Journal autour du monde 2024 : 10 – Colombie – Equateur
Suite de : Journal autour du monde 2024 : 09 – Nicaragua, Costa Rica, Panama
211ème au 214ème jours, 15 au 18 novembre, Panama – Carthagène des Indes, Colombie, et premier séjour à Carthagène
Il y a onze mois, nous visitions Carthagène en Espagne et ses ruines romaines (voir journal, 7 décembre 2023). Ce matin 15 novembre, un vol de 52 minutes me conduit de Panama à Carthagène des Indes, sur la côte caraïbe de la Colombie. Depuis plusieurs jours, je recevais sur mon téléphone des publicités pour des visites à Carthagène en Espagne. Google n’avait pas tout à fait intégré la distinction. La confusion n’a pas duré, j’ai reçu des publicités colombiennes dès mon arrivée.
Je m’installe dans une petite rue du quartier historique de Getsemani (75° 33’O, 10° 25’N – c’est plus à l’est que Washington D.C. d’où j’étais parti en mai) et commence démarches et visites.
Les démarches préliminaires sont vite faites : une visite au transitaire et l’authentification d’une procuration chez un notaire. Les autres devront attendre l’arrivée du cargo et le déchargement du conteneur.
J’ai donc du temps pour visiter la ville; voyez notre article. Et pour retrouver avec bonheur un oncle et des cousins établis ici.
La lagune de Ciénaga (photo 1, Tripadvisor), la plage (photos 2 et 3) et le port (photo 4) de Santa Marta
215ème au 219ème jours, 19 au 23 novembre, excursion à Santa Marta
Le 19 novembre, un minibus me conduit à Santa Marta, ville portuaire à 220 km de route au nord-est de Carthagène. Le trajet prend 5 heures 30. Après Barranquilla, grande ville industrielle, la route emprunte une étroite langue de terre entre la mer et des marais. On aperçoit très brièvement la vaste lagune de Ciénaga. Je m'installe à Santa Marta devant la plage (74° 13'O, 11° 15'N).
Le 20 novembre, je gagne le lieu-dit El Zaino, 30 kilomètres à l’est de Santa Marta, et marche dans le parc national de Tayrona jusqu’au cap San Juan del Guía (73° 58’O, 11° 20’N).
Le 21, je me rends au village de demi-altitude de Minca et m’élève à pied jusqu’au point 74° 6’ O, 11° 8’N, alt. environ 1000 m.
Le 22 novembre, je visite le centre historique de Santa Marta et le Musée de l’or. Sur ces trois jours de visites, voyez l'article précité.
Le Crystal Arrow (photo 1, Kenro Oshita 2020, Marine Traffic) ; le terminal de conteneurs de l'île de Manga (photo 2)
Le 22 novembre à 21 heures 35, le porte-conteneurs Crystal Arrow de l’armement chinois COSCO qui transporte notre voiture accoste à Carthagène. Il décharge ses conteneurs et appareille le lendemain midi.
Le 23, je regagne Carthagène après un court arrêt à Barranquilla. Je retrouve mon hôtel et ma chambre à Getsemani.
220ème au 223ème jours, 24 au 27 novembre, second séjour à Carthagène, 3 km
Le 25 novembre au matin, les deux conteneurs arrivés de Colón sont ouverts au terminal de l’île de Manga. Les quatre véhicules en sont extraits et stockés sur un parking. L’autorisation d’importation est accordée par la douane le 26. Nos voitures sortent du port le 27 à midi. Ce dédouanement s’est passé sans encombres avec deux transitaires, à Panama et ici, très professionnels.
Je déménage pour une nuit sur l’île de Manga car mon hôtel de Getsemani est complet.
224ème au 226ème jours, 28 au 30 novembre, Carthagène – Medellín, 713 km
Le 28 novembre, je rends une dernière visite à mon oncle et à mon cousin puis prends la route à 9 heures 50. Ainsi commence ce long voyage vers le sud. La sortie de Carthagène est lente et chargée. Je prends la route 90B, plus rapide et plus proche de la côte, évitant les petites villes de l’intérieur, Turbaco et Arjona. C’est une bonne route, à péage, à quatre puis deux voies. La plaine littorale est consacrée à l’agriculture – maïs, palmiers à huile, bananeraies – et à l’élevage.
A San Onofre, je bifurque vers l’ouest en direction de Berrugas, puis vers le nord-ouest. Je rejoins la côte après 134 kilomètres de route au village de Rincón del Mar (« le coin de la mer », dans le département de Sucre, 75° 38’O, 9° 46’N, voir l’article précité) et loge à l’auberge Rincón del Frances (« le coin du Français »), sur la plage. Le Français en question n’est autre que mon cousin quitté ce matin, toujours aussi accueillant.
Le 29, je rejoins San Onofre et continue vers le sud par les routes 90 puis 25 via Sincelejo, Chinú, Sahagún et Planeta Rica, où je déjeune à l’ombre du sapin de Noël ou de ce qui en tient lieu (photo 5 ci-dessus). A partir de Sincelejo, la route quitte la plaine littorale pour de petites collines. La route est plus sinueuse et lente avec beaucoup de camions. Région d’élevage bovin avec de grandes exploitations.
Je fais étape à Caucasia (75° 12’O, 7° 59’N, alt. 150 m), petite ville de la province d’Antioquia, au bord de la Cauca, l'un des principaux affluents du fleuve Magdalena. Grosse rivière avec un courant rapide et des eaux limoneuses. Centre commerçant très animé pendant la journée mais les commerces ferment tôt.
