A Ouvéa et Mouli

Publié le par Ding

Mis à jour le 26 août 2019

Ouvéa et son lagon. En bordure de côte, la localité de Fayaoué. L'aérodrome est visible au fond.

Ouvéa et son lagon. En bordure de côte, la localité de Fayaoué. L'aérodrome est visible au fond.

Ouvéa et Mouli sont les plus occidentales des îles Loyauté, au nord-est de la Nouvelle-Calédonie. Comme les autres îles de cet archipel (Lifou, Tiga et Maré), ce sont des îles coralliennes perchées sur d’anciens volcans. Ouvéa est une mince langue de terre longue de 35 km, sur le rebord occidental d’un vaste lagon. Celui-ci est aussi délimité par Mouli et par un chapelet d’îlots connus sous le nom de Pléiades. Un autre atoll, Beautemps Beaupré, est à 40 km au nord-ouest d’Ouvéa. La largeur d’Ouvéa n’excède pas quelques kilomètres et se rétrécit à moins d’un kilomètre au centre de l’île.

Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest
Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest
Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest
Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest
Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest
Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest
Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest
Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest
Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest

Le lagon d'Ouvéa, vu des plages de la côte ouest

La population est de l’ordre de 4 500 habitants, de nombreux îliens étant aujourd’hui établis à Nouméa. C’est pourtant une population diverse, qui parle deux langues en plus du français : le iaai, langue mélanésienne, est parlé au centre d’Ouvéa. Le faga-uvea est parlé au nord et au sud d’Ouvéa et à Mouli par les descendants de Polynésiens arrivés aux 16ème et 17ème siècles.

La toponymie prête à confusion : Ouvéa est le plus souvent désignée sur place comme Iaai, son appellation dans la langue éponyme. D’autre part, beaucoup plus à l’est, l’ile française de Wallis est connue en wallisien sous le nom d’Uvéa (qui se prononce aussi Ouvéa).

La côte sud de Mouli, face au largeLa côte sud de Mouli, face au large

La côte sud de Mouli, face au large

Les deux côtes d’Ouvéa, toutes proches l’une de l’autre, sont dissemblables au possible : à l’ouest une splendide plage de sable blanc longue de 25 km, un lagon turquoise d’un calme parfait. Parfait pour la baignade et les activités nautiques, qui sont pourtant interdites depuis le 5 juin, un gros requin ayant été repéré. Après deux accidents graves sur la Grande terre, la psychose du requin est forte depuis quelques semaines. La côte orientale est inhospitalière avec son rivage corallien déchiqueté battu par les vagues du Pacifique. Au sud de l’île, les falaises de Lekiny sont curieuses avec leurs nombreuses grottes.

Les falaises de Lekiny et le pont de MouliLes falaises de Lekiny et le pont de Mouli
Les falaises de Lekiny et le pont de MouliLes falaises de Lekiny et le pont de Mouli

Les falaises de Lekiny et le pont de Mouli

 Banc de raies, vues du pont de Mouli Banc de raies, vues du pont de Mouli

Banc de raies, vues du pont de Mouli

Le cocotier est roi à Ouvéa, c’est l’une des principales richesses de l’île. Des fours artisanaux font cuire le coprah, qui est utilisé par l’huilerie locale et pour produire du biogaz [1]. Ouvéa et Mouli produisent aussi des cultures vivrières : ignames, taro, légumes et fruits, en quantité insuffisante pour nourrir la population. Les îles sont inégalement fertiles et la forêt, parfois dense, en recouvre une bonne partie. Quelques d’oiseaux endémiques, aujourd’hui menacées, les habitent : perroquet vert de Iaai, puffins du Pacifique.

 

[1] : en raison des prix actuels du coprah (90 XPF soit 0,75 € le kilo), la production a beaucoup décliné (157 tonnes en 2018 contre 400 en 1990). L’huilerie, dont une seule ligne de production fonctionne, est déficitaire. Voir l’étude citée dans les Nouvelles calédoniennes du 26 août 2019).

