Journal autour du monde 2023 : 01 - France Espagne - Maroc
Premier, deuxième et troisième jours, 30 novembre au 2 décembre 2023, Revest du Bion – Cadaqués (537 km)
Notre grand jour est arrivé : après un petit pèlerinage à Notre Dame de l’Ortiguière (photo 2 ci-dessus) où nous nous étions mariés quarante ans plus tôt, nous quittons notre village de Revest du Bion (Alpes de Haute Provence, 5° 33’ E, 44° 5’ N) jeudi 30 novembre à 15 h 26. Alors que le plateau d’Albion était hier encore baigné de soleil, c’est dans un brouillard épais et sous le crachin que nous prenons la route.
Impression toujours curieuse mais que nous connaissons bien des premiers kilomètres de route en direction d’Apt : nous roulons sur une route tout à fait familière, en plein brouillard, mais en sachant que cette fois, nous partons très loin. A l’enthousiasme de ce départ vers l’aventure tant attendu se mêlent inévitablement les nombreuses inconnues du voyage : jusqu’où et jusqu’à quand irons nous ? Comme nous l’écrivions dans un article de septembre 2013 juste avant de quitter Pékin en voiture : « On a essayé des années durant de tout prévoir, mais il reste ce que l’on ne prévoit pas. Irons nous jusqu’au bout de l’aventure et sans casse ? »
Saint Chamas : le pont de l'horloge ; l'ancien lavoir des contagieux (18ème siècle), au bord de l'étang de Berre
Qui veut voyager loin … Tels les caravaniers afghans du temps jadis, nous commençons par une courte étape : 107 km jusqu’à Saint Chamas (5° 2’ E, 43° 33’ N), sur l’étang de Berre. Nous y arrivons à la nuit tombée pour une soirée festive en famille et une bonne nuit.
Le lendemain, 1er décembre, nous quittons Saint Chamas et notre famille vers 9 h 40. Le temps est à nouveau à la pluie et au brouillard. Notre première visite est à Aigues Mortes, presque désertée par les touristes.
Nous nous arrêtons à l’heure du déjeuner à la très belle cathédrale fortifiée de Maguelone, près de Palavas les flots, visitée une première fois il y a plus de cinquante ans. Les flamants roses abondent dans les étangs alentour.
Courte visite de Sète l’après-midi, promenade sous la pluie autour des canaux.
Nous retrouvons à la tombée du jour la cathédrale d’Agde, en pierre basaltique noire, avec un grand contraste entre l’austérité de cette église fortifiée et l’autel de style baroque à l’intérieur.
Notre étape de 215 km se termine à Béziers (3° 15’E, 43° 21’N). Il fait nuit mais nous nous promenons avec intérêt autour de la cathédrale Saint Nazaire et dans le centre historique, avec le marché et les illuminations de Noël.
Samedi 2 décembre, le soleil est heureusement revenu. La journée commence aux célèbres écluses de Fonseyranes, sur le canal du midi à 3 km de Béziers. Nous tenions d’autant plus à les visiter que leur ingénieur, Pierre Paul Riquet, est de la famille d’Elisabeth. Nous sommes seuls sur ce bel ouvrage dans le soleil du matin.
Nous prenons la route vers Narbonne, pour une courte visite à la cathédrale, Salses le château, où nous déjeunons à côté de la très belle et imposante forteresse, puis Perpignan, dont nous prenons un aperçu très rapide. Les Pyrénées sont maintenant bien visibles au sud.
Collioure
Nous arrivons à Collioure à temps pour profiter des derniers rayons du soleil. La localité est très touristique mais nous sommes séduits par son petit port et ses ruelles colorées.
Nous poursuivons vers le sud par la route côtière vers Banyuls et Cerbere, qui devient sauvage et accidentée. Même au bord de la mer c’est une route de montagne car les Pyrénées plongent dans la mer.
Au col frontière, entre Cerbère et Port Bou, la tramontane souffle en tempête et le spectacle de la mer à la nuit tombante est déjà une vision d’aventure. La nuit est bien noire quand nous parvenons à Cadaqués (province de Gérone, 3° 16’E, 42° 17’N), bourgade très touristique mais glaciale avec le vent du soir.
Quatrième jour, 3 décembre, Cadaqués – Barcelone, 192 km
Dimanche matin, nous nous dirigeons d’abord vers le village de Portligat où se trouve la maison de Salvador Dali transformée en musée dans une petite crique. Nous y sommes seuls à cette heure matinale et c’est une belle vision sous le soleil du matin.
