Journal autour du monde 2023 : 02 - Maroc Sahara
Suite de Journal autour du monde 2023 : 01 - France Espagne Maroc
24ème au 26ème jour, 23 au 25 décembre, Meknès Fès 72 km et séjour à Fès
Un court trajet nous conduit à Fès (4° 59’O, 34° 3’N). Après un bref arrêt dans la ville nouvelle, nous nous installons dans la médina de Fes-el-Bali et commençons nos visites.
La medersa Attarine du 14ème siècle, la plus ancienne de la ville, héritière d’une longue tradition de savoir. Décoration raffinée de marbre, de stuc et de cèdre. Des cellules dans les étages, on devine une très belle mosquée juste à côté (Qaraouyine) mais son accès est, comme il est de règle au Maroc, interdit aux non-musulmans.
La medersa Bou-Inania, contemporaine de la précédente et très belle et très raffinée aussi. On voit la salle de prière de l’extérieur et on ne visite pas les cellules à l’étage.
Le palais du Glaoui, château de la belle au bois dormant surveillé par un artiste-gardien clochardisé. Palais encore impressionnant malgré son état d’abandon. Pour rappel, le pacha Thami El Glaoui (1879 – 1956) fut l’allié du protectorat français pendant des décennies et s’opposa à Mohamed V avant de se soumettre finalement.
Le palais El-Mokri, construit par un grand vizir en 1906, en bien meilleur état que le précédent et impressionnant aussi. Il ne se visite en principe pas mais nous avons pu y accéder car Thibaut, Romy et leurs enfants y ont réservé leur hébergement.
Le palais Mnebhi, qui fut la résidence de Liautey à son arrivée en 1912.
L’ancien fondouk (équivalent d’un caravansérail) Nejjarine, bâtiment remarquable par son architecture, très bien restauré et devenu un musée des traditions et du travail du bois avec une collection de grand intérêt.
Nous avons bien sûr longuement arpenté la médina. Même avec la petite expérience des villes précédentes, la médina de Fès se distingue par sa taille et son dédale de ruelles. Certaines ont été restaurées et sont devenues assez chics, d’autres sont entièrement dans leur jus. On s’y perd inévitablement mais on se retrouve avec l’aide des citadins, toujours prêts à aider (un peu trop parfois).
Nous avons fait une brève sortie dans la ville royale de Fès et Jédid : promenade dans les jardins de la marche verte et dans le mellah (quartier juif).
Nous retrouvons Thibaut, Romy et leurs enfants au palais El Mokri. Une soirée familiale achève notre séjour.
27ème jour, 26 décembre, Fès Midelt, 225 km
Nous quittons Fès vers 10 heures. La ville est vaste et en sortir prend du temps. Nous gagnons d’abord Ifrane, station d’altitude (1650 m) dans le Moyen Atlas, fondée par les Français en 1928. Avec ses forêts, ses hôtels et ses maisons style chalet, elle se donne l’air d’une station de ski, mais sans neige actuellement.
Nous roulons ensuite presque jusqu’à Azrou. La montagne est couverte d’une belle forêt de cèdres habitée par des babouins. Nous poussons jusqu’au cèdre Gouraud, arbre spectaculaire … mais mort, lieu d’excursions couru des Marocains.
Nous poursuivons notre route vers le sud par la nationale 13. Les forêts de cèdres font bientôt place à une sorte de steppe d’altitude, avec des vues très dégagées et des paysages parfois spectaculaires. Nombreux troupeaux de moutons, des ânes, quelques champs cultivés là où est peu d’eau est disponible. Après le col de Zad (2190 m), la route redescend et traverse la plaine qui sépare le Moyen et le Haut Atlas.
La route est bonne dans l’ensemble mais elle est sinueuse et la circulation est assez importante. Très peu de villages mais quelques bourgades – Timahdite, Ait Oufella, Zayda - et des campements de nomades. Nous faisons étape à Midelt (4° 45’O, 32° 41’N, alt 1480 m), petite ville au pied du Haut Atlas.
28ème jour, 27 décembre, Midelt Agoudal, 209 km
Nous quittons Midelt à 8 heures, quelques minutes après le lever du jour. Une fois n’est pas coutume, nous emmenons un passager. Il a 55 ans, se prénomme Moustapha et nous a été recommandé pour nous guider sur la piste où il serait aisé de se perdre. C’est un excellent compagnon de voyage, connaissant parfaitement le pays et d’une très grande gentillesse.
