Shanxi

Publié le par Ding


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Voyez aussi les photos, désormais regroupées avec celles prises au Henan et à nouveau au Shanxi en novembre 2011 :  Shanxi (février 2010) - Henan--Shanxi (novembre 2011 Shanxi (février 2010) - Henan--Shanxi (novembre 2011   

Dimanche 14 février : Nous quittons Pékin peu après sept heures par l’autoroute de Shijiazhuang, presque déserte en ce jour de nouvel an lunaire.

 

Notre  premier arrêt est aux tombeaux Qing de l’ouest, qui n’ont guère changé depuis douze  ans. Ils sont fermés en ce jour de fête et le paysage hivernal est plus austère que l’été, car plus sec et avec des arbres nus, mais cela reste un bel endroit. Les touristes se concentrent sur un ou deux sites et les autres sont déserts. Sans  en profiter vraiment, faute de pouvoir entrer dans les tombeaux, nous apprécions de retrouver ce beau site presque intact.

 

Une longue route vers l’ouest (G 112 puis G 108) commence ensuite vers Laiyuan, à l’extrême ouest du Hebei, puis dans les montagnes du Shanxi. Nous quittons la plaine et escaladons les premières hauteurs. Les villages ont peu changé depuis mon premier passage, il y a douze ans. Ils sont toujours sales, le charbon y étant omniprésent et les ordures ménagères jonchant les rues.  La route est tantôt excellente tantôt effroyable, défoncée par les camions, mais la circulation est presque nulle en ce jour de fête, ce qui rend la route facile.  Quelques passages sont enneigés, avec de beaux paysages de montagne. Le pays minier proche de Shahe est moins sinistre qu’à mon voyage précédent, car couvert d’une mince couche de neige.

 

Nous traversons Shahe à 16 heures 30 et prenons la route 205 vers le sud. J’appréhendais ces 50 km de montagne sur une route enneigée, mais la montée est finalement très facile, sauf le dernier kilomètre avant le col, du fait des congères. De jour, la route perd le genre inquiétant que je lui avais connu de nuit. Au col, le froid est vif mais le paysage enneigé au soleil couchant est majestueux et la descente est belle.

 

Nous arrivons à Wutaishan à la nuit tombante. La petite ville de Taihuai, que j’avais connue simple village, s’est métamorphosée avec des dizaines d’hôtels, de restaurants et de commerces et … un péage de 140 RMB (168 RMB l’été) pour accéder à ce lieu de pèlerinage.  Cette frénésie de construction illustre, s’il en était besoin,  de l’essor du tourisme et de la soif de voyages de la nouvelle classe moyenne. L’hiver aidant, beaucoup d’hôtels semblent cependant fermés et l’affluence reste limitée.  Après une recherche un peu longue, nous trouvons refuge à l’hôtel Foyuan Lou, dans une dépendance du temple Shuxiang. Agréable et très calme. Nous dormons au chaud alors que la température descend à – 20 ° et le silence n’est troublé que par les inévitables pétards du nouvel an.

 

Lundi 15 : Visite ce matin de trois temples, parmi les dizaines que compte la montagne sainte. Tayuan et Xiantong, les plus connus, sont remarquables tous les deux. Bien que largement reconstruits sous les Ming et les Qing, ils conservent des trésors plus anciens et les moulins à prières témoignent d’une influence tibétaine.

 

Nous prenons la route vers 11 heures. Le temple de Jinge est trop rénové pour être intéressant malgré son bouddha debout de 17,7 mètres mais la montagne enneigée avec ses forêts de mélèzes est superbe avec un temps radieux. Le ski de fond, encore inconnu dans ces contrées, y serait un vrai régal.

 

Après un dernier col, la route descend par degrés dans la plaine et les paysages deviennent plus banals.  Deux beaux temples, encore peu visités, rendent l’après-midi intéressante : Foguang, près du village de Doucun, où nous sommes les seuls visiteurs et Nanchan, plus modeste mais vénérable et avec un toit remarquable, près du village de Dongye.

 

De Xinzhou, l’autoroute nous conduit à Pingyao en contournant Taiyuan, capitale provinciale avec ses usines sur des dizaines de kilomètres. Il fait nuit lorsque nous arrivons à Pingyao. Nous nous aventurons imprudemment dans la vieille ville en voiture. Expérience à ne pas répéter : les rues, piétonnes ou non, sont étroites et les voitures n’y sont pas rares. Après une traversée difficile, nous fuyons vers la ville nouvelle où nous nous réfugions dans un hôtel sans charme ni confort, mais facile d’accès pour des voyageurs motorisés.

 

Mardi 16 : C’est donc sagement, à pied, que nous visitons Pingyao le matin. La ville murée a bien résisté aux ravages successifs de la modernité (bâtiments modernes en nombre limité) et de la rénovation à l’usage des touristes. Les deux rues principales sont bordées de petits hôtels et de boutiques de souvenirs, mais on peut y visiter de nombreuses demeures de banquiers (Pingyao était naguère un centre de la finance), fort intéressantes. Lorsqu’on s’éloigne des deux rues précitées, on retrouve vite la calme et une authenticité relative. Bien que très touristique, Pingyao a mieux résisté à l’arrivée du tourisme de masse que Shanghaiguan, par exemple (voir l'article A la plage ).