Promenade ensuite dans Cadaqués, avec de belles vues sur la mer et un organiste qui s’entraînait pour nous à l’église Sainte Marie. Décembre aidant, les touristes sont presque absents.
Nous repartons ensuite par la route de montagne parcourue hier soir et faisons route vers Gérone. Nous admirons de loin les Pyrénées enneigés, qui sont maintenant au nord-ouest. Le centre historique de Gérone est très beau avec ses petites rues, sa cathédrale et ses nombreuses églises. L’église romane Saint Pierre de Galligants convertie en musée et les bains arabes voisins nous plaisent particulièrement.
Drapeaux catalans et sologans pour l'indépendance de la Catalogne se rencontrent partout. Le drapeau espagnol est invisible.
La route de Gérone à Barcelone (2° 11’E, 41° 23’ N) est facile mais la circulation et le parking dans Barcelone sont beaucoup compliqués. Nous nous promenons le soir sur les Ramblas et dans les rues avoisinantes, très fréquentées. Beaucoup d’ambiance et curieux mélange de consommation ostentatoire et, par endroits, de délabrement.
Cinquième jour, 4 décembre, Barcelone Tarragone, 117 km
Figure obligée de tout séjour à Barcelone, nous rendons hommage ce matin à l’architecte Gaudi (1852 - 1926) : la Sagrada Familia, basilique immense mais toujours inachevée, et deux autres immeubles très connus : la Pedrera et Casa Battló. Gaudi mis à part, l’art nouveau est partout et suggère une grande prospérité à Barcelone dans les années 1920. Le passeig de Gràcia (esp : paseo de Gracia) est l’avenue chic de Barcelone avec ses boutiques de prestige, très différente des quartiers centraux populaires visités hier soir.
Une courte étape (97 km) nous amène à Tarragone. En chemin un petit arrêt à la crique de cala Jovera à Tamarit, au pied d’un château. C’est une très belle vision avec les derniers rayons du soleil mais les alentours sont littéralement colonisés par les campings et l’affluence doit être intolérable l’été. Au point que nous annulons une réservation d’hôtel faite un peu hâtivement pour nous installer dans un établissement plus convenable à Tarragone (1° 15’E, 41° 7’N).
La ville où nous déambulons le soir nous plaît beaucoup avec sa cathédrale et ses vieilles rues. Deux points d’intérêt particuliers : la muraille romaine avec ses gros moellons qui soutiennent les pierres assemblées ; c’est parait-il la plus haute hors d’Italie. Et le séminaire dont le cloître abrite la ravissante chapelle saint Paul du 15ème siècle. Tout ce centre historique est méticuleusement entretenu et restauré, ce qui le rend très plaisant.
Sixième jour, 5 décembre, Tarragone Valence, 272 km
Une deuxième promenade dans Tarragone ce matin nous conduit à l’amphithéâtre romain, puis dans le quartier historique où nous marchons à nouveau agréablement.
Nous prenons la route vers le sud-ouest dans la plaine littorale vers 10 h 30. Comme les jours précédents, nous évitons l’autoroute AP 7 très encombrée de camions, et empruntons la route nationale N 340 assez peu fréquentée, avec plusieurs tronçons à quatre voies. Progressivement, les oliveraies cèdent la place aux agrumes, orangers et citronniers.
Nous déjeunons juste avant Castelló de la Plana (esp : Castellon de la Plana), dans une pinède au pied d’une petite colline entourée de plantations d’agrumes. Au sommet un château arabe du 10 – 11ème siècle repris par les chrétiens en 1233 et l’ermitage de la Madeleine du 15ème, récemment rénové. Belle vue sur les collines toutes proches et la plaine. La colline se trouve sur le méridien de Greenwich (0° 0’, 40° 2’ N). Nous sommes à la longitude de Londres et à la latitude de Pékin.
Valence : le marché central, la cathérale et le quartier historique
Nous arrivons à Valence (0° 23’O, 39° 28’N) à 15 heures. Nous logeons dans un quartier populaire au sud de la ville et nous promenons dans la ville historique qui donne une idée de son opulence passée avec sa cathédrale, ses nombreuses églises , ses palais et ses vastes places. Le tout très bien restauré et très propre, comme dans les villes précédentes.
