De Monte Albán à Copán, sur les traces des civilisations de la Mésoamérique
Abstract : travelling in Mexico, Guatemala and Honduras, we visited eight archeological sites, six of them from the Maya civilization. Palenque in Mexico, Tikal in Guatemala and Copán in Honduras are world class ruins, well known from world travellers. The five other sites – Monte Albán, Mitla, Yaxha, Uaxactún and Quiriguá – are less famous but definitely worth visiting with an impressive variety of structures and steles.
Nous avions déjà visité les sites archéologiques du Yucatán en 1994 et la célèbre pyramide de Teotihuacán, proche de Mexico, en 1998. Nous avons visité cette année huit autres sites remarquables : Monte Albán, Mitla et Palenque au Mexique, Yaxha, Tikal, Uaxactún et Quiriguá au Guatemala, Copán au Honduras. Ils nous ont impressionnés par leur richesse et leur diversité, à l’image des civilisations précolombiennes de la Mésoamérique.
Monte Albán : vues générales, palais, tombes (NB : diaporama, laisser le temps de faire défiler les photos)
1 – Monte Albán, Etat de Oaxaca, Mexique
L’histoire de Monte Albán s’étend de - 800 à 800 à peu près, mais l’apogée de la cité correspond à celle de la civilisation zapotèque, de 300 à 750. La ville, perchée sur une montagne à 1 900 mères d’altitude, aurait compté jusqu’à 40 000 habitants. Elle s’ordonne autour d’une vaste place centrale de 300 sur 150 mètres entourée d’une douzaine de pyramides et de palais. Des travaux considérables furent faits au fil des siècles pour terrasser les collines et aménager la ville et les plantations situées autour. Un édifice au moins était conçu pour permettre l’observation astronomique.
Le site est célèbre pour ses tombes et pour ses bas-reliefs sculptés représentant des figures humaines. Celles-ci ont d’abord été prises pour des danseurs (Los Danzantes) mais il s’agissait plus probablement de prisonniers captifs nus et promis au sacrifice. D’autres stèles décrivent sans doute des conquêtes militaires.
Un lieu intéressant et très bien conservé est le jeu de pelote, au nord-est du site. Ce jeu représentait plus qu’un sport ou un divertissement, un moyen de régler divers conflits, sur la terre par exemple. Il ne semble pas, ici du moins, avoir été associé à des sacrifices humains.
Arriver sur le site de bonne heure permet de le visiter dans la fraîcheur et avant l’arrivée des touristes.
2 – Mitla, Oaxaca
40 kilomètres plus à l’est, Mitla est un site de moindre ampleur et plus récent. C’est une cité mixtèque dont les noms dans les langues locales signifient « lieu des morts » ou « lieu de repos ». L’essentiel des constructions date de 1300 à 1400 à peu près. Le site a beaucoup souffert au 17ème siècle puisque les Espagnols ont prélevé beaucoup de ses pierres pour construire en plein milieu l’église baroque de San Pablo. Comme à Mexico, l’objectif était clairement de faire comprendre que la page était tournée.
Il subsiste néanmoins plusieurs groupes remarquables, dont celui des colonnes avec leurs panneaux enchâssés de motifs géométriques et leurs galeries souterraines. Les vestiges archéologiques sont situés dans un beau parc de cactus même si l’on ne perd jamais de vue l’église espagnole toute proche.
3 – Palenque, Chiapas
A Palenque et dans les sites suivants, nous sommes chez les Mayas. Le site a été développé dès - 100 mais son apogée se situe entre 600 et 700, sous le règne des rois Pacal et Chan-Bahlum. Un peu comme Angkor, les monuments de Palenque avaient été engloutis par la jungle avant d’être redécouverts au 18ème siècle. La partie fouillée et aménagée ne représente qu’une petite partie du site historique.
Nous avons particulièrement admiré :
- le temple des inscriptions, au sommet d’une pyramide de 22 mètres; couvert d’inscriptions, il contient une crypte funéraire qui n’est pas accessible, mais nous avons pu visiter celle du temple XIII, juste à côté ;
- le « palais » est l’édifice central, surmonté d’une tour pour l’observation astronomique et orné de plusieurs frises et bas-reliefs ;
- le temple du soleil construit à la fin du 7ème siècle sur un soubassement pyramidal ;
- le temple de la croix, l’un des plus hauts du site, avec un bas-relief cruciforme pouvant représenter un arbre de vie ;
- le jeu de pelote, comme à Monte Albán ;
Le groupe nord (photos 1 et 2), le temple du Comte (photo 3), les groupes I, II, B et des chauve-souris (photos 4 à 9)
- le groupe nord, le temple du Comte, les groupes I, II et B et le groupe des chauves-souris situés à l’extrême nord du site, au pied d’un escalier en forte pente, près d’une petite rivière ; nous y étions seuls en pleine forêt, avec quelques hurlements de singes pour l’ambiance.
Le musée, très riche parait-il, est hélas fermé pour rénovation. Malgré tout, c’est une visite magnifique dans une jungle protégée qui ajoute encore à l’atmosphère du site.
4 – Yaxha, Petén, Guatemala
Sur les rives du petit lac éponyme, le site maya de Yaxha est situé à peu près 60 km de la petite ville de Flores, dans la province de Petén. Il fait partie d’un ensemble avec deux autres sites voisins, Nakum et Naranjo. L’occupation est attestée dès – 1000 mais l’apogée du site s’est située à la période classique, de 250 à 600. La ville a ensuite été éclipsée par Naranjo.