Petit déjeuner à Caucasia (photo 1) ; la vallée de la Cauca (photos 2 à 4) jusqu'à Puerto Valdivia (photo 5) ; les premières montagnes (photo 6) ; Yarumal (photo 7)
Petit déjeuner insolite le 30 novembre : à une table d’hôtes avec la délégation d’une organisation indigène qui a passé la nuit à l’hôtel. A 8 heures 40 je reprends la route qui remonte la vallée de la Cauca pendant 105 km avec toujours de grandes fermes d’élevage. Au village de Puerto Valdivia, la route quitte la rivière et la montée vers les montagnes commence. Elle est très lente sur une route sinueuse de 60 kilomètres, avec beaucoup de trous, des creux de plusieurs mètres lors du passage de failles géologiques et des centaines de camions dans les deux sens. Plusieurs cols dont un à 2300 m avant Yarumal où je passe vers 13 heures. La lumière et la relative fraîcheur des montagnes font du bien après plusieurs semaines dans la chaleur lourde et humide des plaines littorales.
Monument du Bienheureux Mariano de Jesús Euse Hoyos, 1845-1926, natif de Yarumal (photo 1) ; Loc Cristos, lieu de pèlerinage et cascade près de Santa Rosa de Osos (photo 2), près de Santa Rosa (photo 3)
La route est un peu meilleure dans la région montagneuse qui suit, avec de belles vues. Elle reste chargée et lente. J’arrive dans les premières banlieues de Medellín vers 16 heures. Il me reste 36 kilomètres d’autoroutes urbaines et plus d’une heure d’embouteillages pour trouver le quartier résidentiel de Poblado (75° 35’O, 6° 11’N, alt. 1495 m) où je m’installe. C’est une entrée en ville éprouvante, je suis soulagé d’arriver.
Retour en arrière : le 30 novembre 2023, nous quittions notre village de Revest du Bion dans le brouillard pour le Sénégal (voir le début de ce journal). Le plus long de nos voyages commençait. Nous n’avons certes pas voyagé pendant un an : 225 jours seulement compte tenu des pauses nécessaires et appréciées en France. C’est un bon début.
Quartiers centraux (photos 1 et 2) et quartiers périphériques (photos 3 et 4) de Medellín ; le Metrocable (photo 5, groupe Poma) ; autobus électrique (photo 6)
227ème jour, 1er décembre, Medellín
Medellín est construite dans une vallée orientée nord-sud. Le manque de place a conduit à construire des tours. Comme les favelas de Rio de Janeiro, les quartiers populaires montent en forte pente au flanc des montagnes. Depuis 2004, la ville s’est dotée d’un réseau de téléphériques de transport urbain, Metrocable, construit par la société française Poma, bien connue des skieurs. Six lignes sont aujourd’hui en service dont une a connu un accident fin juin.
Je profite de la fermeture partielle d’une grande avenue (carrera 43a) aux voitures le dimanche matin pour gagner le centre de Medellín à pied. 8,5 km au milieu des marcheurs, des coureurs et de leurs animaux favoris. C’est une marche plutôt agréable, sauf dans un quartier déshérité proche du centre où je presse le pas.
Basilique Notre Dame de Candelaria (photo 2) ; palais de la culture Rafael Uribe Uribe (photo 3) ; l'hôtel Nutibara inauguré en 1945 (photo 4)
Le centre historique est très animé : le Parque Berrio, le palais de la culture Rafael Uribe Uribe, ancien palais du gouverneur, la place Nutibara et la place aux 23 sculptures offertes par le peintre et sculpteur Fernando Botero (1932 – 2023).
Fresque allégorique de Gómez représentant la Colombie (photo 1) ; Botero, "tête du Christ" (photo 2), "Pablo Escobar mort" (photo 3) ; sculptures précolombiennes (photos 4 et 5) ; Dos Caminos et La Captura de Juan Genovés, 1969 (photo 6), Bande d'usuriers dévorés par des panthères noires, partie d'un tryptique de Fernando Grillón, 1972 (photo 7) : l'assassinat, Rafael Sáenz, 1953 (photo 8)
On retrouve Botero au musée d’Antioquia car il a fait don au musée de plus de cent œuvres, toiles et sculptures. Le reste du musée est très varié et intéressant aussi, de l’art précolombien à l’art contemporain, souvent assez militant dans le genre anticolonial. A noter aussi, les grandes fresques de Pedro Nel Gómez (1899-1984) sur la Colombie. Les conflits anciens ou récents et leurs violences sans nombre inspirent beaucoup des œuvres. On sent une ville et une société profondément marquées.
Casa de la Memoria (photos 1 et 2) ; L'exode paysan de Pedro Nel Gómez, 1950 (photo 3) ; un hommage à la vie (photo 4)
C’est encore plus vrai et plus poignant au musée Casa de la Memoria que je visite l’après-midi. Un bâtiment gris-noir aux allures de blockhaus est dédié à la lutte contre l’oubli et l’impunité de tous les crimes commis par les forces de l’ordre, les paramilitaires, les groupes armés et le crime organisé. Nous avions vu des appels de ce genre dans les pays précédents mais c’est à une autre échelle ici. Pourtant, ce musée où la mort et la souffrance sont partout se veut "un lieu de mémoire, un hommage à la vie".
Faubourg El Poblado, secteur du parc Ileiras (photos 1 et 2) : monument aux victimes du narco-trafic (photo 3)
Street art à Medellín (photos 1 à 4) ; "Ecailles de serpent", fragment d'une fresque en relief dirigée par Socorro Millán, 2023-2024 (photo 5)
Je termine sur un registre plus léger avec le faubourg de Poblado, où le parc Ileiras est le cœur branché et festif de la ville. Avec tout de même un monument dédié aux victimes du narco-trafic.
