Journal autour du monde 2025 : 14 – Argentine et Chili, sud
Suite de : Journal autour du monde 2025 : 13 – Argentine et Chili, nord
304ème jour, 16 février, Puerto Guadal, Chili, – Perito Moreno 185 km
Nous arrivons au poste frontière de Río Jeinemini peu après 14 heures. Les formalités de sortie du Chili et d’entrée en Argentine sont faciles et ne durent que quelques minutes. Un nouveau permis d’importation nous est délivré pour la voiture. Aucun contrôle phyto-sanitaire alors que nous avions pris soin de manger nos fruits et légumes par crainte d’une confiscation.
Dernières vues du lac Général Carrera / Buenos Aires (photos 1 et 2) ; à Perito Moreno (photos 3 à 5)
Juste après Los Antiguos, première bourgade argentine, les conditions de route changent : il fait moins froid, la route est large, revêtue et d’excellente qualité, les montagnes font place à un paysage légèrement vallonné avec une végétation d’arbustes. Nous longeons le lac Buenos Aires, c’est son nom argentin, jusqu’à son extrémité orientale et faisons étape un peu plus loin dans la bourgade de Perito Moreno 1 (70° 56’O, 46° 35’S).
1: dans la province de Santa Cruz ; ne pas confondre cette bourgade avec le parc national de Perito Moreno, plus au sud (autour du point 72° 15’O, 48° 15’S), ni avec le glacier très connu de Perito Moreno, encore plus au sud, dans le parc national des Glaciers (73°O, 50° 30’S).
305ème au 307ème jours, 17 au 19 février, Perito Moreno – El Chaltén et séjour à El Chalten, 673 km
La journée du 17 février commence par la réparation d’une double crevaison au pneu arrière gauche constatée hier soir. Comme le 27 octobre au Costa Rica, nous avons eu la chance de trouver notre pneu crevé devant la porte d’un garage.
Nous reprenons ensuite la route 40 que nous avions laissée le 31 janvier à Mendoza. Elle est large, goudronnée et d’excellente qualité au début et à la fin, plus médiocre au milieu de l’étape. Nous traversons une vaste région vallonnée presque déserte avec une végétation d’arbustes à perte de vue . C’est une steppe avec un peu d’élevage extensif : vaches, chevaux, des centaines de camélidés, vigognes ou ganaques, quelques flamants roses et, pour la première fois du voyage, quelques nandous.
Après un déjeuner en plein vent des quarantièmes rugissants, nous passons en bordure d’une zone humide (Estancia La Lucha) et gagnons la bourgade de Gobernador Gregores (70° 15’O, 48° 45’S) où nous passons la nuit. Aucun charme et c’est un détour mais c’est l’occasion de faire le plein de carburant et quelques courses qui n’auraient pas été possibles ailleurs.
Nous poursuivons sur la route 40 le 18 février. La région est déserte : aucun village, nous croisons une première voiture après cinquante kilomètres. Nombreux ganaques, deux nandous. A partir du kilomètre 61, une portion de route non revêtue pendant 74 kilomètres. Le reste est revêtu et en très bon état.Le seul village traversé est Tres Lagos, après 178 kilomètres de route.
Les sommets enneigés des Andes apparaissent bientôt vers l‘ouest, dont le Mont Fitz-Roy avec sa forme bien reconnaissable. Nous quittons la route 40 36 kilomètres plus loin, longeons le lac Viedma et arrivons à El Chaltén (72° 53’O, 49° 20’S, alt. 450 m) vers 14 heures. C’est un gros village très touristique qui attire les randonneurs et les montagnards argentins et étrangers. Une rue Antoine de Saint Exupéry et une rue Lionel Terray. On parle beaucoup français dans les rues, sans doute à cause des vacances d’hiver en France.
