Vers l’Amérique, non sans mal

Publié le par Ding

A ma mère Marie-Annick (1934 – 2024), fidèle lectrice de ces récits de voyage pendant un demi-siècle, attentive à tous les détails (« même le prosaïque m’intéresse »). Elle aurait certainement compati aux péripéties racontées ci-après si elle n’était partie trop tôt.

le Monument de Washington, le 11 mai

le Monument de Washington, le 11 mai

Abstract : to our great disappointment, we have not been able to ship our electric van to America as planned. Shipping companies are reluctant, to put it mildly, to ship non-brand-new EVs. Inexplicably, it took more than a year to receive the required document from Stellantis – Opel, the vehicle’s manufacturer. It is hard to imagine a worst after-sale performance. We faced many other hurdles. Eventually, we had to settle for a plan B : rent an electric car to visit the USA and Canada. We hope it will work.

Rentrés de Dakar, les 22 janvier et 2 février (voir notre journal), nous savions que la suite du voyage serait problématique (voir le premier article : beaucoup d’incertitudes). Elle le fut en effet, plus encore que nous l’escomptions.

Notre 4x4 est rentré de Dakar sur le Grande Cameroon (photo 1) jusqu'à Marseille (photo 2) et de là jusqu'au Revest du Bion (photo 4), d'où il était parti le 30 novembre.
Notre 4x4 est rentré de Dakar sur le Grande Cameroon (photo 1) jusqu'à Marseille (photo 2) et de là jusqu'au Revest du Bion (photo 4), d'où il était parti le 30 novembre.Notre 4x4 est rentré de Dakar sur le Grande Cameroon (photo 1) jusqu'à Marseille (photo 2) et de là jusqu'au Revest du Bion (photo 4), d'où il était parti le 30 novembre.Notre 4x4 est rentré de Dakar sur le Grande Cameroon (photo 1) jusqu'à Marseille (photo 2) et de là jusqu'au Revest du Bion (photo 4), d'où il était parti le 30 novembre.

Notre 4x4 est rentré de Dakar sur le Grande Cameroon (photo 1) jusqu'à Marseille (photo 2) et de là jusqu'au Revest du Bion (photo 4), d'où il était parti le 30 novembre.

Première tâche : récupérer notre fidèle 4x4 Suzuki laissé à Dakar. Cela a pris plus de temps que prévu mais la crise politique sénégalaise en février n’a heureusement pas perturbé l’activité du port. Notre voiture a quitté Dakar le 19 février sur le Grande Cameroon de l’armement Grimaldi. Après une navigation assez sinueuse (Tanger Med, Livourne, Sète, Valence, Gênes), elle est arrivée à Marseille le 11 mars. Elle a été récupérée sans difficulté le 13 au terminal Europe Med. La douane du port a accepté à contrecœur de viser le carnet de passages, tout en recommandant d’opter pour un carnet ATA pour de futurs voyages.

L'ambassade américaine à Paris, qui nous a délivré des visas pour notre voyage

L'ambassade américaine à Paris, qui nous a délivré des visas pour notre voyage

Nous souhaitions obtenir des visas de tourisme pour les Etats-Unis plutôt que de simples autorisations électroniques de voyage (ESTA). L’obtention de ces visas a demandé beaucoup de temps et nous a causé quelques inquiétudes mais pas de difficulté majeure. J’ai dû attendre presque huit mois un rendez-vous à l’ambassade américaine à Paris mais ce rendez-vous s’est bien passé et le précieux visa est arrivé le lendemain. Elisabeth a eu bien du mal à obtenir son rendez-vous mais a finalement reçu son visa début avril.

Nous avions lancé depuis plus d’un an les démarches pour expédier e-Scargo!, notre van électrique, vers les Etats-Unis. Nous avions compris très vite que les compagnies maritimes, échaudées par plusieurs incendies possiblement causés par des batteries, nous refuseraient l’embarquement ou exigeraient des documents spécifiques : des fiches de données de sécurité (FDS ou MSDS) détaillant les précautions à prendre, ou des rapports d’épreuves (BTS) certifiant que ces batteries avaient satisfait à huit sortes de tests prescrits par la convention internationale pertinente.

Pour deux des batteries que nous comptions emporter, l’obtention des FDS fut expédiée en 24 heures. Mais pour notre van Opel Vivaro-e, l’affaire a tourné très vite au cauchemar, un cauchemar qui a duré plus d’un an. Notre première demande à notre concessionnaire Opel à Montpellier fut envoyée le 24 février 2023. Un an plus tard, malgré de nombreuses relances, nous n’avions rien obtenu. Le concessionnaire, lorsqu’il a fini par se mobiliser début 2024, s’est heurté à des services techniques qui se renvoyaient mutuellement la balle. Opel nous a donné, pendant plus d’un an, le spectacle d’une bureaucratie dysfonctionnelle dont les acteurs ne se parlent pas entre eux et d’un service après vente déplorable. Grâce à l’insistance de deux responsables d’Opel Montpellier, qui ont pris notre problème à cœur, la précieuse fiche de données de sécurité est finalement arrivée mais très tard, le 9 avril 2024.

Comme si cela ne suffisait pas, d’autres combats bureaucratiques nous attendaient :

- il nous a fallu plus de cinq mois pour obtenir la nouvelle carte grise de notre van, suite à son aménagement en véhicule de loisirs. Après deux mois d’attente, nous avions reçu la carte grise d’un autre véhicule (!). Il a fallu plus de trois mois supplémentaires ponctués de relances pour obtenir enfin une carte grise rectifiée. Le système nous est apparu très lourd et bureaucratique, les interlocuteurs accessibles au téléphone n’ayant pas de prise directe sur l’instruction du dossier. Un bon point pour la préfecture de police de Paris qui n’a pas ménagé sa peine et a finalement permis de débloquer la procédure en mars.

