Le lac de Zhenzhu, un cañon ferroviaire
En approchant de Pékin par le chemin de fer transmongolien, le 18 juillet, j’avais été un peu piqué au vif de découvrir une vallée d’accès à la capitale que je ne connaissais pas : un vrai cañon, inondé par les eaux vertes d’un lac de barrage, assez spectaculaire.
Après étude des cartes, j’y suis retourné par la route à deux reprises en août. Il s’agit du lac de Zhenzhu (« lac des perles », ainsi nommé car on y trouvait il y a quelques années des moules d’eau douce), formé par un barrage sur la rivière Yongding, à 80 km au nord-ouest de Pékin (alt. 375 m – le lac est bien signalé depuis la route G 109).
L’approche n’est pas si simple, car la petite route (12 km) s’arrête au barrage. Pour continuer sur le lac, il faut accepter de s’entasser avec les touristes sur un bateau. On peut aussi – et c’est ce que j’ai fait - marcher pendant 2,5 km sur un étroit sentier à flanc de falaise. Celle-ci étant abrupte, des passerelles suspendues ont été posées par endroits et on marche littéralement sur les eaux vertes.
Si aucune route ne longe le lac, deux voies ferrées l’encadrent, une sur chaque rive, avec de nombreux tunnels. Il s’agit en fait de la ligne Pékin-Zhangjiakou dédoublée à cause du relief : sur la rive droite, les trains vers Pékin, sur la rive gauche, ceux vers Zhangjiakou . Les rives du lac sont donc inaccessibles à part l’étroit sentier, mais le grondement des trains sortis des tunnels retentit toutes les quelques minutes.
Après 2,5 km de marche, on atteint le lieu-dit Panlongzhandao, en bordure du lac. L’endroit a sans doute été conçu pour accueillir les touristes, mais il a été abandonné et les cabines sont en ruines. Seuls le fréquentent quelques pêcheurs, qu’attire ce site sauvage et que ne rebute pas le passage des trains. Impossible d’aller plus loin, si ce n’est en bateau. Les collines environnantes, explorées en voiture, sont presque inhabitées : un quasi-désert aux postes de la capitale.
Pour rejoindre par la route le village de Xiangyangkou, à l’extrémité amont du lac, plusieurs itinéraires sont possibles. Du barrage, il faut prendre de très petites routes cimentées dans la montagne, en passant par le village de Jieshi, qui est assez plaisant : maisons restaurées mais pas encore exploitées par le tourisme, restes de slogans maoïstes. On travers une région de montagne boisée, reculée et presque déserte (risque de chutes de pierres en cas de gel ou de fortes pluies) avec un col (alt. 750 m) avant de descendre en lacets vers Xiangyangkou et le lac.
Xiangyangkou présente un intérêt limité mais, en dehors de la promenade en bateau, quelques pistes en partent qui permettent de s’enfoncer dans les montagnes. L’une d’elles, assez spectaculaire (à droite juste avant le pont de Xiangyangkou), permet de s’élever à flanc de falaise en surplomb du lac et des voies ferrées jusqu’au pont ferroviaire « en arc » jeté à travers la gorge. La piste est étroite à flanc de falaise et les croisements sont difficiles mais la vue à la verticale sur la gorge et les trains qui s’entrecroisent mérite le détour (4x4 préférable si le sol est boueux).
De Xiangyangkou, on peut poursuivre vers le nord-ouest en suivant la rive droite de la rivière Yongding – guère plus qu’un ruisseau bien qu’il s’agisse officiellement de la rivière de Pékin – et les deux voies ferrées Pékin – Zhangjiakou. Au village de Yanhecheng, une porte ancienne et un reste de fortifications. La muraille est toute proche au sud.
Au-delà, on peut regagner Pékin via Zhaitang et la route G 109 ou bien poursuivre encore vers Youzhou, au Hebei, et au-delà jusqu’au barrage de Guangting. Attention toutefois : sitôt la limite provinciale franchie, la large route goudronnée de la municipalité de Pékin fait place à une piste cimentée très étroite, à peine suffisante pour le passage d’un véhicule. La végétation griffe les portières et certaines portions sont particulièrement étroites, taillées dans le roc et bordées d’un parapet en surplomb de la rivière, avec des tunnels mal équarris. Le croisement y est impossible sauf aux emplacements prévus, à tel point que la circulation est interdite de nuit. La route est donc très lente mais belle dans cette vallée profonde et donne une impression d’aventure, jusqu’au barrage de Guangting où l’on retrouve soudain le lac de barrage éponyme, la plaine et la civilisation. De là, il est aisé de rejoindre l’autoroute G6 « Pékin Tibet » pour regagner Pékin au terme de quelque 280 km de route.
D'autres photos du lac et des villages voisins sont visibles à la fin de l'album Paimpol-Pekin-juillet-2011 .