 

A Ouvéa et Mouli
A Ouvéa et MouliA Ouvéa et Mouli
A Ouvéa et Mouli

Le tourisme représente un petit apport à l’économie des îles avec un hôtel de haut de gamme (sur Mouli) et plusieurs gîtes, connus ici sous le nom d’ « accueil en tribu ». J’en ai testé un sur Mouli : sympathique mais rudimentaire. La plupart des touristes louent des voitures ou des scooters. J’ai préféré le vélo, agréable quand il ne pleut pas, et la marche. L’habitat traditionnel est bien conservé avec de nombreuses cases circulaires qui contribuent pour beaucoup aux charme de ces îles [2].

 

[2] : je me suis senti en totale sécurité à Ouvéa. Le lendemain de ma visite, cependant, des touristes étrangers ont été agressés par des pêcheurs d’Ouvéa près de l’atoll de Beautemps Beaupré. Cette agression, qui n’a pas fait de victimes, a suscité une forte couverture de presse en Calédonie et au-delà. Ces touristes avaient pris soin de « faire la coutume » et de solliciter de la chefferie de saint Joseph l’autorisation de se rendre à proximité Beautemps Beaupré qui est une terre sacrée. Mais il est possible qu’ils n’aient pas respecté l’accord convenu, entrainant une réaction violente. Telle est du moins la version du syndicat des pêcheurs d’Ouvéa, rapportée dans la presse locales (les Nouvelles calédoniennes, 27 et 28 juin 2019).

Cases à Ouvéa et MouliCases à Ouvéa et Mouli
Cases à Ouvéa et MouliCases à Ouvéa et Mouli

Cases à Ouvéa et Mouli

La population est majoritairement mélanésienne, avec une minorité d’origine polynésienne. Pas, ou très peu d’Européens ou d’Asiatiques. Ouvéa a été reconnue par d’Entrecasteaux en 1793 et les missionnaires s’y sont implantés au milieu du 19ème siècle : missionnaires britanniques de la London Missionnary Society au centre de l’île, qui ont aussi apporté le cricket, missionnaires catholiques français qui ont évangélisé le nord et le sud d’Ouvéa ainsi que Mouli. Evangélistes et témoins de Jeovah complètent le tableau.

Eglises de Mouli, Hwadrilla, Onhyat et Saint JosephEglises de Mouli, Hwadrilla, Onhyat et Saint Joseph
Eglises de Mouli, Hwadrilla, Onhyat et Saint JosephEglises de Mouli, Hwadrilla, Onhyat et Saint Joseph

Eglises de Mouli, Hwadrilla, Onhyat et Saint Joseph

A Ouvéa et MouliA Ouvéa et MouliA Ouvéa et Mouli

L’histoire récente d’Ouvéa est profondément marquée par les violences de 1988 et 1989. La prise d’otages sanglante du 22 avril 1988 par des indépendantistes à la gendarmerie de Fayaoué (aujourd’hui défendue par une clôture et des barbelés) est suivie, le 5 mai, d’un assaut militaire contre la grotte de Gossanah, au nord de l’île, où des indépendantistes s’étaient réfugiés avec 24 otages. 19 kanaks et deux militaires sont tués lors de l’opération Victor. Cet événement dramatique a eu des conséquences positives pour la Nouvelle-Calédonie puisqu’il a débouché sur la remise du dialogue et les accords de Matignon.

Mais à Ouvéa la blessure reste profonde, ravivée par le meurtre un an plus tard de Jean-Marie Tjibaou et de son second Yeweine Yeweine. Le « monument des dix-neuf », à Hwadrilla, est d’une force saisissante avec les photos des militants tués et un texte sans concession à l’usage des « jeunes Kanaks ».

Le monument des dix-neuf à Hwadrilla
Le monument des dix-neuf à HwadrillaLe monument des dix-neuf à Hwadrilla
Le monument des dix-neuf à Hwadrilla

Le monument des dix-neuf à Hwadrilla

Venant de Nouméa ou du sud de la Grande terre, on est ici dans un autre monde, sans population européenne. Le drapeau kanak est partout, les inscriptions « Kanaky » aussi. Le visiteur venu de France est accueilli avec une très grande gentillesse mais il ne peut que méditer sur le poids de l’histoire et se poser la question des lendemains.

Voir aussi le journal quotidien du voyage.

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