Au tombeau du Prince Chun
Pendant plus d’un an, nous avons cherché un tombeau mystérieux, au nord-ouest de Pékin. Nous savions qu’il se trouvait à une quarantaine de kilomètres de la ville, au pied des collines de l’ouest et y étions allés bien des fois dans les années 90. Mais nous avions oublié son nom et sa localisation exacte et plusieurs tentatives étaient demeurées infructueuses, malgré les recherches sur Internet et les conseils des amis et collègues consultés sur le sujet. Il est vrai que j’avais gardé le souvenir inexact d’un tombeau remontant à la dynastie yuan (mongole), malgré l’invraisemblance du fait : les Yuan (Mongols) étaient des nomades qui n’enterraient pas leurs chefs comme le firent les dynasties suivantes.
C’est un séjour à Paris qui nous a permis de retrouver sa trace : dans un album de photos de 1998 : deux photos et le nom – en pinyin – du village voisin. C’était assez pour repartir sur la bonne piste. Ce matin, malgré un temps plus que maussade, nous l’avons retrouvé presque sans coup férir, perché sur son escalier.
Nous pouvions craindre le pire : une restauration de fond en comble, une clôture interdisant l’accès au site, ou les deux. Nous avons d’abord cru que tel était le cas en découvrant le pavillon de la stèle restauré à neuf.
Mais le reste du tombeau n’a subi que des rénovations limitées. Et, miracle, le site reste accessible bien que non ouvert aux visiteurs, de sorte que l’on peut s’y promener tranquille, ce qui n’est plus possible aux tombeaux Ming désormais clos.
Comme l ‘explique une plaque apposée sur le premier pavillon, ce tombeau est récent : construit en 1868 pour le Prince Chun alias Yi Xuan (1841-1890), septième fils de l’Empereur Daoguang. Sans doute est-il enterré avec des concubines, car la zone tumulaire comprend un tumulus principal et plusieurs autres plus petits.
Le tout est modeste comparé aux tombeaux Qing de l’est et de l’ouest, ses contemporains, mais construit sur le même principe et plein de charme. Comme ces tombeaux plus connus, il est adossé au flanc d’une montagne mais, contrairement à eux, il est orienté est-ouest.
En contournant le site par le talweg situé au sud, on parvient en contre haut, dans une forêt ou plusieurs vestiges donnent à penser que le site était aménagé et fréquenté à l’époque.
Le tombeau du Prince Chun est sans doute le dernier aux environs de Pékin dont on puisse profiter librement et qui ait gardé le charme d’une sépulture ensevelie sous l’herbe ; Pour combien de temps ?