Journal du Henan et du Shanxi (novembre 2011)
Les monts Taihang, près de Guoliang
Premier jour (8 novembre) : Pékin Anyang, 538 km. Anyang, tout au nord du Henan, à 500 km au sud de Pékin et au nord du Fleuve jaune, est une ville de 800 000 habitants plutôt agréable avec ses avenues plantées de platanes qui évoque la Chine des années 80.
La vieille ville a gardé un petit quartier ancien non encore rénové avec des rues étroites et de vieilles maisons. Le temple Tianning comporte une très belle pagode en briques qui domine le quartier. C’est tout près d’Anyang que l’on a retrouvé des inscriptions primitives (dynastie Shang) gravées sur des carapaces de tortues et sur des os.
Nuit confortable à l’hôtel Anyang, le grand hôtel de la ville qui fait figure d’hôtel pour délégations et fonctionnaires en tournée.
Deuxième jour (9 novembre) : Anyang, Huitaozhai, 205 km. La visite d’Anyang achevée, nous reprenons l’autoroute vers le sud pendant 85 km, puis bifurquons vers l’ouest vers Weizhi et Huixin (route provinciale 306). De là, après quelques recherches, nous partons vers le nord-ouest en direction de la limite provinciale du Shanxi, par la route provinciale 229 qui s’élève peu à peu dans la montagne.
Nous arrivons vers 15 heures dans la montagne de Taihang, près de la limite provinciale. Après être entrés dans la zone touristique (droit d’entrée 80 RMB), la route s’élève en lacets puis à l’intérieur de la falaise rouge avec un passage spectaculaire en tunnel taillé dans le roc.
Au sommet de la falaise se trouve le village touristique de Guoliang, bien préservé, favori des artistes amateurs qui viennent immortaliser les falaises et les pics environnants. Nous explorons les environs par des routes en surplomb de falaise, qui offrent de très belles vues malgré le temps gris.
Plutôt que de passer la nuit dans l’une des nombreuses auberges de Guoliang, nous gagnons le hameau de Wutaozhai, à 3 km, où une petite pension familiale nous propose une chambre tout à fait rudimentaire dans le cadre pittoresque d’une demeure familiale.
Troisième jour (10 novembre) : Huitaozhai – Jincheng, 120 km : Après une nuit fraîche dans un confort spartiate, réveil par un grand beau temps qui ne durera malheureusement pas. Huitaozhai est très pittoresque au soleil matinal. Nous passons la matinée à explorer le vallon en amont de Guoliang, avec ses falaises abruptes.
En milieu de journée, nous explorons la vallée située un peu plus au sud et nous embarquons sur une petite route en impasse (croyions nous) qui s’élève au dessus du village de …, au dessus de Nanping. Banale au début, cette route s’élève rapidement et se trouve bientôt en corniche à flanc de falaise. Nous n’y rencontrons personne et c’est heureux car tout croisement eût été problématique sur cette route étroite. Quelques passages sont exposés aux chutes de pierres. La dernière partie de la montée se fait dans un étroit tunnel foré dans le roc. Montée souterraine spectaculaire, avec des échappées sur la falaise verticale, beaucoup plus longue que le tunnel pris hier pour monter à Guoliang. Une petite voiture se faufilerait sans difficulté mais notre 4x4 plus encombrant passe de justesse dans cette galerie rocheuse étroite, avec la crainte à chaque instant de racler la roche sur les côtés ou par le toit. Quant à croiser, il n’y faut même pas songer.
A notre surprise, le tunnel débouche finalement de l’autre côté de la crête : nous avons quitté le Henan pour le Shanxi dans une zone ménagée pour le tourisme où il ne manque que … les touristes. Peu soucieux de faire demi-tour et de redescendre par cette route problématique, nous décidons de poursuivre vers l’ouest, d’abord par de petites routes, puis par les routes provinciales 331 et 332, vers Lingchuan et Jincheng. La route redescend peu à peu des montagnes par des collines en terrasses et finit par rejoindre la plaine et ses fumées industrielles. Nous arrivons à Jincheng un peu avant 17 heures.
Quatrième jour (11 novembre) : Jincheng – Luoyang, 210 km : Nous achevons la visite de Jincheng par la pagode de Bifen, assez belle (sans doute le seul point d’intérêt de la ville), puis partons vers l’est dans un épais brouillard pour visiter trois sites intéressants proches de Beiliu :
- Le palais du Premier ministre Chen Tingjing (époque de Kangxi), très belle résidence murée construite autour d’un donjon, avec des dizaines de cours carrées et de pavillons. C’est un très bel ensemble avec ses tons ocre, mais forte affluence touristique.