228ème jour, 2 décembre, Medellín – Manizales, 189 km
Sortie de Medellín chargée comme il se doit. La route, sinueuse en l’absence d’ouvrages d’art, franchit une chaîne de montagne (Alto de Minas, kilomètre 70, alt. 2434 m). Elle descend ensuite en lacets jusqu’à la bourgade de La Pintada (alt. environ 550 m) où elle franchit la rivière Cauca.
A la sortie de la Pintada, je suis arrêté par une administration inconnue (sécurité routière ?) qui prétend contrôler tous les équipements de sécurité de la voiture : extincteur, trousse de secours, cônes de signalisation, etc. Les choses s’annoncent compliquées, je fais mine de ne pas trop comprendre. Soudain, pour une raison qui m’échappe, le responsable me permet de repartir sans le contrôle en question.
La route est ensuite plus facile car elle suit une vallée, avec un peu moins de camions. Je la quitte 28 kilomètres avant Manizales pour une petite route qui s’élève vers l’est à travers les plantations de café. Belles vues. Je fais étape dans une belle plantation à flanc de montagne à 2,5 kilomètres au nord de Manizales (75° 32’O, 5° 5’N, alt. 1935 m).
Manizales : tour panoramique de Chipre (photo 1) ; vue du centre ville (photo 2) ; le téléphérique urbain (photo 3) ; un quartier d'habitation (photo 4) ; la cathérale (photo 5) ; le palais du gouvernement (photo 6)
Je gagne Manizales à pied (alt. 2190 m). La ville est construite sur de nombreuses collines, ce qui rend la circulation difficile. Un téléphérique urbain a été installé pour cette raison.
Route d'accès au parc Los Nevados ; la Laguna Negra (photo 4) ; le sommet du volcan un jour de beau temps (photo 7, Tripadvisor)
229ème jour, 3 décembre, excursion au volcan Nevado del Ruiz, 117 km
De Manizales, je prends la route 50 panaméricaine vers l’est en direction de Bogota pendant 35 km puis bifurque au sud vers l’entrée nord du parc national Los Nevados. La route s’élève rapidement dans les pâturages d’altitude. Petit arrêt à la Laguna Negra, petit lac glaciaire (alt. 3700 m). Une piste sur la droite permet de gagner la porte d’entrée du parc à 4135 m. Cet accès est le seul moyen de se rapprocher en voiture du volcan Nevado del Ruiz (alt. 5321 m). Se rapprocher seulement : le volcan étant légèrement actif depuis 2012, on ne peut continuer que sur cinq kilomètres après la porte du parc. Le sommet enneigé est caché par les nuages, je ne l’entre-aperçois que quelques secondes.
L’accès se fait sous surveillance 1 : une séance de présentation, puis les visiteurs montent en convoi automobile accompagnés d’un guide. Ayant de la place dans ma voiture, il m’échoit l’honneur de transporter notre guide et de guider les autres voitures. Séance divertissante de conduite sur piste.
L’excursion permet d’abord de voir le système de végétation humide propre aux montagnes colombiennes, le páramo : l’humidité de la pluie et de la brume est stockée par des mousses et des plantes pour résister aux mois secs.
Au dessus de 4300 m la végétation disparaît ou presque. On progresse dans des blocs de lave gris ou roses et dans un mélange de sable et de cendre. Le point terminal autorisé se nomme la vallée des tombeaux, bien qu’elle ne comporte pas de vrais tombeaux (75° 21’O, 4° 55’N, alt. environ 4450m). Malgré les nuages et la vue limitée, c’est une très belle sortie.
Plantation de café (photo 1) ; vue sur Pereira (photo 2) ; arrivée dans la vallée de Cocora (photo 5) ; les jeeps Willys qui desservent la vallée au départ de Salento (photo 7)
230ème jour, 4 décembre, Manizales – Salento et excursion dans la vallée de Cocora, 114 km
De Manizales, je prends cette fois-ci la route 50 panaméricaine vers l’ouest. Nombreuses plantations de café, la région est connue comme « l’axe du café » de la Colombie. Traversée de Pereira qui a aussi son téléphérique urbain. Dix kilomètres avant Armenia, je bifurque vers l’est par une route secondaire et gagne Salento, puis la vallée de Cocora, dans le département de Quindio, à l’orée du parc national Los Nevados, à 2300 m d’altitude.
C’est une belle vallée de pâturages d’altitude et de forêts. Sa particularité est l’existence, jusqu’à 2800 mètres au moins, de palmiers à cire (ceroxylon quindiuense) qui peuvent atteindre 60 mètres, désormais protégés et considérés comme l’arbre national. La vallée attire de nombreux touristes friands de promenades à cheval. A éviter le week-end.
Je remonte le torrent Quindio sur quelques kilomètres, jusqu’à 2500 m d’altitude à peu près. Belle marche en forêt, sans personne ou presque, mais le sentier est boueux car il est aussi, voire surtout, utilisé comme piste cavalière.
Salento, où une colonie pénale existait au 19ème siècle, est une bourgade très touristique mais colorée et agréable. Je fais à nouveau étape dans une plantation un peu à l'écar (75° 35’O, 4° 38’N, alt 1875 m), où le calme est complet.
Le musée de l'or Quimbaya : objets de la collection permanente (photos 1 à 3, provenant du site du musée) ; le bâtiment du musée avec son plan d'eau intérieur (photo 4) ;le jardin archéobotanique (photos 5 à 7) ; locomotive 70 de l'ancien chemin de fer du Pacifique, proche du musée (photo 8)
231ème et 232ème jours, 5 et 6 décembre, Salento - Cali, 220 km et séjour à Cali
Le 5 décembre, je gagne d’abord Armenia, ville renommée ainsi en signe de solidarité après le génocide arménien de 1915, durement frappée par un séisme en 1999. Petit musée de l’or Quimbaya, instructif sur les bijoux en or, les statues et les pratiques funéraires des deux populations qui ont occupé successivement la région avant 700. Le musée comporte aussi un petit jardin « archéobotanique » sur les plantes de la région, dont un arbuste de coca.
