Te Waipounamou : aux antipodes ou presque

Sandfly Beach sur la péninsule d'Otago, près de Dunedin

Abstract : we criss-crossed Te Waipounamou, New Zealand’s south island, for two weeks, from south to north and east to west. A prosperous countryside with manicured fields, thousands if not millions of sheeps and cows. Nine national parks with magnificent mountains, lakes, rivers and forests. Victorian cities and villages provide a nice Old England atmosphere. No wonder travellers from around the globe, many from France, travel from afar to admire and enjoy this beautiful island.

Queensland et le lac Wakatipu (photo 1) ; pont supendu sur la gorge de Hokitika (photo 2) ; rochers de Punakaiki sur la côte ouest (photo 3)

Nous avons visité en long et en large Te Waipounamou, « le lieu du jade », l’île sud de la Nouvelle Zélande, du 4 au 19 mars. Arrivés à Queenstown au bord du lac Wakatipu, nous avons gagné le sud-ouest puis la région des Catlins à l’extrême sud de l’île où nous avons retrouvé la pluie et les grands vents des quarantièmes rugissants que nous venions de quitter en Patagonie. Nous sommes ensuite remontés vers le nord-est en zigzags afin de découvrir cette île qui nous faisait rêver mais que nous ne connaissions pas : Dunedin, Oamaru, le lac Tekapo, Christchurch sur la côte est, puis Hokitika et Westport sur la côte ouest et enfin le nord de l’île autour de Nelson avant de nous embarquer pour Te Ika-a-Māui, l’île nord, après 2200 kilomètres de route. Nous avons loué une petite voiture pour ce trajet. Il n’aurait pas été raisonnable de faire venir notre voiture pour un séjour de quelques semaines.

Qu’en retenir ?

Une campagne opulente. Il y a certes des différences d’une région à l’autre du fait du relief et de la pluviosité. Certaines zones, autour de Queenstown notamment, sont arides et jaunes en cette fin de l’été austral. Ailleurs cependant, c’est un vert très irlandais qui domine car il pleut souvent et beaucoup. Les campagnes que nous avons traversées donnaient une impression d’opulence et d’ordre : des champs verts méticuleusement enclos, des troupeaux de bœufs et de moutons comptant des centaines de têtes, des cultures, des haies d’arbres taillées au cordeau, des pelouses et des bas-côtés de route soigneusement tondus. Ici rien n’est laissé au hasard. On peut s’étonner qu’une population aussi réduite, à peine 1,3 millions d’habitants dans l’île sud, puisse produire autant de lait, de viande et de laine. Peu de villages et de fermes isolées mais une campagne parfaitement tenue et une production importante.

Le lac Wakatipu (photos 1 et 2) ; le lac Te Anau (photos 3 et 4) ; le lac Pukaki (photo 5) ; le lac Pearson (photo 6) ; le lac Kaniere (photo 7)

Autour de Queenstown (photos 1 à 3) ; près du lac Te Anau (photo 4) ; aux gorges de Hokitika (photo 6) ; le creek Simonet dans le parc Abel Tasman (photo 7)

Le pont suspendu de Clifden (photo 2) ; la gorge de Hokitika (photos 3 et 4), le fleuve Pororari (photo 5) sur la côte ouest ; le fleuve Buller (photos 6 et 7) ; le fleuve Pelorus (photo 8)

Dans les Catlins à l'extrême-sud de l'île (photos 1 à 6) ; Tomahawk Beach, près de Dunedin (photos 7) ; au nord de Greymouth sur la côte ouest (photo 8) ; parc national Abel Tasman et Queen Charlotte Sound au nord de l'île (photos 9 et 10)

Une nature sauvage protégée. L’île du sud compte neuf parcs nationaux concentrés pour l’essentiel dans la chaîne des Alpes du sud, le long de la côte ouest. A cela s’ajoutent les réserves naturelles de plus petite taille. Sommets partiellement enneigés pendant l’été, forêts aux espèces souvent inconnues en Europe, rivières, gorges, lacs de toutes dimensions : Te Waipounamou offre une nature sauvage presque illimitée au visiteur assez persévérant pour l’explorer. Car les routes sont peu nombreuses dans les régions montagneuses, imposant des détours prolongés pour relier des régions voisines. Il faut rouler et marcher pour découvrir ces paysages spectaculaires. Les oiseaux représentent l’essentiel des animaux sauvages : il n’y avait quasiment aucun mammifère sur l’île à l’arrivée des Européens. Hors des parcs et des réserves, les forêts sont exploitées et les coupes de bois parfois impressionnantes.