- Le village ancien de Guoyu, tout proche, avec un temple taoïste vieux de 600 ans et plusieurs cours carrées intéressantes. Guoyu est encore habité et n’est pas aménagé pour le tourisme, ce qui en fait le charme.
- Le temple de Haihui avec ses deux belles pagodes dont l’une est plus que millénaire.
Nous empruntons ensuite la route G 207 entre Jincheng et Luoyang, qui nous conduit au village de Daji. C’est le résultat d’un vrai jeu de piste : nous en avions connu l’existence par un article du Global Times du 10 octobre dernier complété par des recherches en ligne. Daji comporte en effet un petit fortin tricentenaire perché sur un éperon rocheux, sur lequel des missionnaires établis depuis 1840 ont construit en 1904 une église catholique. Cet édifice semble peu connu, il n’est pas signalé et n’est pas ouvert au tourisme, mais il est remarquable, ainsi niché sur son rocher. Nous avons la chance de le visiter malgré l’absence du Père Yang (82 ans), curé en titre de cette paroisse de 200 âmes. Trois personnes habitent cet endroit exceptionnel, qui a dû traverser bien des épreuves depuis un siècle.
De Daji, l’autoroute G 55 descend des montagnes du Shanxi dans la plaine du Fleuve jaune par une succession de viaducs et de tunnels, spectaculaires par endroits.
Luoyang est d’abord difficile avec une pollution industrielle majeure et des travaux qui rendent la traversée du centre difficile. La vieille ville, un peu excentrée vers l’est par rapport au centre, nous donne l’occasion d’une promenade courte et agréable. Il fait beaucoup plus doux que les jours précédents au point que les citadins dînent encore dans la rue, ce qui n’était pas imaginable dans les villes traversées ces deniers jours.
Cinquième jour (12 novembfre) : Luoyang – Kaifeng, 253 km : trois villes parcourues dans la journée – Luoyang, Zhengzhou et Kaifeng – donc de nombreuses heures au volant, à chercher notre chemin dans les embouteillages. Vu néanmoins deux points d’intérêt :
- Les grottes bouddhiques de Longmen, à 12 km au sud de Luoyang, évoquent beaucoup celles de Datong auxquelles elles ont d’ailleurs succédé dans le temps. Le site est plutôt agréable sur les deux rives de la rivière Yi. La quasi-totalité des statues ont cependant été défigurées par les pillards ou pendant la révolution culturelle. L’endroit est de plus extrêmement touristique.
- Le musée provincial du Henan à Zhengzhou présente de très belles collections. Nous avons en particulier aimé les bronzes Shang et Zhou (les tripodes habituels et des exemplaires plus rares en forme d’animaux), les os et carapaces de tortues issus des ruines de Yin (voir Anyang, premier jour), les statuettes Tang et Sui et les statuettes et porcelaines Song. Un beau musée donc, à la mesure du patrimoine archéologique et culturel du Henan.
La nuit est tombée depuis longtemps quand nous arrivons à Kaifeng. La recherche d’un hôtel est laborieuse ce samedi soir mais nous finissons par trouver un toit dans un curieux établissement de bains et de divertissement hors de la vieille ville.
Sixième jour (13 novembre) : Kaifeng – Xingtai, 370 km : Visite dans la vieille ville de Kaifeng le matin. Bien qu’enceinte d’une muraille, la vieille ville est dans l’ensemble modernisée à l’exception des curiosités répertoriées et de quelques rues restaurées, mais la promenade y est agréable par un temps ensoleillée et très doux. Les musulmans sont visiblement nombreux et leurs quartiers sont bien typés ; nous passons par trois mosquées : la mosquée Dongda, de style hui et deux mosquées modernes de style moyen-oriental. Les catholiques sont aussi en nombre non négligeable : nous visitons l’Eglise du saint Sacrement, à côté de l’évêché. Le temps nous manque en revanche pour chercher le site de ce qui fut la synagogue et les traces sans doute largement effacées de l’ancienne petite communauté juive.
Vers midi nous quittons la ville par le nord et allons déjeuner agréablement dans l’herbe, sur une digue du Fleuve jaune. La douceur de l’automne est surprenante pour un mois de novembre.
Le moment est ensuite venu de reprendre l’autoroute de Pékin, en repassant tout près de Zhengzhou, puis plein nord par l’autoroute G4, comme à l’aller. La route devient plus difficile au Hebei avec une autoroute étroite, de nombreux camions et un air très pollué par les industries riveraines. Nous passons la nuit à Xingtai, dans le sud du Hebei où la température est déjà bien plus fraîche qu’au Henan que nous venons de quitter.
De là, une demi-journée de route nous ramène au bercail (septième jour, 14 novembre, Xingtai – Pékin, 435 km) après avoir parcouru 2130 km en une semaine.