Roller à Zhujiajiao

Publié le par Thibaut

Mon projet pour ce dimanche était de faire une boucle de plus de 100 km en roller vers le lac de Dianshanhu. Il se situe pour infotmation à presque deux tiers de la distance Shanghai-Suzhou. Je réalise quelques kilomètres après avoir dépasser l’un des périphériques que j’ai bêtement oublié de petit déjeuner. « Je m’arrêterai quand j’aurais faim », me dis-je. Trou dans la chaussée, banc de sable  barrant la route, sortie de chantier, graviers, voiture garée en travers de la voie, automobiliste ou scooter arrivant à contresens en klaxonnant, tricycle au chargement dangereux,  non respect des feux, passage en force sur les carrefours… la concentration requise est telle que l’on ne sent pas les kilomètres défiler.

 

Après 40 km, une forte douleur de malléole m’oblige à m’arrêter pour desserrer un patin. Le mal est fait, et j’envisage de chercher un bus pour rentrer à Shanghai. Arrivant à proximité du lac, je vois un panneau touristique mentionnant « Zhujiajiao Ancient Water Town ». Je me retrouve à devoir passer des ponts chinois au-dessus de canaux, présentant une pente très raide peu rassurante en descente. Quelques instants plus tard, je suis à l’entrée de cette cité lacustre dont j’ignorais l’existence. Je déchausse et me promène dans ce que les Chinois appellent « Shanghai Venice ». Une Venise de plus, me dis-je.

 

La cité aurait 1700 ans d’histoire. Les ponts aux allures typiquement chinoises qui permettent de traverser les canaux sont réputés fidèles à l’époque Ming. Les ponts, les canaux et les jonques aux allures de gondoles présentent bien quelques airs de Venise chinoise. Mais on est bien en Chine. Toutes les maisons semblent parfaitement neuves. Les rues n’offrent que des magasins à touristes qui vendent les mêmes souvenirs sans intérêt que l’on retrouve dans n’importe quelle « old city » chinoise. Des « Hello, want t-shirt ? » fusent de partout. Spécificité locale, j’ai eu le droit à un « Hello, want fish ? » La dame tenait des sacs plastiques avec des poissons rouges. J’ai alors eu une pensée pour ce pauvre Diogène.

 
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Un peu écœuré par l’odeur de la friture et de la barba papa omniprésente, je me contente d’une banane insuffisante pour rétablir ma glycémie après deux heures et 40 km de roller à jeun. Je décide de reprendre ma boucle malgré la douleur au pied. Malheureusement, après 20 km de détours pour trouver le pont qui permet de passer de l’autre côté du lac, j’atterris au même point et me résigne à rentrer par la même route qu’à l’aller. Ces détours sont l’occasion de profiter d’espaces encore non urbanisés (mais en chantier pour devenir « Pond Dreams »). Soudain, je crois rêver en me retrouvant à quelques centaines de mètres d’un porte-avion ! J’ai du mal à estimer son degré de miniaturisation à en juger par la dizaine d’avions de taille normale sur son pont. Je ne tarde pas à me faire stopper par un militaire en essayant de me rapprocher pour comprendre ce que fait ce bâtiment sur ce lac.


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Le retour sur Shanghai s’avère plus difficile que prévu. La paroi en carbone de mon chausson vibre à chaque imperfection de la route, soit autant de coups de marteau sur ma malléole enflammée. Le brouhaha de klaxons permanent me donne presque mal à la tête. Je ne supporte plus l’incivilité des usagers de la route. Au 80é kilomètre de ma promenade, je sens une baisse de motivation et une chute d’énergie rapide. Je connais ces signes, ils marquent le début de la fringale. Je n’ai plus de carburant dans le sang. Il n’y a rien à acheter si l’on ne veut pas s’éloigner de la nationale. Je ne veux pas m’arrêter car l’effort anesthésie la douleur au pied. Je me contente d’un carré de chocolat qui traînait dans mon sac.

 

A peine les bénéfices du carré de chocolat ressentis sur le moral, que la route se retrouve partiellement en construction. Je dois marcher en roller pendant près de 20 minutes sur un chantier poussiéreux où surgit de manière inattendue un clocher en ruine. Les véhicules me klaxonnent et m’envoient de la poussière, mais cela ne me fait plus aucun effet. Enfin la route reprend, et j’arrive au terme de randonnée 30-45 minutes plus tard. Mon GPS affiche 101 km en 4h35 de déplacement effectif. Je rentre satisfait sur le plan sportif et content de cette journée riche en surprises.


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Pour plus d’informations sur Zhujiajiao : http://www.travelchinaguide.com/attraction/shanghai/zhujiajiao.htm

Publié dans Nouvelles de Shanghai

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