Nous séjournons à El Chaltén le 18 février après-midi et le 19 et faisons deux excursions dans le Parc national des glaciers :
- montée au belvédère de la Torre, à l’ouest du village ; c’est une montée de trois kilomètres et 250 mètres de dénivelé à peu près ; belles vues sur la rivière Fitz-Roy puis sur le massif du Cerro Torre (alt. 3102 m), lequel est cependant en partie caché par les nuages de l’après-midi , et sur le Cerro Solo (alt. 2100 m) ;
Le massif du Fitz-Roy (photos 2 à 4) ; le lac et le glacier de Piedras Brancas (photos 6 et 7) ; le lac Capri (photo 8)
- montée au belvédère Fitz-Roy, puis au belvédère de Piedras Brancas et retour par le lac Capri ; un peu plus de dix kilomètres dans chaque sens et 350 mètres de dénivelé net ; le très beau temps permet de bien voir le massif du Fitz-Roy avec toutes ses aiguilles (Mermoz, Guillaumet, etc.), le glacier de Piedras Brancas et le lac Capri ; c’est une très belle marche ; à noter tout de même le vent fort par moments et la grande affluence.
308ème et 309ème jours, 20 et 21 février, El Chalten – El Calafate puis excursion au glacier Perito Moreno et au lac Roca, 407 km
Le 20 février, nous regagnons la route 40 par la route prise l’avant-veille et suivons celle-ci pendant 94 kilomètres. Nous contournons le lac Viedma par le sud et longeons la rivière La Leóna jusqu’à son embouchure dans le lac Argentino. La route 40 coupe le 50ème parallèle. Nous arrivons à El Calafate (72° 16’O, 50° 21’S) vers 13 h 30. A notre soulagement, nous y trouvons du carburant.
El Calafate : le parc Belgrano (photo 1) ; monument à Darwin (photo 2) ; la réserve du lac Nunez (photo 3)
C’est une petite ville très touristique, qui accueille les foules de visiteurs du parc des glaciers. Ses avenues plantées d’arbres, ses deux parcs et sa petite réserve naturelle du lac Nunez la rendent cependant assez agréable après les étendues steppiques traversées sur la route.
Le 21 février matin, nous nous rendons au glacier Perito Moreno, dans le parc des glaciers, à 80 kilomètres à l’ouest de El Calafate par une très bonne route. Ce glacier qui aboutit au lac Argentino est grandiose, à la hauteur de sa réputation. Bien que nous soyons en plein été, les premiers feuillages d’automne sont déjà là. L’affluence touristique y est considérable mais décroît quand on s’éloigne de la partie centrale du site. Nous y reviendrons dans un article séparé.
L’après-midi, la route 60 et la route 15 nous conduisent au lac Roca après avoir contourné la partie du lac Argentino nommée Brazo Rico. Le lac Roca fait aussi partie du parc national des glaciers mais reçoit beaucoup moins de visiteurs que le glacier. Les routes pour s’y rendre sont empierrées, assez cahoteuses. Les vues sur le lac récompensent cet effort.
A l'ouest de Rio Gallegos : monument à tous les motards et voyageurs du monde, inauguré en décembre 2024 (photo 5)
310ème au 312ème jours, 22 au 24 février, El Calafate – Ushuaia, 925 km
Le 22 février, nous retrouvons la route 40 là où nous l’avions laissée deux jours plus tôt et la prenons vers le sud-est. A nouveau de grandes solitudes avec peu de reliefs. Un seul village aperçu, Esperanza, à mi-étape. Nous arrivons à Rio Gallegos (69° 13’O, 51° 37’S) peu après 12 heures 30.