 

L’après-midi, nous explorons les environs : le temple de Shuanglin, tout proche de la ville, puis plus loin vers le sud-ouest. Après 30 km de plaine, au milieu des cheminées d’usines, nous trouvons les collines de lœss profondément échancrées de canyons, caractéristiques d’une grande partie de la Chine de l’ouest. Le beau village ancien de Zhangbi est perché sur son « château souterrain », un véritable dédale de couloirs souterrains millénaires, sans doute creusés pour servir de refuge. Nous passons en fin d’après-midi par le manoir de la famille Wang, gigantesque ensemble bâti de l’époque Qing, que nous ne voyons que de l’extérieur, car on ferme tôt l’hiver.

 

Mercredi 17 : Nous quittons Pingyao le matin pour une longue route (175 km) vers l’ouest, via Fenyang et Lishi. Après Lishi, on chemine dans les collines de lœss enneigées, assez belles mais qui ralentissent l’allure car la route est sinueuse et imparfaitement déneigée. C’est seulement vers 13 heures que nous arrivons à Qikou, bourgade située sur la rive gauche du Fleuve jaune, qui marque ici la limite provinciale (en face, le Shaanxi). Le fleuve, limoneux, justifie sa couleur et charrie des glaçons. Qikou, qui remonte à l’époque Ming, offre quelques belles rues anciennes, intelligemment restaurées et l’affluence touristique y reste minimale. Nous y déjeunons agréablement dans une hôtellerie séculaire (Qikou Kezhan).

 

La vraie récompense d’une longue route vient l’après-midi, à quelques kilomètres au sud de Qikou, au village troglodytique de Lijiashan. Creusé à flanc de falaise dans le lœss ocre, au soleil de l’après-midi, cet ensemble n’offre aucune fausse note. Il n’est déparé d’aucune construction moderne et le tourisme l’a quasiment épargné. L’ensemble est superbe, encore rehaussé par la mince couche de neige,  et les villageois qui font la corvée d’eau font revivre une autre époque.

 

C’est à regret que nous devons prendre, peu après 16 heures, la longue route du retour. Une succession d’autoroutes nous ramène à Pékin  jeudi 18,  en 750 km environ, avec une succession de passages de plaine et de collines. Route facile au total, même si certains tronçons autoroutiers plus anciens (entre Taiyuan et Shijiazhuang) accusent déjà leur âge. A Wenshui, un hôtel un peu louche pour cadres en goguette nous offre un abri que nous ne dédaignons pas, trop heureux d’éviter une conduite nocturne toujours dangereuse.

 

Nous regagnons la capitale, heureux d’un périple de 1 885 km dans ce Shanxi qui a somme toute peu changé et qui offre toujours, à côté de ses plaines charbonnières, des montagnes spectaculaires et des temples vénérables. 

Publié dans Nouvelles de Pékin

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P
Shanxi est un peu moins visitée, mais les alentours de la ville de Datong sont superbes, notamment le monastère suspendu (magnifique) et les grottes de Yungang.
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D
<br /> <br /> Le temple suspendu et les grottes de Yungang sont très beaux en effet, à telle enseigne que nosu y sommes retournés les 5 et 6 septembre 2013, quelques jours après votre commentaire. Voir notre<br /> journal de ces deux journées.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
L
Et que vaut la province voisine de Shanxi, Shaanxi? Ont-elles les même paysages? Car certains guide dont le routard écrit que Shanxi est moins touristique.
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D
<br /> <br /> Les deux provinces ont des traits communs - l'aridité, les collines de loess caractéristiques de l'ouest de la Chine - et des différences. Au Shaanxi, c'est surtout Xi'an et sa région qui sont<br /> très visités par les touristes mais il est intéressant de remonter plus au nord si l'on a le temps, notamment pour visiter Yan'an, haut lieu du "tourisme rouge". Le Shaanxi, province montagneuse,<br /> présente de nombreux points d'intérêt (y compris au sud de la province, moins visité, voyezla page "journal du Henan et du Shanxi" de ce blog.<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Shanxi est une province celebre par charbon!!!<br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> C'est vrai, le Shanxi est connu pour son charbon. Sa capitale, Taiyuan, a même son musée du charbon. Et le charbon laisse sa marque sur les paysage. Mais réduire le Shanxi à son industrie serait<br /> réducteur. Il y a Wutaishan, l'une des montagnes sacrées du boudhisme, Datong, bien sûr avec ses grottes, il y a Pingyao et son histoire, il y a les collines de loess qui annoncent déjà la Chine<br /> de l'ouest, la muraille, bien sûr, qui traverse aussi les montagnes de la province, . Bref beaucoup à découvrir.<br /> <br /> <br /> <br />