Au sud d’Armenia, la route descend lentement. Les caféiers cèdent la place à l’élevage, puis à la cane à sucre qui devient presque une monoculture. A La Paila, on rejoint une route à quatre voies qui passe par Tuluá et Palmira, la plus rapide et la meilleure depuis mon arrivée en Colombie. La plaine est séparée du Pacifique par la Cordillère occidentale très proche et bien visible (photo 2 ci-dessus).
En arrivant à Cali, la route coupe à nouveau la rivière Cauca ; c’est une petite rivière maintenant. Je m’installe dans le quartier résidentiel de Granada, au nord du centre et au pied de la montagne (76° 32’O, 3° 28’N, alt. 1000 m). Boutiques chics, restaurants branchés, clubs de sport, bref tout le superflu, cette chose si nécessaire. Mais toute la ville n’est pas à l’avenant, il s’en faut.
Cali – le nom complet est Santiago de Cali – est pour l’essentiel une ville moderne sans grand charme. La ville vient d’accueillir la COP 16 biodiversité. Le centre historique comporte tout de même quelques sites d’intérêt. J’en visite plusieurs le 6 décembre :
- l’église, le couvent de la Merced et le palais archiépiscopal; l’église est curieuse par son plan coudé ; le cloître de l’ancien couvent héberge un musée archéologique consacré aux civilisations précolombiennes du sud-ouest de la Colombie ; les pièces les plus originales viennent de la péninsule de Tumaco, sur la côte Pacifique, juste au nord de la frontière avec l’Equateur ; région qu’il est tout à fait exclu de visiter ;
- le musée de l’or de Cali – oui, il y a beaucoup de ces musées en Colombie – complète bien le précédent ; il se concentre plus particulièrement sur la région nommée Calima, juste au nord de Cali ;
- comme à Medellín, un musée de la mémoire qui porte sur les violences, surtout les disparitions, à Cali et dans le sud-ouest de la Colombie ; la comptabilité des exactions commises par les services de l’État, les groupes paramilitaires, les narco-trafiquants et les groupes révolutionnaires donne une idée du niveau des violences ; des salles particulières traitent des violences contres les femmes et de la difficile réconciliation ;
- le quartier San Antonio, avec ses petites maisons qui ont conservé un peu de leur charme ancien ;
- plusieurs églises dont la cathédrale Saint Pierre apôtre, où je découvre une statue de Notre Dame du bon remède ;
- le théâtre municipal ; le palais national, inauguré en 1933, « en style néoclassique français » ; il héberge aujourd’hui plusieurs services judiciaires ;
- l’ancienne gare, construite de 1949 à 1953 après l’explosion accidentelle de la gare historique ; elle est connue pour deux grandes fresques de l’artiste Hernando Tejada, l’une sur l’histoire de Cali, l’autre sur l'histoire des transports ; le chemin de fer à voie étroite ne fonctionne plus depuis 2003 mais un train de voyageurs bien fatigué est conservé en gare pour les visiteurs.
Cali : street art et slogans muraux : recyclage pour la planète et Palestine libre (photo 4) ; "avortement libre sans barrières" (photo 6) ; "rien ne justifie ton féminicide" (photo 7)
Notre Dame du bon remède à Cali (photo 1) ; la rivière Cauca en amont de Cali (photo 2) ;,sur la route panaméricaine en faisant route vers (photos 3 et 4) et en arrivant à Popayán (photo 5)
233ème jour, 7 décembre, Cali - Popayán, 154 km
Je me rends en voiture à l’église Notre Dame du bon remède, à 3,5 kilomètres au sud-est du centre de Cali. J’avais dû renoncer hier à y aller à pied, car il aurait fallu traverser un quartier déshérité visiblement peu sûr. L’église est moderne et sans grand intérêt architectural sauf peut-être son clocher en forme de X. Brève conversation avec le Padre qui me fait bon accueil.
Je rejoins ensuite la route 25 panaméricaine et poursuis vers le sud. Pendant 70 kilomètres, c’est une route de plaine au milieu des champs de canne. Puis elle s’élève dans les collines, les caféiers refont leur apparition. Une route rapide est en construction avec de nombreux ponts. L’entrée dans Popayán, très embouteillée, prend du temps. Je m’installe dans le centre commerçant, pittoresque mais difficile d’accès en voiture (76° 36’O, 2° 26’N, alt. 1780 m).
L'église San Francisco (photo 2) ; la cathédrale basilique Notre Dame de l'Ascension (photo 4) et la tour de l'horloge (horloge à une seule aguille, photo 5) ; le palais national qui héberge des serices judiciaires (photo 8) ; l'église Saint Dominique (photo 9) et l'ancin cloître attenant qui héberge une faculté de droit (photo 10)
Fondée en 1537 par Sebastián de Belalcázar, Popayán – nom complet Asunción de Popayán - est connue comme « la ville blanche ». Quasiment pas de maisons de couleur mais une ville élégante avec ses nombreuses églises, ses anciens couvents et ses bâtiments officiels. C’est d’autant plus méritoire que les séismes de 1736, 1827 et 1983 ont causé des destructions importantes.
La population diffère de celles des villes précédentes : très peu de descendants d’Africains, davantage d’Indiens. Tout semble calme et tourné vers les fêtes de Noël. Néanmoins, pour la première fois, de nombreux soldats sont en faction avec casque lourd et fusil automatique.