Rio Gallegos : le musée des pionniers (photos 1 et 2) ; le musée ferroviaire et les vieilles locomotives (photos 3 et 4) ; le port fluvial (photos 5 et 6) ; fresque d'Alfredo Segatori (2016) représentant un Indien Tehuelche et un immigrant (photo 7) ; le monument aux pilotes tués en action (photo 8) ;la poste (photo 9) ; la cathédrale (photo 10)
Ce port d’estuaire, à 25 kilomètres de l’Atlantique, a dû sa prospérité au commerce du charbon, de la laine et de la viande. L’activité semble réduite aujourd’hui, la ville ne respire pas l'opulence. De nombreux immigrants, britanniques notamment, se sont installés dans la région et ont fondé des estancias (domaines agricoles). Nous visitons le musée des pionniers, installé dans une petite maison ancienne, la Casa Parisi. Non loin de là, quelques carcasses de locomotives à vapeur rappellent le chemin de fer qui reliait jadis Rio Gallegos à Puerto Natales, au Chili. Un monument aux pilotes de chasse morts en action aux Malouines avec un Mirage 5 Mara de l’Armée de l’air argentine. Une petite cathédrale inaugurée en 1900.
Le 23 février, nous abandonnons la route 40 qui se termine au cap Virgenes, sur l’Atlantique. Nous prenons la route nationale 3, qui relie Buenos Aires à Ushuaia. A 8 heures 55, 63 kilomètres plus loin, nous arrivons à la frontière et entrons au Chili. Les formalités de sortie et d’entrée durent une heure au total. Il n’y a pas de régime de faveur pour les nombreux voyageurs qui ne font que traverser brièvement le territoire chilien. Un nouveau permis d’importation nous est délivré pour la voiture comme si nous entrions au Chili pour plusieurs jours ou plusieurs semaines.
Nous suivons brièvement la « route du bout du monde » (sic) en direction de Punta Arenas puis bifurquons vers le sud-est. Nous arrivons vers 10 heures 40 à Punta Delgada (69° 33'O, 52° 27S), sur la rive nord du détroit de Magellan qui ne mesure ici que cinq kilomètres de large ; c’est sa portion la plus étroite, entre Punta Delgada et Bahía Azul. Nous la traversons en bac et passons ainsi du continent à la partie chilienne de la Terre de feu.
La route chilienne (257 CH) est d’excellente qualité. Nous retrouvons en Terre de feu les paysages de steppe du continent. Des moutons et des ganaques en nombre, quelques vaches seulement. Une seule agglomération digne de ce nom, Cerro Sombrero où ne nous arrêtons pas.
La frontière à San Sebastián (photos 1 et 2) ; la côte atlantique près de San San Sebastián (photo 3) ; crucifix à Rio Grande (photos 4 et 5) ; les vents sont si forts qu'il est amarré avec des haubans ; le chateau d'eau de Rio Grande, emblématique de la ville (photo 6)
Nous arrivons à la frontière vers 14 heures 30. Les formalités de sortie du Chili et d’entrée en Argentine prennent à nouveau près d’une heure. Un troisième et dernier permis d’importation nous est délivré par la douane argentine. Nous retrouvons juste après la côte atlantique que nous suivons vers le sud-est. Nous arrivons peu avant 17 heures à Rio Grande (67° 43’O, 53° 47’S). C’est une petite ville côtière sans grand charme.
Entre Rio Grande et Tolhuin (photos 1 à 3) ; le lac Fagnano (photos 4 et 5) ; le lac Escondito (photo 6) ; les Andes fuégiennes (photos 7 et 8)
Au départ de Rio Grande, le 24 février, nous longeons la côte sur 45 kilomètres. La route 3 oblique ensuite vers l’intérieur. La forêt, que nous n’avions pas vue depuis le parc des glaciers, fait son apparition. Après Tolhuin, seule localité sur la route, nous longeons le lac Fagnano puis le lac Escondito et franchissons la chaîne des Andes fuégiennes au col Garibaldi (alt. 450 m). A nouveau des paysages de montagne malgré la faible altitude.
Arrivée à Ushuaia (photo 1) ; le chenal de Beagle (photo 2) ; la montagne au nord-est de la ville (photo 3)
En descendant, nous découvrons le chenal de Beagle qui relie l’Atlantique au Pacifique et arrivons à Ushuaia (68° 17’O, 54° 48’S) vers 15 heures 40. Il fait 7° C et il tombe une pluie froide. On aperçoit à peine l’île chilienne de Navarino, en face d’Ushuaia. Alors que nous sommes en plein été, il neige cet après-midi sur les collines voisines. Cette arrivée est un moment symbolique pour nous après cette longue route mais pas vraiment agréable avec ce temps.