Nous partons vers le sud-ouest et escaladons bientôt les premières pentes du Jbel Ayachi, l’une des chaînes du Haut Atlas. Le goudron cesse après 6 km mais les 42 km de piste qui suivent s’avèrent finalement aisés à franchir en 4x4 par temps sec. Le cirque Jaffar, que nous traversons après 30 km, est splendide dans la lumière du matin, avec ses forêts de cèdre. Un col à 2250 m. Nous ne rencontrons aucun véhicule. Pas de villages, seulement quelques bergers. Les quelques filets d’eau de ce paysage aride sont gelés.
Sur la route de Midelt à Imilchil
Au km 48, la piste rejoint une route goudronnée qui vient du nord. Ce n’est pas vraiment un progrès car c’est une mauvaise route toute en nids de poule. Nous passons trois rivières à gué près de ponts en construction et de nombreux radiers à sec. Les quelques véhicules croisés font route vers les marchés hebdomadaires. A partir de Tagoudit, les villages berbères se succèdent : Agoudim, Boutsafine, Tanaluth, Anefgou où nous prenons congé de notre guide. La pauvreté est visible et les enfants demandent de l’argent. Les paysages sont spectaculaires toute la journée même s’ils n’égalent pas tout à fait le cirque de ce matin.
Après un déjeuner en bord de route et un col à 2550 m, nous trouvons une route nord sud qui nous conduit au village d’Imilchil, à 174 km de Midelt. Il est 16 heures. Faute de temps pour aller voir les lacs voisins, Imilchil nous rebute plutôt. Nous repartons vers le sud et faisons étape à Agoudal (5° 29’O, 32° 1’N, alt. 2300 m). Une auberge berbère joliment aménagée nous fournit une chambre à peu près chauffée, ce qui est bienvenu avec le froid du soir.
29ème jour, 28 décembre, Agoudal Boulmane Dadès, 150 km
Nous quittons Agoudal vers 10 h 30. Il a gelé cette nuit mais le soleil nous réchauffe vite. Quelques jolies maisons La route s’élève progressivement dans un beau paysage minéral. Nous nous arrêtons souvent pour profiter du spectacle. Vers 11 30, nous passons le col de Tiherouzine (alt 2 645 m), qui sera peut-être le point culminant de ce voyage. Vue magnifique vers l’est et le sud. Pas un arbre à perte de vue. Route excellente et très peu de circulation.
Traversée de quelques villages (Ait Hani, Tamtattoutche), puis nous passons à côté d’un barrage à sec et pénétrons dans les gorges de Todgha (prononcer « Todra »). Celles-ci sont à sec et nous y sommes seuls. Les premiers palmiers font leur apparition.
Peu après le déjeuner, nous arrivons à un coude où commence un passage particulièrement encaissé et étroit. Une petite rivière coule à partir de maintenant au fond de la gorge, alimentée par une source. Nous passons sans transition du désert au surtourisme, avec une fréquentation très importante, des camping cars, d’innombrables vendeurs et même un groupe de touristes chinois venus en car.
Peu après la sortie des gorges, la route s’élève un peu et offre de belles vues sur la palmeraie très connue de Tineghir, petite capitale de province.
Nous gagnons le village d’Afanour pour une petite marche de la palmeraie et la visite de la medersa Ikelane. Jolie mosquée traditionnelle, sans doute du 19ème siècle, tombée à l’abandon et rénovée récemment. Visite intéressante et très gentil accueil.
A Tineghir, nous retrouvons les routes nationales (N 10). Nous faisons route à l’ouest dans la plaine semi-désertique qui sépare deux chaînes de l’Atlas. Quelques belles constructions berbères dans les villages traversés, dont Imiter.
Nous faisons étape à Boulmane Dadès (5° 59’O, 31° 22’N, alt 1580 m), au débouché des gorges du Dadès. A nouveau, dans un hôtel décoré en style berbère. Ces lignes sont écrites devant un feu de bois réconfortant.
