Sur les routes d’Amérique centrale
La plage de Red Frog sur l'île de Bastimientos, Panama (photo 1) ; le volcan Concepción sur l'île d'Ometepe au Nicaragua (photo 2)
Abstract : From September 22 to November 5, we traveled by car across six Central American countries : Guatemala, El Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica and Panama. Despite the rainy season and six border crossings – a time consuming activity when traveling with a vehicle – everything went well. Mountains and volcanos, mangroves and altitude forests, white and black beaches, charming colonial towns, Central America has them all. Driving a car takes time but provides precious flexibility to independent travellers.
Venant de l’est du Mexique, nous sommes entrés au Guatemala le 22 septembre. Nous avons ensuite traversé le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica et le Panama dont nous avons atteint la capitale le 5 novembre. Nous avons donc parcouru tous les pays d’Amérique centrale à l’exception du Bélize que nous avons frôlé à son extrême sud.
Tout s’est finalement bien passé moyennant les contraintes inévitables d’un voyage routier de 4 800 kilomètres dans des pays en développement. Nous avons trouvé quelques bonnes routes dont la route panaméricaine sur l’essentiel de son tracé. Mais aussi de très mauvaises routes pleines de trous et des pistes qui ont éprouvé notre patience et les pneus de la voiture. L’Amérique centrale est montagneuse, les routes ne comportent presque pas d’ouvrages d’art, viaducs ou tunnels. Elles serpentent à l’infini et comportent des montées et des descentes très raides. On y roule lentement, la sécurité est à ce prix. Le conducteur qui voudrait accélérer serait bientôt rappelé à l’ordre par les tumulos et autres reductores, ces ralentisseurs qui se comptent par milliers, surtout au Guatemala.
Les passages de frontières avec notre voiture ont pris du temps – de une heure trente à plus de trois heures, le Nicaragua étant le plus bureaucratique - avec un cérémonial qui s’est répété à chaque fois : contrôle des passeports, annulation du permis d’importation de la voiture du pays que l’on quitte, délivrance d’un nouveau permis dans le pays où l’on entre - mais n’ont pas posé de difficultés sérieuses. Des contrôles de police assez fréquents sur les routes, sans tracasseries ni tentatives d’extorsion.
Carte du Honduras sur le site français de conseils aux voyageurs (photo 1) ; bureaux de la police du Panama (photo 2) ; la photo 3 relate une opération policière du 3 novembre (source : http://www.policia.gob.pa/).
Le risque de vol ou d’agression nous inquiétait un peu car les sites de conseils aux voyageurs sur la région ne sont guère rassurants. Tout s’est bien passé au prix de précautions simples : pas ou très peu de sorties le soir sachant que la nuit tombe à 18 heures 20 au Panama et vers 17 heures 30 dans les autres pays, transit très court au Honduras qui a mauvaise réputation sans passage par Tegucigalpa, peu de temps passé dans les capitales des autres pays.
Nous étions en saison des pluies, celle-ci durant de mai à novembre. Il a plu en effet, surtout début novembre, nous avons dû parfois renoncer à des excursions et nous confiner à l’intérieur. Voyager en basse saison présente cependant de réels avantages : hébergements faciles à trouver, sites archéologiques et plages peu fréquentées. Échapper au surtourisme est loin d’être négligeable. Et nous avons vu beaucoup de belles choses :
Le volcan Agua (photo 1), les volcans Agua et Pacaya au Guatemala (photo 2), le cratère du volcan Santa Ana au Salvador (photo 3),le volcan Momotombo au Nicaragua (photo 4), le volcan Arenal au Costa Rica (photo 5), le volcan Barú au Panama (photo 6)
Le lac Petén Itzá (photo 1), le lac Atitlán (photo 2) et le lac lac Amatitlán (photo 3) au Guatemala, le lac Apoyo (photo 4) au Nicaragua
- des montagnes et des volcans ; un peu moins peut-être que nous l’aurions souhaité à cause du mauvais temps et de l’interdiction fréquente de faire l’ascension des volcans « pour des raisons de sécurité », même lorsque le volcan en question sommeille depuis vingt ou trente ans ; nous avons tout de même pu gravir le volcan actif Santa Ana au Salvador et de quelques volcans éteints ; nous avons admiré les autres volcans à distance, selon le proverbe autrichien : « que la montagne est belle, vue d’en-bas » ; ces pays volcaniques offrent des lacs spectaculaires : le lac Atitlán au Guatemala (voir notre article), les grands lacs du Nicaragua en particulier ;