313ème au 316ème jours, 25 au 28 février, séjour à Ushuaia et excursions aux alentours, 97 km
Nous avions prévu quatre jours à Ushuaia pour les formalités d’expédition de la voiture. Celles-ci se réduisent finalement à l’établissement d’une procuration notariée à notre transitaire, qui se chargera du reste. La voiture partira pour le Havre via Buenos Aires en conteneur mi-mars.
La ville ne présente guère de sites intéressants hormis quelques petits musées. Les boutiques de souvenirs destinés aux nombreux croisiéristes exploitent sous toutes leurs formes les thématiques du bout du monde (« fin del mundo »), de l’Antarctique, car Ushuaia est le point de départ de la majorité des croisières antarctiques, et même du préside qui a existé ici de 1902 à 1947.
Nous mettons notre temps libre à profit pour plusieurs excursions à proximité :
- à deux reprises sur la côte vers l’est jusqu’à la petite réserve naturelle de Playa Larga. Belles vues sur la ville et le chenal de Beagle malgré les nuages et la pluie ;
- sur la côte vers l’ouest à partir de Playa Susana ; à nouveau de belles vues sur le chenal et les montagnes enneigées ;
- vers le glacier Martial au nord-ouest de la ville ; ce glacier, qui porte le nom d’un officier de marine français qui dirigea une expédition scientifique en 1882 et 1883, n’en est pas vraiment un, plutôt une série de névés ; l’agrément de la marche est un peu gâché par les travaux de construction d’une piste de ski.
Le 28 février, nous nous installons dans un hôtel plus central et remettons la voiture au transitaire qui la gare sans plus de façons dans la rue, près de son bureau. Pourvu qu’il ne lui arrive rien de fâcheux..
317ème jour, 1er mars, Ushuaia – Punta Arenas, Chili, environ 628 km en autocar
Un long trajet en autocar nous conduit à Punta Arenas, au Chili. D’autant plus long que le car ne passe pas par Porvenir. Il quitte la Terre de feu à son extrémité nord, ce qui ajoute près de 200 kilomètres. Nous partons à 8 heures 30. Nous rentrons au Chili par le même poste frontière de San Sebastián déjà utilisé le 23 février. Les formalités sont plus simples puisque nous n’avons plus de voiture mais prennent tout de même une heure et demie. Nous quittons la Terre de feu par le bac de Bahía Azul, le même que le 23 février, ce qui prend à nouveau une heure et demie. Nous longeons ensuite la rive occidentale du détroit de Magellan, très plate, qui est nouvelle pour nous. Des vaches, des moutons, des ganaques et quelques nandous, alors que nous n’avions vu aucun nandou en Terre de feu. Nous arrivons à Punta Arenas (70° 54’O, 53° 10’) vers 19 heures.
318ème jour, 2 mars, Punta Arenas – Santiago du Chili en avion
Longue promenade dans Puta Arenas, avec heureusement un temps doux et sans vent. Peu de touristes comparé à Ushuaia. Place d’armes avec de très beaux arbres, une statue de Magellan et plusieurs édifices du début du siècle dernier. Grand cimetières municipal avec des tombes imposantes, d’autres plus modestes et un monument « à l’Indien inconnu ». Promenade en fin de mer avec plusieurs monuments dont un qui commémore la prise de possession du détroit de Magellan par la goélette Ancud en 1843. Un autre commémore le sauvetage de 22 marins de l’expédition Shackleton en 1916.
Nous gagnons l’aéroport en milieu d’après-midi. C’est l’un des quelques aéroports d’où des vols partent et arrivent de l’Antarctique. Nous gagnons l’aéroport en milieu d’après-midi. C’est l’un des quelques aéroports d’où des vols partent et arrivent de l’Antarctique. Un vol Latam nous transporte en 3 heures 25 à Santiago où nous arrivons vers 22 heures.