Autour du monde en 888 jours : notre itinéraire

Publié le par Ding

Le mont Ventoux, photographié par Thibaut depuis le plateau d'Albion (Alpes de Haute Provence), été 2023. Notre voyage est très incertain dans son itinéraire et son aboutissement mais il est acquis que nous partirons du plateau d'Albion.

Le mont Ventoux, photographié par Thibaut depuis le plateau d'Albion (Alpes de Haute Provence), été 2023. Notre voyage est très incertain dans son itinéraire et son aboutissement mais il est acquis que nous partirons du plateau d'Albion.

Abstract : Because of the war in Ukraine and high risks in Iran, we have decided to travel westwards rather than eastwards. The first leg wil take us, hopefully, from Provence to Senegal, using our old 4WD car. We will then try to ship our brand new electric campervan to America and visit the US, Western Canada and if possible, Mexico. Then we will see. If conditions permit, we will cross the Pacific to New Zealand, Australia and finally Asia. The feasibility of such a long journey with an electric vehicle in the present situation remains to be seen, to say the least.

Comme indiqué dans notre premier article, notre projet initial était un tour du monde vers l’est : l’Europe jusqu’en Russie, la Sibérie, la Chine, puis l’Asie du sud-est, l’Australie, la Nouvelle Zélande, les Amériques de la Terre de feu à l’Alaska et quelques semaines en Afrique pour terminer. La pandémie de COVID 19 puis la guerre en Ukraine ont fermé les frontières, la pénurie de bornes électriques rend de nombreux pays impraticables avec un véhicule électrique. Nous avons dû réduire notre projet et le reconfigurer entièrement.

Le monument de l'anti-méridien de Greenwich sur l'île de Taveuni, à Fidji, photographié en août 2019. La rainure dans le socle du monument matérialise le tracé du 180ème méridien

Le monument de l'anti-méridien de Greenwich sur l'île de Taveuni, à Fidji, photographié en août 2019. La rainure dans le socle du monument matérialise le tracé du 180ème méridien

Nous tournerons vers l’ouest

A l’image du Capitaine John Hatterras qui marchait invariablement vers le nord [1], l’essentiel de notre vie de voyages a consisté en une longue quête toujours plus loin vers l’est : l’Europe, puis l’Asie, et enfin la Nouvelle Zélande et les îles du Pacifique. D’après un ami géographe et explorateur qui a fait le tour du monde en fourgon,  « les climats et les saisons favorables s’enchaînent  plus facilement dans ce sens de rotation », qui permet  « de découvrir les paysages en allant vers la nuit, les rayons chauds du couchant dans le dos » [2]. Jusqu’un beau jour d’août 2019, sur l’ile de Taveuni, à Fidji, où nous sommes arrivés par 180 ° de longitude, sur l’anti-méridien de Greenwich. Plus possible de continuer vers l’est sans arriver à l’ouest du monde, du moins dans la version européo-centrée de notre planète qui compte les longitudes à partir de Londres.

 

[1] : Le héros du roman de Jules Verne les aventures du Capitaine Hatterras, paru chez Hetzel en 1866, est obsédé par son but d’atteindre le premier le pôle nord. Il y parvient finalement mais y perd la raison. Nous espérons ne pas en arriver à cette extrémité.

[2] : Olivier Archambeau dans 600 jours de route … , ouvrage cité dans les articles précédents, p 12.

A partir du moment où les frontières étaient fermées vers l’est, nous avons dû nous résoudre à tourner vers l’ouest : de la Haute Provence vers Dakar d’abord, puis visiter les Amériques, puis la Nouvelle Zélande et l’Australie et revenir par l’Asie. En espérant que les frontières seront à nouveau ouvertes d’ici 2025 ou 2026 et que nous ne serons pas bloqués en route. Dans le contexte sanitaire incertain et géopolitique troublé qui est le nôtre en 2023, il s’agit d’un véritable pari. Mais avions-nous le choix ?

Les concessions ne s’arrêtent pas là. Il est clair que le tour du monde rêvé à l’origine ne sera pas possible avec un véhicule électrique. Comme indiqué dans notre premier article, les bornes de recharge font défaut, ou quasiment, en Sibérie, en Afrique à quelques exceptions près, en Amérique du sud. Nous avancerons beaucoup moins vite en devant recharger notre camper van tous les deux-cents kilomètres et ne pourrons pas aller là où les bornes de recharge font défaut : plus de Sibérie, plus de Patagonie … Nous allons devoir réduire notre périple. Ce sera dans le meilleur des cas un voyage autour du monde plutôt qu’un vrai tour du monde. Il y a plus qu’une nuance.