A Invercargill (photos 1 et 2) ; à Dunedin (photos 3 à 6) ; à Oamaru (photo 7) ; à Christchurch (photos 8 à 10)

Tramways à Christchurch

So British ! Les villes, du moins celles qui n’ont pas été trop endommagées par des séismes, ont conservé un patrimoine architectural très britannique. A Dunedin, Oamaru, Christchurch, les édifices victoriens abondent. Ils datent pour la plupart du début du siècle dernier, quand la pierre a remplacé le bois. Les églises sont nombreuses, souvent néo-gothiques, traduisant la pluralité des confessions chrétiennes. A Christchurch, le tramway historique roule encore pour les touristes. Un très beau jardin botanique que nous avons visité sous la pluie : toute cette verdure n’est pas là par hasard. Cette ambiance de petites villes anglaises vaut surtout pour les centres des villes. A la périphérie, l’ambiance évoque plutôt les petites villes américaines.

La mémoire des deux guerres mondiales et surtout de la première est entretenue avec soin, rappelant le prix très lourd payé par la Nouvelle Zélande dans le cadre de l’ANZAC (Australia and New Zealand Army Corps) sur les champs de bataille de l’Empire ottoman, de France et de Belgique. Gallipoli, la Somme, Arras ou Paschendaele (en Belgique) restent de hauts lieux de l’histoire néo-zélandaise.

Détail des peintures rupestres de Takiroa (photo 1) ; à Queenstown (photo 2) ; les rochers sacrés de Castle Hill (photo 3) ; bloc de jade pour rendre hommage à la communauté maorie de Greymouth (photo 4) ; statues à Queenstown (photo 5) et Marahau (photo 6) ; portrait du Roi Tāwhiao Tūkaroto Matutaera Pōtatau Te Wherowhero par Gottfried Lindauer vers 1885 (photo 7), toiles contestant les ventes de terres maories et le traité de Waitangi (photos 8 et 9), Christchurch Art Gallery

Nous avons vu peu de Maoris et encore moins de Pasifika, les immigrés venus des îles du Pacifique, dans l’île sud ¹. Ils vivent plutôt à Auckland, de loin la plus grande ville du pays. Pourtant, les inscriptions officielles sont bilingues en anglais et maori (un peu comme le gaélique en Irlande) et des statues et monuments maoris ont été érigés un peu partout ces dernières années. Comme si Aotearoa Nouvelle Zélande (le nom officiel du pays) mettait les bouchées doubles pour honorer une communauté maorie plutôt déshéritée et refermer les blessures nées du traité de Waitangi ² et de la colonisation.

1: environ 134 000 Maoris vivaient dans l’île sud en 2023, contre plus de 750 000 dans l’île nord et 170 000 en Australie.

2: traité signé le 6 février 1840 entre les plénipotentiaires britanniques et des chefs maoris (pas tous), qui reconnaît la souveraineté de la Couronne britannique sur la Nouvelle-Zélande ; avec une concordance imparfaite entre les versions anglaise et maories, la validité du traité et sa portée font l’objet de nombreuses controverses.

A Queenstown (photos 1 et 2) ; le steamer centenaire Earnslaw sur le lac Wakatipu (photos 3 et 4) ; notre petite voiture de location sur les routes (photos 5 et 6)

Très belle, Te Waipounamou est aussi très visitée. Comme il n’y a quasiment pas d’autoroutes, les voitures et camping cars de location encombrent les routes les plus touristiques. Beaucoup de touristes chinois, allemands et francophones malgré la distance. Ce n’est pas une surprise : au début du premier confinement de la COVID 19, en mars 2020, quelque onze mille Français de passage se trouvèrent bloqués en Nouvelle Zélande. On entend beaucoup parler français sur les sites les plus connus.

Au jardin botanique de Christchurch (NB : diaporama ; laissez le temps de faire défiler les images.)

Aux antipodes ou presque de l’Europe ³, Te Waipounamou n’est pas la destination la plus dépaysante qui soit : elle n’est pas tropicale et son peuplement reste majoritairement européen, davantage que l’île nord. Mais elle offre une profusion de paysages magnifiques et une nature sauvage remarquablement préservée. Nous avons été partout accueillis avec une gentillesse constante. Tout cela justifie amplement le long voyage pour s’y rendre.

3: à quelque neuf cents kilomètres au sud-est de Dunedin, par 178° 45’E et 49° 45’S, se trouvent les îles Antipodes qui font partie des « iles sub-antarctiques » de la Nouvelle Zélande. Ces îles inhabitées se trouvent aux antipodes de Barfleur en Cotentin. C’est une toponymie très euro-centrée.

Notre voyage est entré depuis quelques jours dans une nouvelle phase : après nous être éloignés de l’Europe pendant des mois, nous commençons à nous en rapprocher.

Les fougères, omniprésentes, sont devenues l'emblème du pays (photos 1 et 2) ; la lune se lève à Arahura, sur la côte ouest (photo 3)

Nous continuons maintenant (19 mars) vers l’île nord. A suivre sur notre journal quotidien de voyage.

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