30ème jour, 29 décembre, excursion dans les gorges du Dadès puis Boulmane Dadès Ouarzazate, 193 km
La journée commence par une excursion dans les gorges du Dadès jusqu’au village d’Imdiazen (38 km dans chaque sens). Les gorges rappellent beaucoup celles du Todgha hier avec un caňon très encaissé et spectaculaire. Le Dadès est en eau malgré la sécheresse ambiante.
Malheureusement, nous sommes ici en plein surtourisme. Arrive en même temps que nous un groupe de cent touristes espagnols en 4x4 qui quittent les lieux assez vite. Mais la vallée a été beaucoup trop construite pour l’accueil des touristes. Il faudrait continuer plus loin pour « rendre au ciel qu’ils souillaient toute sa pureté ».
Nous sommes de retour à 13 h 45 et prenons aussitôt la route vers l’ouest. Les trente premiers kilomètres se font dans un véritable corridor urbain, sans attrait. On retrouve ensuite la plaine semi-désertique. Courte halte à Skoura : la palmeraie, très vaste, est en mauvais état, sans doute à cause de la sécheresse. Quelques belles kasbah.
De Skoura à Ouarzazate, nous voyons à distance une lumière éblouisssante. C’est la tour solaire à refroidissement sec du complexe Noor III, mise en service en 2018, qui produit 750 MW de puissance, au coeur d’un vaste parc solaire.
Nous arrivons à Ouarzazate (6° 54’O, 30° 55’N, alt 1160 m) à 16 heures. La ville est vaste est largement modernisée. Petite promenade dans le vieux quartier, de petite taille qui a été plutôt bien restauré. L’ancien palais est cependant fermé pour rénovation jusqu’en 2030. Une proportion non négligeable de la population a des origines africaines subsahariennes, l’art africain fait son apparition dans les boutiques de souvenirs.
31ème jour, 30 décembre, Ouarzazate Marrakech, 223 km
Nous gagnons Aït Benhaddou, à 30 km au nord-ouest de Ouarzazate. Le vieux village, très bien restauré, est remarquable, mais très envahi par le tourisme. On parle chinois et hindi autour de nous.
Nous poursuivons vers le nord par la petite route à l’est de la nationale. La route s’élève peu à peu. Très vite, les marques du séisme de septembre apparaissent : maisons en travaux, tentes bleues de l’aide humanitaire chinoise dans tous les villages.
A Telouet, la kasbah ne se visite pas actuellement car elle a été fragilisée par le séisme. Les villageois tentent de se passer de cette ressource avec la vente de l’artisanat.
Belles vues sur les montagnes environnantes, dont l’ighil M'Goun au nord-est (alt 4 071m, photo 2 ci-dessus).
Peu après le déjeuner, nous retrouvons la route nationale et franchissons un col à 2 260 m. La route vers Marrakech est assez bonne avec de belles vues mais chargée, donc lente.
L’arrivée à Marrakech (8° 0’O, 31° 37’N) est difficile. Un premier appartement que nous avions réservé sur Booking.com fait défaut, un deuxième est introuvable, sans doute une arnaque en ligne. Trouver un hôtel est ardu un 30 décembre mais nous y parvenons finalement vers 20 heures.
32ème jour, 31 décembre, Marrakech
Nous gagnons en taxi puis à pied la place Jemaa Al Fna, cœur de la vieille ville. Le minaret de la Koutoubia du 12ème siècle, emblématique, non seulement ne se visite pas mais on ne l‘approche plus : un périmètre de sécurité a été établi après le séisme de septembre et il a été renforcé en plusieurs endroits. Nous en faisons le tour et l’admirons sous tous les angles. Il a inspiré d’autres monuments, dont la Giralda de Séville.
La médina, où nous passons l’essentiel de la journée est à la hauteur de sa réputation par sa taille et la variété de ses marchés. L’agrément de la visite est malheureusement en partie gâché par l’affluence touristique et, plus encore, par les cyclomoteurs qui parcourent les rues étroites avec le danger, le bruit et la pollution qu’ils apportent. Nous regrettons les rues piétonnes des villes précédentes. Certaines destructions causées par le séisme sont encore visible avec des maisons effondrées.
Marrakech : petites rues
Il reste heureusement des rues calmes. Un bon point pour le quartier de la mosquée Sidi bel Abbès, plus au nord, qui est resté populaire et plus authentique.
