Vélib à Chaoyang
Le Vélib pékinois existe désormais, je l’ai essayé.
Des expérience de location de bicyclettes par des sociétés privées ont été tentées ces dernières années mais n’ont jamais réussi. Le coût élevé des cautions rapporté au coût encore modeste de l’achat d’un vélo et la nécessité de rapporter le vélo chez le loueur au point de départ ont toujours découragé la clientèle. Il y a deux ans, on voyait des centaines de bicyclettes bon marché couvertes de poussière en certains points de la capitale sans que jamais un client s’y intéresse.
Les tentatives se sont poursuivies, cependant. De superbes vélos orange, copies conformes des Vélib parisiens, ont fait leur apparition en 2010 (1), mais n’ont jamais été mis en circulation, semble-t-il. La dernière tentative en date s’appelle Chaoyangbike et concerne l’arrondissement de Chaoyang, au nord-est de la capitale.
L’ambition n’est pas négligeable (une cinquantaine de stations) mais les débuts sont modestes avec trois stations seulement, toutes proches les unes des autres ce qui réduit assurément l’utilité d’un service qui demeure assez confidentiel. Les promoteurs ont toutefois décidé d’ouvrir ce service aux étrangers à compter du 15 janvier, ce qui a conduit l’auteur de cet article à se porter candidat.
Ce ne fut pas simple. Trouver une station fut facile – la presse y avait consacré un article – mais impossible d’y louer un vélo. Le personnel de Chaoyangbike ne s’exprime bien sûr qu’en chinois, de même que le site www.chaoyangbike.com. Renseignement pris, il fallait se rendre à la station de métro Chaoyang un jour ouvrable (très commode quand on travaille), à ceci près que … le personnel de cette station de métro ignorait tout de l’affaire et nous renvoya avec un sourire désolé. Une observation attentive finit par révéler, à une centaine de mètres de là, juste en face du Waijiaobu – le ministère chinois des affaires étrangères - une petite guérite dépourvue de toute inscription, mais contiguë à une station de location. Le personnel de Chaoyangbike s’y trouvait, à l’abri du froid. Il ne restait plus qu’à patienter deux heures car la responsable avait pris une matinée de congé et nul, en son absence, n’aurait pris sur lui de délivrer une carte d’abonnement.
Mais tout finit par s’arranger. A la troisième tentative, ayant consacré un total de 4 ou 5 heures et 210 RMB (26 euros) à l’entreprise, j’eus la fierté de recevoir la précieuse carte (n° 396) et d’enfourcher enfin le vélo tant convoité. Etais-je le premier abonné étranger ? Vu la surprise et les hésitations du personnel, ce n’est pas impossible.
Pour le Parisien habitué au robuste Vélib de JC Decaux, la différence est importante. D’une agréable couleur verte avec l’inscription « bicyclette à usage public », le modèle local est léger au point de paraître fragile (sachant que les costauds Vélib parisiens ont été mis à rude épreuve par leur public). Il faut espérer qu’ils résisteront quand ils commenceront à être vraiment utilisés. C’est un vélo sans luxe : des pneus minces, une seule vitesse, un freinage peu puissant (à patins à l’avant, à tambour à l’arrière), pas d’éclairage (il est vrai que cet accessoire est rare sur les cycles chinois), ni de porte-bagages. Pour monter ou descendre la selle, il faut avoir pris soin d’emporter ses outils. Comparé au Velib parisien, le poids beaucoup plus faible procure cependant un agrément réel, sachant que Pékin est une ville très plate.
Pour ses premières excursions, l’auteur s’est limité sagement aux hutong (rues traditionnelles) où se trouvent Les demeures princières de Dongsi : ces ruelles presque sans voiture offrent un cadre sûr pour ces premières randonnées cyclistes, agréables malgré le froid. Il restait ensuite à rendre le vélo sur une borne qui fonctionne. Pour cela, il a fallu regagner le station de départ.
On aura compris que Chaoyangbike en est à ses premiers pas – ses premiers tours de roue - et n’est pas encore un moyen de transport pratique. Mais l’idée fait sens pour commencer à rendre la ville aux cyclistes. Etre l’un des premiers étrangers à utiliser ce service n’était pas pour nous déplaire.
(1) : article et photos dans Chine informations de juin 2010 : link http://www.chine-informations.com/actualite/le-velo-libre-a-pekin_21173.html