Par choix ou faute de moyens, seuls quelques édifices ont été fouillés et ont retrouvé leur apparence d’origine. De nombreuses pyramides ont été laissées dans l’état où l’archéologue allemand Maler les a découvertes au début du 20ème siècle. Cette combinaison d’édifices restaurés et d’autres couverts de végétation est finalement assez séduisante. Nous avons notamment admiré :
- l’acropole nord, sans doute la partie la plus spectaculaire du site, avec son groupe de pyramides ;
Le site n’est pas très facilement accessible car il est dans une forêt protégée, que l’on gagne par 12 kilomètres de piste. Résultat, nous l’avons eu pour nous seuls en plein après-midi. Cette immersion dans la forêt et les nombreux monuments non restaurés contribuent beaucoup au charme de Yaxha.
5 – Tikal, Petén, Guatemala
Le site maya de Tikal, lui aussi situé dans une forêt protégée, est l’un des plus célèbres. Il doit sa renommée à la hauteur de ses pyramides qui dominent la forêt comme des tours. Comme les sites précédents, il a été fondé il y a près de 2500 ans mais a connu son apogée à l’ère maya classique, entre 200 et 900, avec une crise sérieuse au 7ème siècle après des défaites militaires. La ville a pu compter quelque 50 000 habitants, peut-être un peu plus. On compte 33 rois sur une période de 800 ans.
Le cœur de la ville est le Gran Plaza, entouré par les temples I et II, hauts de 44 et 38 mètres, l’Acropole nord et l’Acropole centrale.
Nous avons exploré ensuite les temples situés plus au sud : groupe G, temple V, place des sept temples, Grande Pyramide, Mundo perdido. Puis les groupes R et Q sur le chemin du retour.
Arrivant de bonne heure, nous avons pu échapper à l’affluence et à la grosse chaleur, sinon aux moustiques. Nous avons en revanche accédé au site (et à Uaxactún, voir plus loin) avec beaucoup de difficulté : les billets d’accès aux deux sites – qui s’ajoutent au billet d’entrée dans le parc - ne sont vendus qu’en ligne et les cartes de crédit étrangères ne sont pas acceptées actuellement. Nous avons dû négocier longuement pour être néanmoins admis.
6 – Uaxactún, Petén, Guatemala
Le site archéologique de Uaxactún est situé 24 kilomètres au nord de Tikal, autour d’un village, au milieu du parc national. On y accède par une piste en forêt, ce qui prend une heure . Récompense : nous avons eu le site pour nous seuls et n’avons croisé que deux voitures sur la piste.
Uaxactún fut jadis la rivale de Tikal mais fut dominée par celle-ci à partir de 378. Seule une petite partie du site a été fouillée, dont un complexe pour l’observation astronomique.
Uaxactún se mérite mais justifie pleinement l’effort de s’y rendre. La visite se divise en deux parties, les groupes A et B au nord du village, les groupes E et F au sud. Le site est désert mais l’accueil des villageois est chaleureux.
7 – Quiriguá, Izabal, Guatemala
Le site de Quiriguá est situé plus au sud, à mi-chemin entre le lac d’Izabal et les petites montagnes qui marquent la frontière avec le Honduras. Occupée à partir de 200, fondée officiellement en 426, la ville a connu son apogée au 8ème siècle lorsque le souverain local a triomphé de Copán en 738. Une ère de constructions s’en est suivie, au rythme d’une tous les cinq ans.
La renommée de Quiriguá ne tient cependant pas à ses édifices, car il en reste peu, mais à une douzaine de stèles monumentales – la plus haute dépasse dix mètres –, six sculptures zoomorphes représentant des animaux mythiques ou divinisés et quelques autels. Nous parcourons le site agréablement, étant seuls à l’exception d’un petit groupe.
8 – Copán, ouest du Honduras
Nous avons passé quelques heures à Copán, au Honduras, en venant du Guatemala car le site et le village (Copán Ruinas) sont situés à une douzaine de kilomètres de la frontière. Le site a été habité dès – 1500 mais la ville a été puissante de 426 à 738, année de sa défaite contre Quiriguá. Elle a été dirigée par une dynastie de seize rois.
Copán est célèbre pour la finesse de ses sculptures avec des stèles, des autels et surtout un « escalier hiéroglyphique monumental » dont les sculptures, conservées en partie, racontent l’histoire de la dynastie. C’est l’un des textes mayas les plus longs qui nous soient parvenus.
L’acropole centrale et le temple des inscriptions ont été restaurés un peu brutalement par endroits mais nous avons particulièrement aimé les zones résidentielles nord et sud, couvertes de mousse et sans aucun visiteur lorsque nous les avons parcourues.
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Ces huit visites nous ont comblés. Alors que six sur huit sont des sites mayas qui ont connu leur apogée et leur déclin à peu près en même temps, ils ne sont en rien redondants. Ruines mondialement connues et un peu moins célèbres se complètent à merveille. L’ensemble donne une idée de la grandeur passée de cette partie de l’Amérique, des siècles avant l’arrivée des conquistadores.
#adm888
PS : nous avons aussi visité les sites mayas de Casa Bianca et Tazumal, dans l’ouest du Salvador ; voyez notre journal, 5 octobre.
Puis le site précolombien de Guayabo au Costa Rica ; voyez notre journal, 24 octobre.
Et le site d'El Caňo au Panama ; voyez notre journal, 3 novembre.
Plus généralement, voyez notre journal quotidien de voyage au Mexique, puis au Guatemala, au Salvador et au Honduras.