Carte de la Colombie sur le site "conseils aux voyageurs", septembre 2024, avec les zones formellement déconseillées en rouge (photo 1) ; une statue du site de San Agustin au musée archéologique de Cali (photo 2)
234ème jour, 8 décembre, Popayán - Pasto, 250 km
Après réflexion et à regret, je renonce à visiter les sites archéologiques de Tierradentro et San Agustin, à l’est de Popayán. Cela représenterait un détour de 250 kilomètres pour un site ou de 450 pour les deux. Bien que la police m’ai dit hier que les routes étaient sûres, il faudrait rouler plus de 200 kilomètres dans une zone que le site français de conseils aux voyageurs déconseille formellement. Je me résigne à contrecœur et reprends la route 25 panaméricaine vers le sud.
Cette route est assez bonne avec tout de même quelques trous profonds. Peu après Popayán, on quitte le bassin de la rivière Cauca, qui coule vers la mer des Caraïbes, pour celui du fleuve Patía, qui coule vers le Pacifique. La route franchit une petite chaîne de montagnes ce qui ralentit fortement l’allure.
Elle descend ensuite dans la vallée du Patía. La région est presque déserte et la route moins sinueuse, donc plus rapide. Il fait en revanche plus chaud (alt. environ 700 m). On retrouve les grands cactus qui étaient notre quotidien en Arizona puis au Mexique. Une nouvelle chaîne de montagnes avant d’arriver ; la route remonte à 2800 m avec de belles vues – et deux tunnels, ce qui est exceptionnel ici.
Pasto : la Plaza Mayor (photos 2 et 3), l'église saint Jean Baptiste (photo 4), la cathédrale du Sacré Coeur, achevée en 1920 (photo 5)
Pasto, nom complet San Juan de Pasto, est une ville de montagne moderne et sans grand charme au pied du volcan Galeras (4276 m, en activité). A l’exception de l’église Saint Jean Baptiste du 17ème siècle, les bâtiments anciens ont été détruits lors de la guerre de 1822 ou lors de séismes. La cathédrale est donc récente. Je fais étape dans un quartier à l’ouest de la ville (77° 17’O, 1° 13’N, alt. 2500 m).
235ème jour, 9 décembre, Pasto – Ibarra, Equateur, 227 km
La route panaméricaine entre Pasto et Ipiales est à quatre voies, d'excellente qualité mais c'est un jeu de montagnes russes : deux cols à 3050 et 2900 m, une gorge à 1800 m.
Le pont de Rumichaca, frontière Colombie - Equateur (photo 1) ; le poste-frontière équatorien (photo 2)
Je me présente à la frontière à Rumichaca à 10 h 05. Aucune difficulté pour sortir de Colombie. Les formalités d'entrée en Équateur commencent bien. Au moment d'émettre le permis d'importation de la voiture, le système informatique de la douane tombe en panne. Je dois attendre 13 h 45 pour obtenir ce précieux permis.
Autre complication : l'assurance automobile n'étant pas obligatoire en Équateur, il n'est pas possible de souscrire une police à la frontière. Je contacte aussitôt une assurance colombienne qui me couvrira pour toute l'Amérique du sud mais cela va prendre quelques jours. Je dois donc prendre la route sans assurance. Cela ne m'était jamais arrivé et c'est assez anxiogène.
Heureusement la route panaméricaine est toujours excellente, à deux ou quatre voies. Elle traverse d'abord une région très fertile, avec des cultures en forte pente sur des collines ; puis une région plus sèche avec de grandes plantations de canne dans les plaines. Je fais étape à Ibarra (78° 7' O, 0° 21' N, alt 2200 m). L’électricité est coupée à 21 heures.
Ibarra : l'obélisque dédié aux fondateurs de la ville (photo 3) ; l'église de la Merced (photo 4) ; la cathédrale reconstruite après le séisme de 1868 (photo 6))
236ème au 238ème jours, 10 au 12 décembre, Ibarra – Quito et excursion à Mindo, 346 km
Au pied de deux volcans, Ibarra, nom complet San Miguel de Ibarra du nom de son fondateur en 1606, est aussi une ville blanche. Le basalte noir transparaît pourtant dans les nombreuses églises et dans le pavage des rues. Les séismes ont aussi infligé leur lot de destructions, particulièrement celui de 1868. Une ville plutôt agréable même si elle n’est pas très gaie.
Le 10 décembre, e m’arrête à Cotacachi, alt. 2400 m, avec une grande église et quelques jolies rues, puis gagne l’entrée du parc national de Cotacachi-Cayapas. Ce parc est très vaste mais difficile à visiter faute de routes. Il culmine au volcan Cotacachi, alt. 4939 m. Je me rends au lac volcanique de Cuicocha, alt. 3100 m et m’élève sur le rebord est de la caldeira pour profiter de la très belle vue sur le lac et sur la région. Deux îles au milieu du lac, anciens dômes volcaniques qui émergent de 300 mètres.
Otavalo : l'égise El Jordán Notre Dame de Monserrat (photo 1) ; la place des ponchos (photos 2 et 3) ; monument à Rumiñahui, "symbole du peuple quechua" (1490-1535, général inca héros de la résistance contre les Espagnols, photo 4) ; le volcan Imbabura coiffé de nuages (photo 5)
La nouvelle assurance de la voiture entre en vigueur à midi. Ouf !
Je m’installe en début d’après-midi à Otavalo (78° 16’O, 0° 13’N, alt. 2550 m). Entre les volcans Cotacachi et Imbabura, c’est une ville très commerçante où les Indiens sont nombreux et le quechua largement parlé. L’endroit le plus connu est la place des ponchos où l’on vend des ponchos et beaucoup d’artisanat en tout genre. Peu d’édifices anciens cependant.