On devine des merveilles derrière les hauts murs mais le voyageur ordinaire n’y a guère accès. Nous voyons furtivement quelques beaux riad parmi des centaines.
Courte visite aux tombeaux saadiens du 16ème siècle (murés au 18ème puis « redécouverts » en 1917) qui jouxtent la mosquée Moulay Yazid. La bousculade touristique rend hélas cette visite décevante.
Nous sommes reçus au Dar Moulay Ali, résidence de France, qui a aussi été affecté par le séisme. Nous y sommes très hospitalièrement accueillis et goûtons la sérénité du lieu, au cœur de la ville.
33ème jour, 1er janvier 2024, Marrakech Taroudant 273 km
A tous les lecteurs de ce journal, nous souhaitons une bonne année.
De Marrakech, nous gagnons d’abord Asguine, sur les contreforts de l’Atlas, à 45 km au sud-est (alt 850 m). Le temps est gris. De là, une belle route de montagne dans les forêts de pins nous conduit à Asni, plus à l’est ; nous aurions pu gagner Asni directement mais cette route de montagne méritait d’être prise. Nous déjeunons en forêt. Le Jebel Toukbal (4 170 m), plus haut sommet du Maroc, est tout près au sud d’Asni mais il est caché par les nuages. Le temps devient très beau l’après-midi.
Les villages traversés portent la marque des destructions du séisme de septembre avec des maisons détruises et des villageois logés sous tentes.
A Asni, nous prenons la route vers le sud-ouest en direction de Taroudant, via Ouirguane, Ijoukak et le col Tizi N’Test (alt 2100 m). C’est aussi une belle route de montagne mais le pays traversé a été ravagé par le séisme. La route, déjà mauvaise, s’est encore dégradée et des villages entiers se sont écroulés. Certains d’entre eux évoquent des zones de guerre avec leurs ruines et des centaines de tentes. L’ampleur du désastre et du travail de reconstruction qui reste à faire est ici manifeste.
Du coup, notre projet de passer la nuit à Asni ou un peu après n’est plus faisable. Nous devons franchir le col, descendre le versant sud du Haut Atlas avec à nouveau des villages détruits et continuer jusqu’à Taroudant (8° 52’O, 30° 28’N, alt. 320 m). Nous y arrivons à la nuit tombante, à 19 heures.
34ème jour, 2 janvier 2024, Taroudant Agadir 90 km
Courte promenade à Taroudant ce matin. L’attrait le plus visible de la ville est sa muraille crénelée.
Une courte étape nous conduit ensuite à Agadir. Il fait chaud désormais en milieu de journée, nous sommes descendus au niveau de la mer.
Nous passons chez le concessionnaire Suzuki d’Agadir pour faire vérifier l’état de la voiture, comme nous l‘avions fait en 2014 à Gurgaon (Inde) puis à Thessalonique. Cela fait, nous prenons nos quartiers près de la plage (9° 35’O, 30° 24’ N). Celle-ci est belle et assez propre. Nous nous promenons sur la partie autorisée, car il existe aussi une partie interdite, peut-être une zone militaire. Très peu embarcations en mer.
35ème jour, 3 janvier, Agadir Sidi Ifni 193 km
Nous gagnons la réserve naturelle de Oued Massa, qui fait partie du parc national de Souss Massa, à 60 km à peu près au sud d’Agadir. C’est près du village de Tassila, un peu difficile à trouver car très peu signalé (entrée du parc au lieu dit Sidi Benzaren, 9° 39’ 15’’ O, 30° 3’ 18’’ N).
Nous cheminons le long de l’estuaire de oued Massa, qui vient des contreforts de l’Atlas. Dans un pays très sec, c’est une zone humide avec une grande diversité de plantes et d’animaux. Cormorans, palmipèdes divers, flamants roses et surtout l’ibis à tête chauve, oiseau emblématique du parc, ont fait la réputation de cette réserve. Nous déjeunons agréablement sous un bosquet d’eucalyptus car il fait désormais trop chaud pour s’arrêter en plein soleil.
Excursion après le déjeuner à la plage de Sidi Ouasai, petite mais étonnamment belle et propre vu la proximité du village éponyme.