Septième jour, 6 décembre, Valence Alicante, 213 km
En quittant Valence, nous traversons une région de marais, le parc naturel de l’Albufera. Notre première destination est Denia, au sud-est de Valence, près du cap Marti. Petite station de bord de mer pas désagréable avec son église, ses petites rues et son château arabe mais pas de point d’intérêt majeur.
Nous poursuivons sur la route côtière et déjeunons entre Calp et Altea au pied d’une église russe bien inattendue ici (0° 1’O, 38° 38’N).
Nous nous arrêtons brièvement dans les stations de la côte : Altea, Benidorm avec ses tours en front de mer, symbole de l’urbanisation touristique espagnole et La Vila Jolosa avec ses petites maisons colorées.
L’arrivée à Alicante est peu engageante : nous traversons des quartiers déshérités plutôt inquiétants. Le petit centre historique est en revanche agréable même s’il ne peut se comparer à ceux villes précédentes : le port, la basilique Santa Maria construite sur l’emplacement d’une ancienne mosquée, la co-cathédrale Saint Nicolas, le quartier Santa Cruz au pied de la colline du château de Santa Barbara. Sans être une ville touristique, Alicante (0° 30’ O, 38° 20’N) est une étape plutôt agréable.
Huitième jour, 7 décembre, Alicante Puerto de Mazarrón, 140 km
Au départ d’Alicante, la route traverse brièvement une zone de marais salants. Ensuite, la plaine littorale est très urbanisée, ce qui rend la conduite lente et peu agréable.
Excellent port naturel, site d’une base navale, Carthagène fut une colonie romaine active il y a deux mille ans. Ce passé a laissé de nombreuses traces : forum romain, rues dallées mises à jour par des fouilles, théâtre et amphithéâtre, villa romaine « Propitia Fortuna » enfouie sous une maison moderne. Nous voyons à quelque distance les restes d’une ancienne fortification punique. Ces antiquités occupent l’essentiel de notre temps.
Eglises et bâtiments historiques de Carthagène
Nous parcourons chemin faisant le petit quartier historique avec quelques églises et demeures d’intérêt.
A l’ouest de Carthagène, nous traversons une petite chaîne de collines (réserve naturelle) et retrouvons la côte après 30 km. Nous faisons étape à Puerto de Mazarrón (1° 16’O, 37° 33’N), petite station balnéaire plutôt bas de gamme, largement désertée en cette morte saison.
Neuvième jour, 8 décembre, Puerto de Mazarrón Aguadulce, 236 km
Nous reprenons la route côtière et un petit tronçon d’autoroute, le premier du voyage, pour éviter un long détour. Nous entrons en Andalousie. C’est une alternance de collines sauvages avec une végétation arbustive semi-désertique et des vues spectaculaires sur la mer, et de stations balnéaires largement désertes mais dont la traversée prend beaucoup de temps. Nous nous arrêtons souvent pour voir la vue. De très nombreux camping cars venus d’Allemagne, du Royaume Uni, de France, des Pays Bas ou de Belgique, stationnent en bordure des plages.
Nous visitons le village très connu et très touristique de Mojácar Pueblo, perché sur une colline. Intéressant sans plus.
Nous explorons ensuite le parc naturel de cabo de Gata – Níjar, de Carboneras à San Jose. Toujours de belles vues sur les falaises et la mer. Nous devons renoncer à visiter les deux villages les plus connus, Las Negras et San Jose, faute de pouvoir garer la voiture. Nous sommes pourtant en basse saison.
A Almeria, il nous faut plus d’une heure pour garer la voiture. Nous sortons bredouilles d’un premier parking tant les places y sont exiguës. Il est beaucoup trop tard pour visiter l’Alcasaba (citadelle mauresque), qui ferme dès 15 h les jours fériés, mais nous le voyons de l’extérieur avec une belle lumière du soleil couchant. Belle cathédrale fortifiée, ancienne citerne arabe, bains arabes toujours en activité.
La sortie de la ville est difficile avec les petites rues embouteillées. Nous arrivons vers 19 h 30 à Aguadulce, station de bord de mer 10 km plus à l’est (2° 34’O, 36° 49’N).