Trois heures de délestage électrique à l’hôtel ce soir. Le pays connaît actuellement des difficultés avec la production d’électricité. Mais, 200 mètres plus loin, rues et magasins sont éclairés a giorno.
Le 11 décembre, je quitte Otavalo pour le lac de San Pablo qui est tout proche. Aucun autre touriste vu l’heure matinale mais le pourtour du lac est très urbanisé. J’aurais aimé monter au lac Mojanda, plus sauvage, mais des agressions y ont été signalées il y a quelques mois.
Entre Otavalo et Quito (photos 1 et 2) ; un faubourg nord de Quito (photo 3) ; l'entrée sur le site de Mitad del Mundo (photo 4)
Je continue donc sur la route panaméricaine et quelques raccourcis jusqu’aux faubourgs nord de Quito. De là, je gagne Mitad del Mundo, le milieu du monde, où se trouve le monument très connu de l’équateur. Je franchis donc la ligne, voir l’article sur le sujet.
Cela fait, je retourne brièvement dans l’hémisphère nord pour une courte marche dans la réserve géobotanique de Pululahua (alt. environ 2780 m au sommet). Belle forêt d’altitude mais vue très limitée à cause des nuages.
Je poursuis vers l’ouest par une belle route qui descend dans la forêt équatoriale. Le contraste est complet avec les montagnes arides du matin. Je fais étape à Mindo (78° 47’O, 0° 3’S, alt. 1250 m). L’endroit est réputé pour ses paysages de forêt et l’observation des oiseaux.
Le 12 décembre, je gagne la plantation de Casa Amarillo (la maison jaune) et monte à pied à travers les pâturages puis dans la forêt jusqu’à 1550 m. De là, belle vue sur la vallée. Aperçu un ou deux singes, quelques oiseaux et de superbes papillons bleus.
Je prends ensuite la route inverse de la veille dans la pluie et le brouillard qui cessent un peu avant Mitad del Mundo, quand le paysage redevient aride. Après une longue traversée des faubourgs, je m’installe dans la vieille ville de Quito vers 16 h 30, dans un petit hôtel vieillot à souhait (78° 31’O, 0° 14’S, alt. environ 2750 m).
239ème jour, 13 décembre, Quito
Quito s’étend sur des dizaines de kilomètres de collines qui peuvent atteindre 3000 mètres. Très peu d’immeubles élevés, la ville s’étale démesurément. Même en se limitant au centre historique, il y a beaucoup à voir. Avec des rues en forte pente, comme à San Francisco.
La Plaza Grande (photos 1 et 2) ; sur la place, le palais présidentiel (photo 3) et la cathédrale (photo 4) ; l'église des jésuites (photo 5)
Le cœur de la vieille ville est la Plaza Grande, siège du pouvoir avec le palais présidentiel (palais royal à l’époque coloniale), la mairie, l’archevêché et la cathédrale. Tout près, l’église de la Compagnie de Jésus avec son imposante façade du 18ème siècle.
L'église Santo Domingo (photo 1) ; l'église de la Merced (photos 2 et 3); église Santa Clara (photo 4) ; église Santa Barbara (photo 5) ; la basilique du veu national (photos 6 et 7)
Dans quelque direction qu’on s’éloigne, des églises en nombre. Jusqu’à la basilique néogothique du vœu national, la plus vaste église du pays. Elle se voit de loin. L’architecte français Tarlier (1825-1902) s'est parait-il inspiré de Notre-Dame de Paris. Avec quelques innovations de son cru.
Beaucoup de demeures nobles qu’on ne devine pas forcément de la rue. Il faut entrer pour découvrir leurs patios à colonnes.
Ce centre historique n’est pas une ville-musée. C’est une vraie ville, pleine d’animation, restaurée un peu mais pas trop. Avec une pauvreté souvent visible dans les rues. Du haut de la colline voisine, la Vierge du Panecillo, statue en aluminium de 41 mètres, veille sur la ville. J’aurais voulu y monter mais il pleuvait beaucoup et un écriteau comminatoire m’a arrêté à mi-pente (photo 6 ci-dessus).
Le volcan Cotopaxi et ses écosystèmes (photo 1, centre des visiteurs du parc) ; vu par Quesape Izu (photo 2)
240ème jour, 14 décembre, Quito – Latacunga et excursion au parc national Cotopaxi, 157 km
Je quitte Quito à 6 heures, rejoins la route panaméricaine et gagne l’entrée sud du parc national de Cotopaxi. Les deux volcans, Cotopaxi (5897 m) et Ruminahui (4712 m), sont cachés par les nuages.
L'étang Limpiopungo (photo 1) ; mouettes des Andes (photo 2) ; végétation de páramo qui stocke l'eau comme une éponge (photos 3 et 4) ; caracara caronculé (photo 5) ; vigogne (photo 7) ; chevaux sauvages (photo 8)
Premier arrêt à l’étang Limpiopungo (3700 m). Un sentier permet d’en faire le tour et d’observer la végétation de páramo (voir plus haut, 3 décembre) et les oiseaux, mouettes et sarcelles des Andes surtout. Vu aussi des vigognes et des chevaux sauvages.
Dans les nuages à 4200 mètres (photos 1 et 2) ; les nuages se dissipent un peu (photos 3 et 4) ; sur le sentier vers 3600 m (photos 5 à 7)
Je continue sur la piste. A 4200 mètres, le brouillard est épais et la voiture peine à monter. Je fais demi-tour et redescends sous une forte pluie. Une accalmie me permet de marcher sur un sentier vers 3600 mètres et d’observer la flore. A plusieurs reprises les nuages se dissipent brièvement, on aperçoit la partie supérieure enneigée du volcan mais non son sommet.