Dédaignant la nationale 1, nous poursuivons par les petites routes qui suivent la côte à partir d’Aglou. Aglou et Mirleft sont en plein développement touristique avec des lotissements en construction mais le reste de la côte est resté sauvage. Belles vues sur les falaises rocheuses de l’Atlantique. Nous franchissons successivement le 30ème parallèle et le 10ème méridien.
Nous faisons étape à Sidi Ifni, ancienne possession espagnole qui ne fit retour au Maroc qu’en 1969 (10° 9’O, 29° 24’N). Le camping local est calme, alors que d’autres sont pleins de camping cars venus majoritairement de France. Monter une tente sur le sol rocailleux n’est pas simple mais nous y parvenons. Nous dormons dans le grondement du ressac, sous des milliers d’étoiles.
Le très petit centre historique de Sidi Ifni (ex-Ifni) a gardé quelques restes de la présence espagnole. Sur la place Hassan II, ex-plaza de Espaňa, on peut encore voir quelques bâtiments officiels peints en blanc et bleu et l’ancienne église, apparemment déconsacrée. Le tout perché sur une falaise dominant la mer.
Nous continuons à longer la côte jusqu’à Sidi Ouarzeg (on retrouve l’ex-Maroc français), ce qui ajoute un peu plus de 30 km mais offre quelques belles vues. Puis nous rejoignons Guelmin (ex-Goulimine) par de petites routes.
A Guelmin, qui ne présente guère d’intérêt apparent, nous retrouvons la nationale 1, le plus souvent en très bon état, sauf sur quelques portions pas encore refaites. Nous roulons désormais dans le désert. Il est indispensable de se munir de carburant et d’eau, car on ne trouve aucune station service et aucun commerce hors des villes traversées.
Un peu avant Tan Tan, nous franchissons l’oued Draa. Rien de remarquable en plein désert, si ce n’est que la frontière entre le Maroc français et le Sahara espagnol passait ici à l’époque coloniale, bien plus au nord que la limite actuelle du Sahara occidental. Notre carte Michelin de 1951 en fait foi. La route sur laquelle nous roulons en ce moment n’existait pas. A Bou Izakarn commençait la piste de Mauritanie qui permettait de rejoindre Tindouf (au Sahara algérien, 374 km), Nouakchott et Dakar (2 800 km) par l’intérieur de l’Afrique, sans quitter les possessions françaises.
L'enclave d'Ifni et l'acienne frontière entre le Marc français et le Shara espagnol (carte Michelin 171 de 1951)
Après un court arrêt de ravitaillement à Tan Tan, nous faisons étape en bord de mer à El Ouatia, alias Tan tan plage, grand port sardinier et station balnéaire (11°20’O, 28° 29’N). C’est notre quatrième nuit sous la tente. La plage n’est malheureusement pas très propre. Avec la barre, les vagues sont impressionnantes, un vrai mur d’eau qui décourage baignade et surf. Toute la nuit se passe dans le grondement des vagues.
37ème jour, 5 janvier, El Ouatia Laayoune, 245 km
Nous quittons El Ouatia sous une petite pluie, inhabituelle pour nous. Nous faisons route dans le désert toute la journée, sur une route à quatre voies excellente. Circulation heureusement réduite, des camions marocains et des voyageurs étrangers, mais pas les mêmes que les jours précédents : plus guère de retraités français en camping car au-delà d’El Ouatia, plutôt des 4x4 ou des motos se dirigeant vers l’Afrique. Un cyclotouriste allemand est en route vers le Golfe de Guinée. Deux motards lettons comptent aller jusqu’au Cap.
Un peu avant le village d’Afkenhir, nous nous arrêtons en bord de mer au « trou du diable » (12° 20’O, 28° 6’N) : un gouffre au fond duquel la mer s’engouffre. Les falaises sont vertigineuses mais cela ne dissuade pas les pêcheurs, certains descendent même en rappel au dessus de la mer démontée.
Après Afkenhir, la route s’enfonce dans l’intérieur. Nous nous arrêtons au bord de la lagune de Naïla, dans le parc national de Khnifiss. Belle vue de désert et de lagune (12° 14’0, 28° 2’N). Un peu plus loin, à l’ouest de la lagune, la route domine des salines.