Dixième jour, 9 décembre, Aguadulce Orgiva, 149 km
Nous quittons Aguadulce vers 10 h vers l’ouest. A El Ejido, nous bifurquons vers l’intérieur au nord-ouest et nous élevons dans les collines des Alpujarras. Les sommets enneigés de la Sierra Nevada apparaissent au nord. Nous nous élevons par une succession de petites routes, fréquentées car nous sommes au milieu d’un long week-end. Les villages blancs andalous se succèdent : Yátor, Alcútar. Nous déjeunons dans une forêt de chênes-liège à 1 430 m d’altitude.
Bubión, Capileira, Pampaneira
L’après-midi nous passons par Trevélez (village le plus élevé d’Andalousie, nous fuyons devant l’affluence), Busquitás, Portugos et Bubión. De là, nous montons à pied à Capileira, au bout de la route (alt. 1436 m), très envahi par le tourisme, et redescendons par le village aussi très touristique de Pampaneira. Ces trois villages, très touristiques, sont nichés dans la vallée du Poqueria, dominée par des hauteurs enneigées.
Nous redescendons en voiture jusqu’au gros village d’Órgiva, dont le camping nous accueille pour notre première nuit sous la tente (3° 25’O, 36° 53’N, alt. 410 m).
11ème jour, 10 décembre, Órgiva Grenade, 62 km
Beau temps mais frais ce matin en sortant de la tente. Nous quittons Órgiva vers 10 heures et nous arrêtons brièvement dans les villages de Lanjarón, puis Lecrín. Intérêt limité.
Grenade : le centre historique
Nous arrivons à Grenade (3° 36’ O, 37° 11’N, alt. 730 m) pour déjeuner. Il fait toujours très beau mais la ville est dans une cuvette au pied de la Sierra Nevada et une chape de pollution la domine. Nous sommes maintenant sur les traces de nos enfants : Caroline en août 2010, Thibaut et sa famille à Noël 2021.
Grande promenade cet après-midi : nous traversons le centre historique avec la cathédrale et les belles maisons et montons dans le quartier arabe d’Albaicín au nord de l’Alhambra. Belles demeures un peu partout. Les touristes sont très nombreux. La couleur locale andalouse est omniprésente et surjouée pour le tourisme : restaurants et marchands de souvenirs donneraient l’illusion d’un voyage au Maroc si églises et couvents ne rappelaient un peu partout l’Espagne catholique.
La visite de l'Alhambra est prévue pour demain maius nosu l'admirons dès aujourd'hui (10 décembre) à distance.
12ème jour, 11 décembre, Grenade Antequera, 102 km
Nous remontons à l’Alhambra aux premières lueurs de l’aube et visitons le palais Nazaries à partir de 9 heures. C’est le joyau de l’Alhambra, pour lequel les visites doivent être réservées à l’avance. Grâce à ce système, l’affluence est forte mais supportable.
L'Alhambra : le palais Nazaries
Le palais est à la hauteur de sa réputation à l’intérieur, l’extérieur étant d’apparence plus banale. La finesse des sculptures et les jeux d’eau dans les pièces et les jardins en font le haut lieu par excellence de l’architecture andalouse.
Nous visitons ensuite plusieurs sites périphériques : la citadelle (Alcasaba), le palais de Charles Quint, le palais du Generalife et les jardins qui les entourent. Belle vue sur la ville dans toutes les directions même si l’ai reste pollué. Très belle visite au total, jusqu’à 12 h 30.
Nous reprenons ensuite la route vers l’ouest. Une courte étape à travers les collines sur une voie express nous amène à Antequera (4° 34’O, 37° 21’N, alt. 520 m). Épargnée par les hordes de touristes, Antequera est riche d’un beau patrimoine avec sa citadelle bâtie sur une colline, ses trente églises et nombre de belles demeures avec leurs patios andalous.
13ème jour, 12 décembre, Antequera Cordoue et retour, 41 km + train
Nous gagnons en voiture la gare de Santa Ana à 18 km d’Antequera. De là, le train nous conduit à Cordoue en 45 mn.
Cordoue : la Mezquita (mosquée- cathédrale)
Nous retrouvons la mosquée – cathédrale (Mezquita) déjà visitée en 1973. Chef d’oeuvre et combinaison sans doute unique au monde d’architectures islamique et baroque. Superposition intéressante d’une cathédrale primitive du 6ème siècle dont il demeure des soubassements, d’un mosquée construite en plusieyurs fois et d’une cathédrale baroque remarquable. A l’extérieur, la cour des orangers est un séjour agréable avec le soleil presque chaud de décembre.