- trouver un transitaire américain qui accepte de dédouaner notre van à son arrivée aux Etats-Unis a a aussi pris du temps, bien que notre transitaire française ait pris notre cause très à cœur ; d’autant plus que le port de Baltimore, spécialisé dans l’accueil des véhicules, a fermé le 26 mars suite à effondrement d’un pont percuté par un porte-conteneurs.

- les autres obstacles étant aplanis, nous nous sommes heurtés aux délais de la procédure américaine : un véhicule ne peut partir vers les Etats-Unis que s’il dispose d’une exemption de l’Agence américaine de l’environnement (EPA). Cette procédure d’exemption nécessite plusieurs semaines.

e-Scargo! en test en Haute Provence en avrile-Scargo! en test en Haute Provence en avril

e-Scargo! en test en Haute Provence en avril

Il y eut même un faux départ : le 14 avril, j’ai pris le volant d’e-Scargo! par la route empruntée le premier jour du voyage, le 30 novembre. En direction du port de Fos, d’où il devait partir pour New York la semaine suivante. Mais l’entretien préalable du véhicule à Montpellier a demandé  trois jours au lieu d’un (merci Opel) et il est apparu entre-temps que notre van ne pourrait embarquer faute d’avoir trouvé à temps un transitaire américain. Je suis rentré bredouille au Revest le 17.

Non, ce 'est pas en Amérique mais à Montpellier (Hérault) pendant l'entretien de notre van le 15 avrilNon, ce 'est pas en Amérique mais à Montpellier (Hérault) pendant l'entretien de notre van le 15 avril

Non, ce 'est pas en Amérique mais à Montpellier (Hérault) pendant l'entretien de notre van le 15 avril

Cette succession de retards est devenue dirimante car les saisons sont importantes pour un grand voyage. Partir fin mai ou en juin aurait été trop tard. Nous avons renoncé la mort dans l’âme à expédier notre van électrique sur les mers. C’est une grande déception après des années de réflexions et d’efforts pour choisir et aménager un campervan électrique (voir l’article le choix et la préparation du véhicule). Ce véhicule objet de tant de rêves va à nouveau rester au garage pour des mois. Nous l’avions pourtant fait entretenir à Montpellier et testé en Provence plusieurs jours durant en avril.

Notre 4x4 rentré de Dakar et notre van e-Scargo! au Revest en avril

Notre 4x4 rentré de Dakar et notre van e-Scargo! au Revest en avril

Nous sommes donc passés à la réalisation du plan B mûri à partir de février : louer une voiture électrique pour un périple aux Etats-Unis et au Canada de mai à juillet afin de ne pas renoncer entièrement à notre projet de voyage bas carbone. Puis poursuivre si faire se peut vers le Mexique et l’Amérique centrale, sans doute avec notre vieille Suzuki qui nous a si vaillamment transportés en Asie et en Afrique. Les inconvénients de ce nouveau projet sont nombreux mais avions nous le choix ?

Le séquoia géant des Champs Elysées, la statue de la liberté du pont de Grenelle, à Paris ; le "66" à Suresnes (Hauts de Seine)
Le séquoia géant des Champs Elysées, la statue de la liberté du pont de Grenelle, à Paris ; le "66" à Suresnes (Hauts de Seine)Le séquoia géant des Champs Elysées, la statue de la liberté du pont de Grenelle, à Paris ; le "66" à Suresnes (Hauts de Seine)

Le séquoia géant des Champs Elysées, la statue de la liberté du pont de Grenelle, à Paris ; le "66" à Suresnes (Hauts de Seine)

Même pour partir sans notre véhicule préféré, les embûches ont continué jusqu’au départ : American Express ne nous a pas délivré, malgré deux mois de relances, la carte bancaire qui aurait été la plus adaptée à notre voyage américain. Nous ignorons pourquoi. Chronopost a été incapable de nous livrer à temps le téléphone commandé pour les Etats-Unis, j’ai dû me précipiter à Argenteuil le dernier jour ouvré avant le départ et le retirer au moment où le guichet fermait.

 

Le lecteur trouvera peut-être ces petites misères bien triviales. C'est vrai mais ce parcours du combattant révèle une société et une économie assez dysfonctionnelles. Nous avons vécu chaque fois la même galère avec les bureaucraties publique ou privées : impossible d’approcher ou même de parler aux personnes qui traitaient – ou plutôt ne traitaient pas - notre dossier ; innombrables appels à des plateformes téléphoniques qui font toujours la même réponse : « je comprends votre problème mais ne peux rien faire pour vous, je fais remonter votre demande. » Quelques jours plus tard il faut rappeler et l’on obtient la même réponse. Et encore, et encore. L’anonymat et l’irresponsabilité érigés en système.

Vers l’Amérique, non sans mal

Nous n’avons heureusement pas jeté l’éponge. Le 10 mai au soir, j’ai retrouvé Washington D.C. où nous avions naguère vécu quatre ans. Après trois jours merveilleux chez de très chers amis, j’ai rejoint l’aéroport Ronald Reagan National en Virginie où une petite voiture électrique Chevrolet Bolt m’attendait.

Vers l’Amérique, non sans mal

Départ vers l’ouest le 13 mai à 14 heures 20. A nous deux l’Amérique !

#adm888

Nous reprenons la rédaction de notre journal quotidien de voyage.

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