Latacunga : la place centrale (parque Vicente León, photo 1) ; la cathédrale (photo 2) ; une demeure noble (casa de los marqueses, photo 3) ; la "Mama negra" revisitée par le street art (photo 4) ; la gare (photo 5)
Je gagne ensuite Latacunga (78° 37’O, 0° 56’S, alt. environ 2700 m). Le petit centre historique comporte quelques bâtiments d’intérêt. On vénère ici la Mama negra, une vierge noire qui puise sans doute ses racines dans les religions anciennes. L’agrément de la promenade est pas mal gâché par le bruit et la pollution de centaines de groupes électrogènes installés dans la rue pendant les délestages électriques.
241ème jour, 15 décembre, Latacunga - Ambato et excursion au lac Quilotoa, 189 km
Je quitte Latacunga vers l’ouest. La route E30 monte en lacets jusqu’à un col à 3800 m. On traverse ensuite une sorte de vaste cuvette plutôt aride mais fortement cultivée, y compris sur des pentes très raides. La population est en grande partie indienne et semble pauvre.
A Zumbahua, je bifurque vers le nord. Treize kilomètres plus tard se trouve de village de Quilotoa au bord de la caldeira. Le lac de cratère est 400 mètres plus bas. Le spectacle est très beau. Quelques restaurants ont été construits sur la crête au risque de défigurer le site. Le village est touristique mais les touristes sont peu nombreux ce dimanche matin.
Je reviens presque jusqu’à Latacunga, poursuis vers le sud par la route panaméricaine et fais étape à proximité d’Ambato (78° 37’O, 1° 14’S, alt. environ 2475 m).
242ème jour, 16 décembre, Ambato - Alausí et excursion à la réserve de faune du Chimborazo, 208 km
Je quitte Ambato par la route E491 en direction de Guaranda. Belles vues. Alors que je passe au nord du volcan Chimborazo (alt. 6263 m), les nuages se dissipent en partie et le sommet devient visible. Spectacle majestueux dont j’avais été frustré au volcan Cotopaxi.
Réserve de faune du Chimborazo : sur la route d'accès (photos 1à 3) ; sur la piste (photos 4 et 5 - les deux refuges sont visibles sur la photo 5) ; au refuge Carrel (photo 6) ; au refuge Whymper (photos 7 et 8)
Au kilomètre 60 je bifurque au sud-sud-est sur une route secondaire avec pas mal de trous. Paysage d’altitude noir à cause de la lave, vues très dégagées. Dix kilomètres plus loin, entrée de la réserve du Chimborazo (alt. 4386 m). Une piste de huit kilomètres en tôle ondulée monte au refuge Carrel (alt. 4800 m). La voiture monte tout doucement. Du refuge Carrel, un sentier très bien tracé monte au refuge Whymper, alt. environ 5000 m. Très belle excursion au total.
De retour à l’entrée du parc, je continue vers le sud. La route redescend, traverse des forêts puis des zones d’élevage bovin jusqu’à la route panaméricaine qui est ici à deux voies. Celle-ci passe à proximité des dunes de Palmira, petit désert d’altitude (environ 3500 m) en sable blanc.
Au bas d’une forte descente je fais étape à Alausí dans le brouillard (78° 51’O, 2° 12’S, alt. 2345 m). Au pied des montagnes, la ville a gardé un petit charme. Le chemin de fer de Quito à Guyaquil ne fonctionne plus depuis 1997 mais la gare d’Alausí vaut le déplacement avec ses trains encore utilisés par les touristes.
243ème et 244ème jours, 17 et 18 décembre, Alausí – Cuenca, 189 km et séjour à Cuenca
Courte étape le 17 matin. Pas de vraie difficulté sauf un brouillard dense au début qui me contraint à renoncer à une première visite et une route E35 panaméricaine assez dégradée presque jusqu’à la fin. J’arrive à Cuenca (79° 0’O, 2° 54’S, alt. 2520 m) vers 13 heures 30.
L’ancienne gare de El Tambo et un curieux véhicule, sans doute un autocar transformé en autorail. Quelques kilomètres de voies sont encore utilisés pour transporter des touristes. La ligne continuait auparavant jusqu’à Cuenca où la gare est en cours de démolition..
Ingapirca : le temple du solieil (photos 1 et 2) ; tombes collectives (photos 3) ; vase caňari (photo 7) et jarres incas (photo 8) au musée des cultures aborigènes de Cuenca
J’avais fait auparavant un petit détour entre El Tambo et Caňar pour visiter le site archéologique d’Ingapirca. Il est fermé les lundis et mardis mais est de petite taille et on le voit bien de l’extérieur. C’était un site en quelque sorte cogéré par les conquérants incas et le peuple originaire, les Caňari. Il a sans doute servi de forteresse et d’entrepôt. Les murs sont construits par emboitement des blocs de pierre, sans mortier.
L’édifice principal, le plus restauré, est son temple de soleil ellipsoïdal, placé pour recevoir le soleil par le toit au solstice d’été. On voit les fondations de plusieurs autres bâtiments et d’une sorte d’amphithéâtre. Ce site est connu de longue date : le géographe français la Condamine l’a visité et décrit en 1739. Des cérémonies indigènes y sont encore organisées plusieurs fois par an.
Cuenca : la cathédrale de l'Immaculée conception (photo 1), l'église du Saint rosaire (photos 2 et 3) ; le sanctuaire marial de l'Assomption du Carmel (photo 4) ; le séminaire Saint Louis (photo 5) ; la mairie (photo 6) ; la cour provinciale de justice (photo 7)
Cuenca est une ville agréable. Certes, son architecture est assez hétéroclite. Quelques bâtiments historiques, dont une cathédrale massive, nombre d’églises comme il se doit et quelques bâtiments officiels originaux dont la mairie et la cour de justice provinciale.