Nous parcourons ensuite les rues du centre historique et visitons neuf églises « fernandines » construites par Ferdinand III de Castille aux 13 et 14ème siècles peu après la Reconquista. Certaines ont été construites sur les sites d’anciennes mosquées dont elles incorporent des restes. Nous terminons par l’ancien quartier juif (Juderia) et la synagogue, l’une des trois d’Espagne.
Malaga : la ville historique
14ème jour, 13 décembre, Antequera Malaga Ronda, 154 km
Nous quittons Antequera pour Malaga où nous arrivons à 10 h 30. Agréable promenade en centre ville et sur le port. Chemin faisant, nous voyons le théâtre romain, la citadelle (Alcazaba) déjà vue en 1973, et plusieurs églises dont la cathédrale de proportions monumentales. Avec les palmiers et une végétation presque tropicale, l’ambiance est agréable.
Nous reprenons la route vers le nord-ouest peu avant 14 heures. La route s’élève d’abord dans des collines cultivées (oliviers, agrumes) puis dans les forêts de pins du parc de la Sierra Nieves. Bien que l’altitude reste modeste (un col à 1190 m), la route très sinueuse offre de belles vues et une impression de montagne.
Nous prenons nos quartiers à Ronda (5° 10’O, 36° 45’N, alt. 750 m), déjà visitée en 1973, et commençons la visite de nuit. Le pont neuf, achevé en 1793, offre une vue spectaculaire sur le caňon en contrebas. Décembre aidant, la fréquentation touristique est limitée et la ville agréable bien que fraîche.
Ronda
15ème jour, 14 décembre, Ronda Manilva, 96 km
Il fait très beau mais froid ce matin. Nous attendons la fin de matinée pour arpenter à nouveau Ronda, qui est très pittoresque. Nous gagnons la vieille ville (ciudad) par le vieux pont, passons par le pont et les bains arabes et rentrons par le pont neuf.
Au moment de quitter la ville vers 13 h 30, la voiture refuse de démarrer à cause semble-t-il d’une panne électrique. Après vingt minutes de tentatives infructueuses, le moteur démarre enfin. Nous gagnons gagnons Estepona par une très belle route de montagne, dans des forêts de pins avec de belles vues sur la mer.
Le garage Suzuki d’Estepona suspecte des bougies défectueuses mais n’a pas de bougies de remplacement. Nous reprenons la route et faisons étape comme prévu sur les hauteurs de Manilva (5° 15’O, 36° 21’N), près de la mer mais dans les collines. Nous sommes hébergés dans une résidence pour estivants, largement désertée à cette saison.
16ème jour, 15 décembre, Manilva Algésiras, 55 km
La voiture démarre sans difficulté (ouf !). Nous reprenons la route à petite vitesse avec plusieurs arrêts sur la côte, à Sotogrande notamment. Le rocher de Gibraltar est bientôt visible et en arrière-plan la punta Maroqui, pointe sud de l’Espagne continentale.
Nous arrivons peu après midi à La Linea de la Concepción et garons la voiture tout près de la frontière. Notre visite à Gibraltar fera l’objet d’un article séparé.
Cette visite achevée, nous contournons la rade et faisons étape dans la ville portuaire d’Algésiras (5° 27’O, 36° 9’N). La nuit tombe ici vers 18 h 30, 1 h 15 plus tard qu’à Paris.
17ème jour, 16 décembre, Algésiras Ceuta, 10 km + bateau
Nous gagnons le centre d’Algésiras à pied et visitons deux points centraux : la Plaza de Africa et l’église San Isidro. Pas désagréable mais limité comparé aux villes précédentes.
Nous gagnons par précaution le port dès 13 h ce qui nous vaut une longue attente. De jeunes Français partent passer l’hiver au Maroc en camping cars. Pour certain, il s’agit de véritables camions aménagés.
La traversée se passe sans difficulté en une heure dans un ferry tout neuf et presque vide, avec tout de même de la houle. Belle vue sur le rocher de Gibraltar puis sur le détroit.
Nous visitons le centre de Ceuta (5° 18’O, 35° 53’N) en fin de journée. Quelques petites curiosités mais rien de comparable aux belles villes des jours précédents. Le centre ville où nous logeons est très animé et bruyant ce soir, en raison semble-t-il d’un concert de Noël. Le rocher de Gibraltar est visible de notre balcon.
