Dans les parc nationaux des montagnes Rocheuses

Abstract : huge, magnificent, awesome … We visited four national parks in the Western United States : Rocky Mountains National Park (Colorado), Grand Teton, Yellowstone (both in Wyoming) and Glaciers (Montana). We marveled at their size, the grandeur and beauty of snow-capped peaks, lakes, rivers and forest. We saw very few bears but many bisons, elks and deers. These parks are extraordinary achievements of conservation, an enduring success despite a huge inflow of visitors.

Nous avons consacré une semaine à la visite des parc nationaux de Grand Teton et Yellowstone, dans le Wyoming et avons fait des incursions plus brèves dans le parc national des montagnes Rocheuses, dans le Colorado, et dans le parc des Glaciers, dans le Montana. Pour nous acclimater à la montagne, nous avions aussi visité le parc de Sinks Canyon, qui dépend de l’État du Wyoming (voir notre journal, 28 au 30 mai).

Qu’en dire pour ceux de nos lecteurs qui ne connaissent pas ces parcs ? Il est difficile d’échapper aux superlatifs  qui n’aident pas vraiment à la compréhension : ces parcs sont les plus grands, les plus anciens (Yellowstone fut fondé en 1872), ils sont grandioses, inoubliables … Les quelques photos qui illustrent cet article peuvent en donner une petite idée. Elles ne peuvent rendre compte de l’immensité et de la majesté de ces étendues sauvages remarquablement préservées et respectées malgré une fréquentation massive.

Que peut-on voir dans ces parcs ?

Des montagnes, bien sûr. On les découvre en arpentant un plateau entre 2 000 et 2 500 m. Les sommets les plus élevés dépassent nettement 4 000 m. On voit des sommets partout, dans toutes les directions, encore bien enneigés début juin. Les plus majestueux et ceux que l’on approche facilement de près sont la chaîne de Grand Teton avec un groupe de sommets rapprochés - Moran, Woodring, Rockchuck, Saint John, Teewinot, Grand Teton - que l’on a pu comparer à une cathédrale.

Les sommets du parc des Glaciers sont moins élevés, 3 000 m seulement, mais leurs formes découpées les rendent très esthétiques. Les glaciers, bien sûr, ont largement fondu depuis cinquante ans et il est à craindre qu’il n’en reste bientôt que le souvenir.

(Diaporama : prenez le temps de faire défiler les photos)

Des lacs volcaniques, qui occupent d’anciennes caldeiras et des lacs glaciaires de toutes dimensions. Les plus grands sont le lac Jackson au parc de Grand Teton, au pied des montagnes précitées, le lac Yellowstone qui nous a impressionnés par sa taille et sa majesté, le lac St Mary au parc des Glaciers. D’autres sont davantage à taille humaine, tel les lac Jenny, String (peut-être notre préféré) , Leigh (Grand Teton) et le lac Lewis (Yellowstone). Nous avons tenté de gagner à pied des lacs inaccessibles aux voitures et aux hordes de visiteurs mais les eaux de fonte des neiges et les fermetures de sentiers en raison de l’activité des ours nous ont contraints par trois fois à faire demi-tour.

Ces lacs sont reliés entre eux par un vaste réseau de rivières, des plus grandes qui se prêtent au rafting au torrents qui font le bonheur des pêcheurs à la mouche. Avec de belles chutes d’eau dans les défilés rocheux.

Les forêts couvrent l’essentiel des quatre parcs bien qu’on y trouve aussi des espaces de prairies et des zones humides. L’espèce dominante – quasi-unique à Yellowstone, très répandue ailleurs – est le pin tordu (lodgepole pine, pinus contorta). Des espèces à feuilles caduques sont visibles dans les autres parcs, surtout le parc des Glaciers à moins de 2000 m. La doctrine des parcs nationaux consiste à dégager les arbres abattus ou brûlés lorsqu’ils obstruent les sentiers mais à les laisser sur place dans le cas contraire. Il y en a donc des centaines de milliers qui se décomposent et régénèrent la forêt, sans compter les arbres morts encore debout qui forment parfois de véritables forêts fantomatiques.

Vieux Fidèle (photos 1 à 4) ; Lone Star Geyser (photos 5 et 6).

Yellowstone est mondialement célèbre par son activité géothermique. La star incontestée du parc est le Vieux Fidèle (Old Faithful), geyser majestueux qui a le bon goût d’entrer en éruption toutes les 90 minutes à peu près devant plusieurs milliers d’admirateurs assis sagement sur des gradins. Notre préféré est un autre geyser, Lone Star, auquel on accède à pied par une route de quatre kilomètres. Et qui a eu l’obligeance d’entrer en éruption quelques secondes après notre arrivée devant un public de trois personnes, nous deux inclus.

(Diaporama : prenez le temps de faire défiler les photos)

Les geysers mis à part, Yellowstone offre toute la palette des sources chaudes, solfatares, piscines de couleur, fumerolles et sources soufrées. Les concrétions minérales et les micro-algues qui prospèrent aux différentes températures de l’eau chaude font le bonheur des scientifiques et nous ont séduits par leur valeur artistique (Grand Prismatic Springs et Mammoth Springs en particulier).

Nous avons aperçu des ours à trois reprises. A chaque fois d’assez loin pour qu’’ils ne présentent aucun danger pour nous mais pas un grand intérêt non plus. Pourtant, nous avons vécu en permanence dans la pensée des ours et sommes devenus bear aware comme les fonctionnaires du parc nous y ont invités à longueur de journée. Nous n’avons pas quitté notre voiture sans une bombe lacrymogène achetée à Denver et avons enfermé notre nourriture et même notre dentifrice dans une bear box capable de tenir en échec les plantigrades les plus rusés (« designed by backpackers, tested by bears » assure le fabricant).

Nous avons croisé bien plus souvent et de beaucoup plus près bisons, élans et daims. Ici aussi, les rangers des parcs nous avaient dûment chapitrés : avec une apparence faussement placide, bisons et élans sont imprévisibles et peuvent charger à tout moment au péril de la vie du visiteur imprudent. Une distance de sécurité de 23 mètres est de rigueur. Et bien sûr des rongeurs, des oiseaux et des insectes.

Espaces de nature aussi vierge que possible, ces parcs se prêtent peu à l’observation de l’histoire et de l’activité humaine, hormis l’homo touristicus et les lodges impressionnants construits au fil des ans à leur intention. Quelques lieux historiques dignes d’intérêt à Grand Teton, cependant : églises en bois, ancien ferry de Menor sur la Snake River avec son bac et son épicerie centenaire, ancien établissement mormon fondé dans la prairie en 1895. On mesure la force de volonté qu’il fallut pour s’établir et subsister dans ces contrées splendides certes mais loin de tout et aux hivers impitoyables.

Jour après jour, nous avons admiré le remarquable travail de protection et de gestion des parcs, symbolisé par le figure omniprésente du ranger cordial, souriant mais vigilant. Réussir à maintenir une nature sauvage à l’état presque brut malgré le défilé massif des visiteurs – et encore, nous avons échappé à juillet – août – relève d’un tour de force de volonté et d’organisation. Nous avons même trouvé – en cherchant bien et en nous démenant pour les faire fonctionner – des bornes pour charger notre voiture électrique. Sans compter le changement climatique – aridité, incendies, phénomènes climatiques extrêmes - même si ses effets sont moins visibles ici qu’ailleurs. Pourvu que le miracle dure, pour le bonheur et l'instruction de tous.

Voyez aussi notre journal quotidien de voyage.

#adm888