Dans les rues de Cuenca (photos 1 à 3) ; la Quinta Bolivar, à l'emplacement d'une maison ancienne où Bolivar avait séjourné (photo 4) ; le monument de la Plaza del Herrero représente le dieu Vulcain, en hommage aux artisans forgerons qui ont leur musée sur la place (photo 5)
Peu de demeures aristocratiques mais des petites maisons plutôt jolies. Des rues pavées en basalte noir. La promenade en ville serait vraiment agréable s’il n’y avait ici aussi le vacarme et les gaz d’échappement des groupes électrogènes des commerçants pendant les délestages.
Au musée Putamungo (photos 1 à 5) ; les photos 4 et 5 (photo 5 Tripadvisor) montrent l'exposition sur la culture shuar ; le site inca de Pumapungo (photos 6 et 7) ; au musée des cultures aborigènes (photos 8 et 9)
Le musée Pumapungo, contigu à un site archéologique inca et le musée des cultures aborigènes sont intéressants sur le plan ethnographique même si le second est un peu fouillis. Ils donnent l’idée du nombre et de la diversité des groupes indigènes du pays. C’est l’occasion de se familiariser un peu avec les cultures amazoniennes, en particulier celle des Shuar, alors que je n’irai pas dans cette partie du pays.
245ème et 246ème jours, 19 et 20 décembre, Cuenca – Zumba, 389 km
De Cuenca à Loja, la route franchit un col à 3350 m et plusieurs vers 2900 m. Quelques passages dans des forêts de pins, une zone plus aride lorsque la route coupe la rivière León (alt. environ 1780 m). Pour l’essentiel, des pâturages d’altitude. La route panaméricaine est encore plus dégradée qu’hier : trous, passages non revêtus, affaissements au passage des nombreuses failles géologiques.
Barrage routier au sud de Saraguro ; les inscriptions disent : "les communautés refusent la division territoriale", "Monsieur le Maire, respectez les décisions des communautés" (photo 1) ; entre Saraguro et Loja (photo 2)
A la sortie sud de la petite ville de Saraguro, où je passe à 11 heures, la route est barrée par des manifestants. C’est une communauté locale qui proteste contre une décision municipale de « division territoriale ». La manifestation est pacifique mais l’endroit est bien choisi, il n’y a pas d’autre route possible. La police arrive sans se presser à midi. Le barrage est finalement levé pacifiquement à 13 heures 10.
Loja : vue générale (photo 1) ; la place centrale (photo 2) avec le gouvernement provincial (photo 3) et la cathédrale (photos 4) ; le Seigneur de bonne espérance (photo 5) fait l'objet d'une grande dévotion dans la province ; l'église Saint Dominique (photos 6 et 7)
Loja (79° 12’O, 4° 0’S, alt. 2100 m), où je passe la nuit du 19 au 20, ne peut rivaliser avec Cuenca mais le centre commerçant, très animé, est plutôt agréable.
A Vilcabamba (photos 1 à 3) ; les Estoraques de Suro, formations rocheuses proches de Yangana (photos 4 et 5)
Le 20 décembre matin, je poursuis vers le sud sur la route E682. Bref arrêt à Vilcabamba (alt. 1700 m), petite localité qui attire les touristes. La route s’élève ensuite jusque vers 2 600 mètres, puis redescend à 900 mètres dans les forêts du parc national de Podocarpus. Belle forêt, végétation de páramo sous la pluie en altitude, zone très arrosée. Entre Yangana et Valladolid, la route franchit la ligne continentale de partage des eaux : on est désormais dans le bassin de la rivière Chinchipe, sous-affluent de l'Amazone.
Fréquents passages de route sans revêtement. Vingt-cinq kilomètres à peu près au nord de Zumba, le revêtement cesse tout à fait. La route fait place à une piste de montagne rendue boueuse et glissante par la pluie. Peu de circulation heureusement. J’arrive à Zumba (79° 8’O, 4° 52’S, alt. 1350 m) vers 13 heures 10 après 172 kilomètres parcourus en cinq heures. Vu l’heure et la lenteur de la conduite, il me semble plus sage de faire étape et de remettre le passage de la frontière à demain.
Zumba : vue générale (photo 1) ; la place centrale et l'église Saint François d'Assise (photo 2) ; camion de transport municipal pour la desserte des villages (photo 3)
Entourée de collines boisées, Zumba se visite vite si l’on ne craint pas les fortes pentes. Une église Saint François d’Assise, une banque, des commerces, un cabinet d’avocats et une discothèque que je n’ai pas essayée. Une plantation de café à proximité. Le 17ème régiment forestier de l’armée équatorienne tient garnison car la frontière est proche. Quelques petits hôtels. C’est à peu près tout.
Place principale de El Chorro (photo 1) ; la rivière Canchis, frontière Equateur - Pérou (photo 2) ; le pont frontalier (photo 3)
247ème jour, 21 décembre, Zumba – Jaén, Pérou, 186 km
Je reprends la route E682 vers le sud, dans les collines. C’est une piste comme hier mais elle est sèche ce matin, donc moins glissante. Au village de El Chorro, poste de contrôle militaire. Il me faut une heure pour parcourir 26 kilomètres. J’arrive au poste-frontière de la Balsa à 8 heures 50, au fond de la vallée de la rivière Canchis (alt. 735 m). Ce poste-frontière au bout de 50 kilomètres de piste donne une impression de bout du monde mais les formalités de sortie d’Equateur se font sans difficulté, juste un peu retardées par un accès limité à Internet.
#adm888
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