Ceuta est le lieu d’un chapitre de notre roman favori de Jules Verne Mathias Sandorf : l’enlèvement par le Dr Antekirtt du bagnard Carpena. Nous avions déjà visité plusieurs sites du roman lors de voyages précédents en Istrie et en Dalmatie (voir la page : un voyage extraordinaire).
18ème jour, 17 décembre, Ceuta Tanger, 77 km
Le passage de la frontière se fait sans attente ni difficulté. Il en irait sans doute différemment en haute saison quand les Marocains vivant en Europe rentrent en nombre au pays. La police espagnole a mis en place un grand parking par lequel le passage est obligatoire afin de mettre en attente les véhicules en surplus.
La route vers l’ouest escalade les pentes du Jbel Musa, offrant de belles vues sur le détroit et la côte espagnole en face. La région est relativement fertile, cultivée par endroits.
Après le port de Tanger Med, impressionnant par sa taille et sa modernité, nous dédaignons l’autoroute et optons pour la vieille route côtière (nationale 16). Nous passons en bordure du site archéologique de Ksar el Seghir et déjeunons un peu plus loin avec une belle vue sur le détroit. Le rocher de Gibraltar est encore visible au nord-est.
Trouver notre hôtel à Tanger (5° 48’O, 35° 46’N) est un peu complexe sans GPS ni téléphone mais l’aide des passants, très serviables, nous permet d’y arriver sans trop de mal. La circulation est heureusement peu dense, au moins le dimanche.
Tanger : la medina
Nous arpentons longuement la médina l’après-midi. Certaines portions sont un peu trop restaurées et colonisées par les maisons d’hôtes mais d’autres sont restées très authentiques et populaires. C’est au total un beau quartier, même pour des voyageurs venant d’Andalousie, enserré dans les fortifications de la ville.
19ème jour, 18 décembre, Tanger Tétouan, 68 km
Nous poursuivons nos visites à Tanger le matin avec :
- le palais des institutions italiennes, ancien palais du Sultan Moulay Hafid, demeure majestueuse mais assez décatie ;
- les tombes punico-romaines, sur une falaise surplombant la mer ;
- le palais Marchan, qui est le palais du Roi à Tétouan (ne se visite bien entendu pas) ;
- la villa Harris, à l’est de la ville ; cette ancienne demeure d’un journaliste britannique transformée en musée est au centre d’un très beau jardin proche de la mer.
Nous gagnons ensuite Tétouan (5° 22’O, 35°34’N) par une route sans grand intérêt. Une fois sur place, nous perdons plusieurs heures pour trouver notre logis, un riad au cœur de la médina, puis pour nous procurer des cartes SIM qui ne fonctionnent pas malgré toutes nos tentatives.
Tétouan est une ville fort intéressante avec un vaste souk dans la médina (à traverser pour gagner notre riad) et une belle ville nouvelle de la période espagnole. Tétouan est en effet situé dans l’ancien Maroc espagnol. Le roman précité de Jules Verne Mathias Sandorf comporte aussi un chapitre localisé à Tétouan.
20ème jour, 19 décembre, Tétouan Chefchaouen, 64 km
Nous quittons Tétouan en fin de matinée vers le sud. La route est tantôt excellente lorsqu’elle a été rénovée et élargie à quatre voies, tantôt très médiocre sur les portions en travaux.Un col à 590 m. Nous déjeunons peu avant le barrage de Chefchaouen.
Chefchaouen : dans la médina
Nous prenons nos quartiers au camping de Chefchaouen (5° 16’O, 35°11’N, alt. 650 m), à 2 km de la ville en contrehaut, et explorons la médina l’après-midi.
Cette médina est bien la « ville bleue » dont on nous avait parlé. Le changement est réel par rapport à Tanger et Tétouan. Le bleu omniprésent nous rappelle Jodhpur, au Rajasthan. La médina est largement colonisée par les boutiques à touristes mais quelques ruelles plus authentiques subsistent. Nous sommes encore, pour quelques kilomètres, dans l‘ancien Maroc espagnol ; les ibscriptiobs sont rédigées en arabe et en espagnol, plus rarement en français.
Nous tombons sur un restaurant du Sichuan (« la petite Chengdu ») où nous dînons agréablement et sommes les seuls clients non chinois.
