Iran); l’église Saint Grégoire de Honentz à Ani (frontière Turquie - Arménie); le site archéologique de Mahabalipuram (Tamil Nadu)
Le présent article n’est pas le lieu d’une rétrospective de ces quarante ans de voyages (peut-être dans dix ans quand nous aurons plus de recul et plus de temps …). Ni de répondre à la question posée si souvent « pourquoi aimez-vous autant l’Asie ? ». Question apparemment simple à laquelle les réponses sont compliquées, ne serait-ce qu’en raison de l’infinie diversité de ce que nous appelons « l’Asie ».
La grande muraille près de Pékin
Au fil des voyages et des années, le jeune voyageur a pris quelques rides et l’Asie a changé en profondeur. 1978 était, au sens propre comme au figuré, un autre siècle : la guerre du Vietnam était terminée depuis trois ans, Mao Zedong était mort depuis moins de deux ans, Indira Gandhi avait temporairement perdu le pouvoir un an plus tôt, les Khmers rouges massacraient leur peuple et m'empêchaient d'accéder au temple de Preah Vihear sur la frontière thaïlandaise … que c’est loin ! Lorsqu’il m’arrive de dire à de jeunes Indonésiens que j’ai visité pour la première fois leur pays en 1978, l'incrédulité de leur regard me classe comme un quasi-dinosaure.
La caldeira du volcan Rinjani (Lombok), la côte est de Kisar (Moluques du sud-ouest)
L’Indonésie, justement, est l’un des pays visités le plus systématiquement pendant ces quarante ans, au point qu’il devient difficile d’y compter les voyages. A partir de 1984, la moitié orientale du pays, à l’est de Bali, a été visitée à dix reprises et l’émerveillement n’est jamais retombé. Pour vous faire partager un peu de cet enthousiasme, ce blog compte désormais une nouvelle catégorie : Wallacea, Indonésie de l’est [1].
Vous y trouverez des récits ou des journaux de voyage dont certains sont anciens mais ont été mis en ligne ces dernières semaines :
- Célèbes 1984,
- Florès, Solor, Timor et Timor-est 1990,
- Banda et Ceram (Moluques) 1992,
- Sumba, Savu et Rote (petites îles de la Sonde) 2003.
Sans prétendre faire concurrence aux ouvrages ou aux sites spécialisés, ces articles et ces pages vous donneront peut-être envie d’aller voir ce « paradis sous l’équateur » [2].
[1] : la Wallacea – nommée d’après le naturaliste A.R. Wallace (1823 – 1913) - est constituée par les îles orientales de l’Indonésie, à l’est des détroits de Lombok et de Makassar, et de Timor-est, dont la faune et la flore font une zone de transition entre l’Asie et l’Océanie.
[2] : formulation empruntée à Kal Müller et Paul Zach, Indonesia, Paradise on the Equator, New York, St Martin’s Press, 1988. Comme nous l’avons constaté à maintes reprises, le paradis ou ce qui s’en approche est hélas menacé par l’impéritie des hommes qui le saccagent, voire transformé en enfer quand il devient un théâtre de guerre civile (Timor, Célèbes, Moluques).
Clément au lac Tsomgo (Sikkim), 26 décembre 2013.
En 2016, nous avions regroupé et complété nos récits de voyages sur le toit du monde avec la catégorie Himalaya, Pamirs, plateau tibétain, récit d’une vraie passion familiale transmise à nos trois enfants, puis à nos petits-enfants.
Le Tso Moriri (Ladakh); le lac de cratère du Changbaishan / Paektu (frontière Chine - Corée du nord); Badain Jaran (Mongolie intérieure); le lac Tihu à Wetar (Moluques du sud-ouest).
Collines dominant les tombeaux Ming (Pékin); plage de Takarli (Maharashtra), sur la mer d'Oman; Gopalpur on Sea (Odisha), sur la côte de Coromandel; près de Naibonat, sur la côte nord de Timor.
Quarante ans plus tard, l’enthousiasme est intact pour sillonner l’Indonésie, l’Himalaya, l’ensemble de l’Asie et le monde. A très bientôt, chers lecteurs, pour partager avec vous de nouvelles découvertes.
1 - Sangke (sud du Gansu); 2 - route du Karakorum (Xinjiang); 3 - Kei Besar (Moluques du sud-est); 4 - Xian (Shaanxi); 5 - Xiahe (sud du Gansu); 6 - Lhassa (Tibet); 7 - Goa; 8 - Jodhpur (Rajasthan); 9 - près de Ranakpur (Rajasthan); 10 - Yapen (Papouasie).