Les forêts et quelques uns de leurs habitants (NB : diaporama, laissez le temps de faire défiler les images)
- des forêts remarquables, depuis les mangroves côtières jusqu’aux « forêts nuageuses » d’altitude ; nous avons été servis car tous les pays traversés ont créé de nombreux parcs nationaux auxquels s’ajoutent des réserves naturelles privées ; nous avons marché sur de beaux chemins en pleine forêt à diverses altitudes ; nous avons vu quelques animaux – rongeurs, lézards, papillons, oiseaux – mais pas de crocodiles malheureusement, bien que de nombreux panneaux mettent en garde à leur sujet ; la diversité des écosystèmes dans la jungle nous a émerveillés à chaque fois bien que nous l’ayons déjà observée sur d’autres continents ; l’Amérique centrale est une région de prédilection pour le botaniste, l’ornithologue, l’entomologiste ou simplement le voyageur curieux de la nature ;
- à côté ou en contrebas des forêts, des cultures de toutes sortes, surtout sur les pentes de volcans ; des zones d’élevage en plaine comme en montagne ; de vastes plantations de bananes au Costa Rica et au Panama ; des plantations de café sur les hauteurs ;
- des plages de toutes dimensions, de la micro-plage de quelques mètres au sable à perte de vue, de toutes les couleurs du blanc au noir volcanique, sur la côte Pacifique comme sur la côte Caraïbe ; quelques plages nous ont un peu déçus par leur environnement trop urbain ou leurs déchets de plastique, beaucoup nous ont comblés par leur solitude et le spectacle des grandes vagues dont nous ne nous lassons pas, ceci sur les deux côtes ; guère de baignade possible à cause des vagues et des courants mais ceci a aussi de réels avantages en limitant les constructions et la fréquentation ;
- des sites précolombiens de premier ordre, principalement des sites mayas mais aussi quelques autres ; voyez notre article sur le sujet, notre journal du 5 octobre, notre journal du 24 octobre et celui du 3 novembre ;
Flores (photo 1) et Esquipulas (photo 2) au Guatemala, Santa Ana (photo 3) et Juayúa (photo 4) au Salvador, Léon (photo 5) et Granada (photos 6 à 8) au Nicaragua
- des petites villes coloniales pleines de charme : Antigua, ancienne capitale du Guatemala, était sans doute la plus remarquable et la plus visitée (voyez notre article) ; nous avons aussi aimé Flores et Esquipulas au Guatemala, Léon et Granada au Nicaragua ; nous avons visité les ruines d'une ancienne ville coloniale, Léon Viejo ; pas de villes coloniales cependant au Costa Rica ni au Panama, plus de ces églises baroques auxquelles nous étions si habitués ; les colonisateurs espagnols étaient moins implantés dans cette partie de leur empire, les éruptions volcaniques et les séismes à répétition ont fait beaucoup de dégâts jusqu’au 20ème siècle.
Dans les six pays visités, nous avons reçu un accueil chaleureux et de l’aide quand nous en avons eu besoin. Ceci malgré notre connaissance très limitée de l’espagnol et une pratique locale de l’anglais assez rare, même dans les régions touristiques . Nous avons pu mesurer les différences importantes d’un pays et d’une région à l’autre, avec une identité afro-caribéenne marquée sur la côte Atlantique. Les cultures anciennes, notamment la culture maya, nous ont paru très vivaces au Guatemala, moins apparentes plus à l’est.
Arrivés à Panama, nous souhaitons poursuivre notre périple vers l’Amérique du sud. Ce n’est pas si simple car la route panaméricaine, notre fil d’Ariane depuis des milliers de kilomètres, s’interrompt un peu plus à l’est dans la jungle du Darien. Aucune route ne relie le Panama à la Colombie voisine, l’Amérique centrale à l’Amérique du sud. Nous allons devoir prendre l’avion, notre voiture partira bientôt du port de Colón, au Panama, pour Carthagène des Indes en Colombie. C’est ce que font tous les voyageurs entre les Amériques. Nous vous raconterons.
#adm888
Voyez aussi les deux articles précédents et notre journal quotidien de voyage, au Guatemala, au Salvador et au Honduras puis au Nicaragua, au Costa Rica et au Panama.