La nuit sous la tente est un peu fraîche mais se passe bien. Il n’y a qu’une tente en plus de la nôtre. Les autres emplacements sont occupés par des pick-ups 4x4 avec des cellules ou par des camping cars. Certains sont des camions tous terrains adaptés au désert et aux grandes expéditions, c'est assez impressionnant.
Extrait de la carte Michelin 170 de 1954. On voit la frontière de Tanger ville internationale et la frontière entre le Maroc espagnol et le Maroc français. Chefchaouen est désignée par son ancienne appellation de Xaouen.
21ème jour, 20 décembre, Chefchaouen Meknès, 214 km
Nous quittons Chefchaouen à 10 heures. Les premiers kilomètres vers le sud se passent dans des collines cultivées et plantées d’oliveraies. A Derdara, nous quittons l’ancien Maroc espagnol ; un bâtiment en bord de route est sans doute l’ancien poste frontière. Ici commençait jadis le Maroc français.
Nous traversons ensuite une plaine avec de vastes étendues labourées mais presque pas d’arbres. Les villages traversés sont pauvres, inesthétiques et jonchés d’ordures. Beaucoup de gens cheminent à pied ou à dos d’âne d’une localité à l’autre. Nous franchissons deux rivières, Ouerra et Sebou. Cette portion assez ingrate prend fin avec une nouvelle ligne de collines. Nous déjeunons dans une oliveraie un peu avant Moulay Idriss.
Nous arrivons à 14 heures sur le site archéologique de Volubilis (5° 33’O, 34° 4’N). Cette ancienne capitale du royaume de Maurétanie s’est surtout développée aux 2ème et 3ème siècles de notre ère.
Volubilis : les mosaïques
On y visite un forum romain, une basilique, un capitole et plusieurs villas luxueuses qui ont conservé de très belles mosaïques, sans doute le plus bel attrait du site. On trouve aussi des thermes, une ancienne boulangerie, des logements populaires. Le site est vaste et n’est pas encore entièrement fouillé.
C’est au total un site archéologique exceptionnel. Seul regret : la visite concomitante d’une délégation officielle américaine nombreuse, en l’honneur de laquelle est organisée un spectacle culturel très bruyant.
Nous passons par la petite ville sainte de Moulay Idriss Zehroun et arrivons à Meknès à 18 heures. Disposant désormais de téléphones qui fonctionnent, nous gagnons sans difficulté notre riad, en bordure de la ville royale (5° 34’O, 33°53’N).
22ème et 23ème jours, 21 et 22 décembre, Meknès
Notre visite à Meknès commence par une déception : presque tous les sites sont fermés pour rénovation depuis … 2019. Il y a donc peu de monuments à voir pendant quelques mois encore.
Heureusement, le mausolée du Sultan Moulay Ismail (vers 1645 – 1727), fondateur du Maroc moderne et bâtisseur de Meknès, reste ouvert sauf le vendredi. C’est un monument élégant avec ses trois cours et la salle du tombeau. C’est, depuis Lyautey, la seule mosquée du Maroc accessible aux non-musulmans. Les cigognes qui passent l’hiver au Maroc y affluent à la nuit tombante.
Meknès : le mellah, les marchés, la médina
Nous arpentons le mellah (quartier juif) et la médina. Le souk est haut en couleur locale et peu touristique. Il est vrai que les touristes sont rares avec des monuments fermés.
La médina arabo-andalouse est plus rénovée que le mellah et les riad y sont nombreux. Les couleurs dominantes sont ici le rose et l’ocre, en contraste avec les villes précédentes.
Nous avons vu de l’extérieur les écuries royales, actuellement fermées.
La ville nouvelle comporte peu de points d’intérêt. Nos sommes tout de même allés à l’église catholique Notre-Dame des oliviers, commencée en 1913 et jamais achevée. Le prêtre et les fidèles sont originaires d’Afrique noire. C’est une église très discrète en terre d’islam, il faut bien la chercher pour la trouver. Nous avons aussi aperçu le collège-lycée français Paul Valéry, installé dans une ancienne caserne française avec un très beau parc.
Pour la première fois depuis le départ, nous avons du temps pour mettre nos affaires en ordre et nous reposer un peu. Nos profitons du beau riad qui nous accueille même si le froid nous empêche de profiter de la terrasse autant que nous l’aurions souhaité.
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A suivre : journal autour du monde 2023 : 02 - Maroc