Sicile
Sur les traces de Thibaut et Romy (voyage de noces en 2011) et de plusieurs frères, sœurs et cousins, nous avons passé douze jours en Sicile, du 20 avril au 2 mai.
De Palerme, nous nous sommes dirigés vers Trapani et Marsala, à l’ouest de l’île. Nous avons ensuite longé la côte sud sur toute sa longueur et sommes arrivés à Syracuse. Nous avons traversé l’île par le centre, de Syracuse à Cefalu, d’où nous avons regagné Palerme après 1 300 km de route. Qu’en retenir ?
Des paysages très beaux et très variés.
La réserve naturelle de Zingaro, à l'ouest de Palerme; les salines de Trapani; les chardons de Sélinonte
- des côtes rocheuses spectaculaires avec la lumière et la transparence propres à la Méditerranée, que Jules Verne célébrait déjà dans Mathias Sandorf [1] ; le printemps est sans doute la plus belle saison pour visiter la Sicile, qui se couvre de fleurs;
[1] : troisième partie, chapitre premier : « Méditerranée ».
- un intérieur de collines et de petites montagnes, peu peuplé mais fortement cultivé ou exploité en pâturages ;
- des montagnes plus sauvages dans les parcs naturels de Nebrodi et des Madonies où nous avons randonné agréablement ; l’Etna, dont nous avons réservé l’ascension pour un voyage futur, était bien visible dans l’est et encore enneigé.
Un patrimoine de premier ordre.
Ségeste, Sélinonte, Agrigente, Akrai, Morgantina.
- des sites archéologiques grecs justement célèbres, le sud de la Sicile faisant partie de ce que l’on nommait jadis la grande Grèce : Ségeste, Sélinonte, Agrigente, Syracuse et d’autres plus modestes, complétés par des musées archéologiques extrêmement riches, celui de Syracuse en particulier ;
- des sites romains également remarquables ; nous avons particulièrement aimé l’amphithéâtre romain de Syracuse – nous y étions seuls grâce à l’heure matinale – et les mosaïques mondialement connues de la Villa Romana del Casale, au centre de l’île ;
Erice, Marsala, Mazara del Vallo, Sciacca, Agrigente, Falconara, Comiso, Raguse, Modica, Noto, Castelbuono.
- des villes et des villages regorgeant littéralement de trésors, comme il est de règle en Italie ; châteaux, palais et églises pullulent jusque dans les localités les plus modestes ; de simples bourgades comptent quinze à vingt églises ; les cités baroques du sud-est – Raguse [2], Modica, Noto – présentent une telle richesse que le syndrome de Stendhal guette le voyageur ; pour échapper à la saturation, celui-ci peut cependant méditer sur la variété infinie des édifices contemplés, notamment des églises dites baroques ;
[2] : à distinguer bien sûr de la Raguse dalmate, aujourd’hui Dubrovnik en Croatie, visitée en rentrant de Chine, le 12 avril 2014 (voir journal).
Cefalu, Palerme, Monreale.
- dans plusieurs villes, dont Cefalu, Palerme et Monreale, l’architecture arabo-normande réalise une synthèse superbe de l’occident, de Byzance et de l’art islamique.
Ombres et lumières.
La vérité oblige à dire que ce patrimoine splendide est inégalement entretenu. Parfois parfaitement, notamment lorsque les fonds européens ont permis de restaurer les monuments. Dans d’autres cas, en revanche, les palais sont laissés à l’abandon et se détériorent dans des quartiers clochardisés, à Palerme en particulier.
La Sicile reste en effet confrontée à de sérieuses difficultés économiques. L’économie est fragile en dehors du tourisme et le taux de chômage est proche de 25 %. Nombre de jeunes Siciliens émigrent, ce qui donne beaucoup de villages désertés dans l’intérieur. Le manque de fonds publics se fait cruellement sentir avec des routes secondaires défoncées, voire fermées purement et simplement, qui nous ont contraints à de fréquents détours. Le ramassage des poubelles laisse beaucoup à désirer, ce qui donne des monceaux d’ordures et des odeurs fortes, à Palerme en particulier.
La Sicile, sans parler de l’île de Lampedusa, est enfin en première ligne pour l’arrivée des migrants venus de l’Afrique toute proche. Les Africains sont nombreux dans les villes et dans les campagnes où ils remplacent les Siciliens partis. Nous avons rencontré dans les villes de nombreux commerçants indiens, et quelques Chinois seulement. Curieusement, les touristes chinois ne semblent pas avoir découvert la Sicile.
La Sicile a donc ses soucis mais elle reste superbe et très accueillante. La gentillesse des Siciliens et leur souci de venir en aide aux voyageurs avant même que celui-ci les sollicite resteront l’un des meilleurs souvenirs de ce très beau voyage.