Tarfaya, où nous arrivons à 13 h 45 était jusqu’en 1958 le chef lieu du territoire espagnol de Cap Juby. Quelques bâtiments vaguement espagnols, et une étonnante Casa del Mar, construite en 1882 sur un haut fond par l’explorateur écossais Donald Mackenzie. Il est question de la rénover pour qu’elle échappe à la destruction par les flots.
Cap Juby était jadis le site d’un aérodrome où l’Aéropostale faisait escale sur la ligne vers Dakar et le l’Amérique du sud. Un petit musée Antoine de Saint Exupéry raconte cette aventure aéronautique. Le gardien l’ouvre pour nous après la prière du vendredi.
Nous reprenons la route vers le sud à 15 h 20 et traversons un vaste champ d’éoliennes. 34 km plus loin, au village de Tah (12° 57’O, 27° 40’N), un petit monument au milieu d’un rond-point commémore la « marche verte » lancée par Hassan II pour annexer le Sahara occidental. Ici passe la limite invisible entre le Maroc dans ses frontières reconnues internationalement et le Sahara occidental annexé en 1975, que nous allons traverser du nord au sud.
Nous arrivons à 16 h 45 à Laayoune (ex- El Aioun) qui fut la capitale du Sahara espagnol, sur la rive sud de l’oued Saghia el Hamra. Il n’en reste guère de traces visibles, sauf l’église Saint François d’Assise. Beaucoup de bâtiments officiels. Après deux nuits sous la tente, un bon hôtel nous accueille avant la longue étape prévue pour demain.
38ème jour, 6 janvier, Laayoune Dakhla, 550 km
Nous partons à 8 heures, le jour se lève à 8 h 30. La route est de très bonne qualité, à deux voies, mais longue et monotone à travers un désert caillouteux, plat le plus souvent. Quelques portions sont au bord de la mer et offrent de jolies vues, notamment après Boujdour.
La circulation est plus réduite encore qu’hier mais nous faisons route avec un rallye « Monaco Dakar Africa Ecorace » (?) qui nous vaut une abondance de voitures, camions et motos.
En arrivant à proximité de Dakhla, quelques jolies vues sur la baie comprise entre la péninsule et la côte. Mais l’endroit est largement colonisé par les hôtels de luxe et leurs activités récréatives : kite surf, quad, etc.
Hormis un modeste front de mer sur la baie, les attraits de Dakhla (Villa Cisneiros à l’époque espagnole, 15° 57’ O, 23° 41’N) sont limités. Beaucoup de poussière et de détritus. Nous voyons pour la première fois des voitures immatriculées en Mauritanie.
39ème jour, 7 janvier, baie de Dakhla, 59 km
Journée de repos à Dakhla, pour nous comme pour le rallye Monaco Dakar
Nous quittons néanmoins la ville sans regret et nous installons 35 km plus loin, à l’extrême nord de la baie, en pleine zone des kite surfers, avec une belle vue sur les dunes et le plan d’eau.
Nous nous promenons le long de la baies l’après-midi : étendues de sable rigoureusement plates, dunes, un plan d’eau vide et un autre qui sert de terrain de jeu pour le kite surf.
C’est notre cinquième nuit sous la tente, mais pas la nôtre : c’est une tente saharienne avec deux lits, bien plus spacieuse et confortable.
40ème, 8 janvier, jour baie de Dakhla Nouadhibou 422 km
Nous prenons la route vers le sud à l’aube à 8 h 10 avec les derniers véhicules du rallye Monaco Dakar, les autres étant partis plus tôt pour disputer une course en Mauritanie. Peu après le village d’El Argoub, nous coupons le tropique du Cancer, ce que nous avions déjà fait avec cette voiture en Inde et en Oman.
La route reste bonne et est presque vide, sauf les véhicules du rallye. Les paysages sont toujours désertiques, avec de temps à autre une belle vue de mer ou de dunes. Par prudence , nous complétons nos pleins de carburant deux fois avant la frontière.
Nous arrivons à Gerguerat à 13 h 10. Les formalités de sortie – police, gendarmerie, douane, chien - prennent 50 minutes. Nous traversons le no man’s land au milieu duquel le goudron s’interrompt et laisse place à une piste défoncée. Nous quittons ainsi le Sahara occidental.
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