Près de Dakar, novembre 2014.

Près de Dakar, novembre 2014.

Jusqu’à Dakar, avec notre vieille voiture.

Partant de Haute Provence, le Sénégal sera notre première destination – même si le fameux rallye automobile Paris Dakar n’est guère une source d’inspiration pour nous : trop commercial, trop carboné – et il ne va même plus de Paris à Dakar. Mais une difficulté se présente : à partir du sud marocain, la recharge d’un véhicule électrique devient une gageure, faute de stations de recharge. Notre véhicule électrique n’est clairement pas adapté aux déserts du Sahara occidental et de Mauritanie que nous traverserons. Après avoir considéré quelques options problématiques, nous nous résignons à utiliser notre fidèle 4x4 Suzuki Grand Vitara de 1999, qui nous a déjà conduits sur les routes de l’Inde. Cette concession au diesel n’est pas faite de gaité de cœur. Nous espérons, sans certitude, que ce sera la seule, au moins sur de longues distances. Nous prévoyons un peu plus de deux mois pour ce premier segment, de décembre 2023 à février 2024, y compris le temps nécessaire pour explorer un peu le Sénégal et ré-expédier notre voiture vers l’Europe.

 Vue sur l'East River, New York, septembre 2015 ; à Boston, septembre 2021. Vue sur l'East River, New York, septembre 2015 ; à Boston, septembre 2021.

Vue sur l'East River, New York, septembre 2015 ; à Boston, septembre 2021.

Aux Amériques

Nous devrons ensuite nous procurer des visas américains et trouver un bateau pour transporter e-sCargo! vers la côte est des Etats-Unis. Ces deux procédures risquent de prendre du temps, de se heurter à de réelles difficultés, voire de ne pas aboutir, ce qui condamnerait notre projet à l’échec. 

Si nous surmontons ces obstacles, notre van traversera l’Atlantique en avril ou mai 2024. Il faudra le dédouaner dans un port de la côte est et affronter le vrai test de la conduite sur de longues distances avec un véhicule électrique. Et quelques autres, notamment celui de trouver un lieu de bivouac raisonnablement sûr pour chaque nuit.

Sur la route 66 (photos National Park Service)Sur la route 66 (photos National Park Service)

Sur la route 66 (photos National Park Service)

Tels les pionniers des siècles passés, nous prendrons la route de l’ouest. Passant au sud des grands lacs, nous traverserons le Midwest. Nous emprunterons sans doute un peu la célèbre route 66 pour le folklore mais devrons privilégier les quelques itinéraires est-ouest convenablement équipés en bornes de recharge. D’après la littérature spécialisée, il en existe aujourd’hui trois ou quatre. Notre premier objectif sera le parc de Yellowstone que nous espérons visiter début juin, avant l'arrivée de la foule de l'été. Ensuite, nous bifurquerons vers le nord-ouest pour traverser le Montana, l’Idaho, l’Etat de Washington et, si faire se peut, entrer au Canada. Notre objectif minimal sera Vancouver, en Colombie britannique. Idéalement, nous irons ensuite un peu plus au nord mais ceci dépendra du temps disponible et des bornes de recharge.

Nous ferons ensuite demi-tour, regagnerons les Etats-Unis dont nous longerons toute la côte ouest, jusqu’à San Diego, en Californie du sud, où nous serons en terrain connu : nous y sommes passés en faisant le tour du monde en famille en août 1998.

La pyramide de Tehotihuacan près de Mexico, visitée en août 1998 (photo Pixabay)

La pyramide de Tehotihuacan près de Mexico, visitée en août 1998 (photo Pixabay)

La traversée du Mexique s’annonce compliquée car nous devrons tenir compte d’une double contrainte : les bornes de recharge, bien sûr, mais aussi la criminalité violente, qui rend certains Etats franchement dangereux. Ceci risque de nous obliger à longer la frontière côté américain jusqu’au Texas et à n’entrer au Mexique que dans l’Etat de Coahuila réputé relativement sûr … s’il le reste jusqu’à notre arrivée. Voyageurs consciencieux, nous réglerons notre conduite sur les conseils aux voyageurs du Quai d’Orsay et nous inscrirons sur Fil d'Ariane.

Ensuite, ce sera l’aventure et donc l’incertitude. Idéalement le Mexique et l’Amérique centrale voire un peu d’Amérique du sud mais cette portion s’annonce très problématique du fait de la double contrainte de l’électricité et de la sécurité. Nous ferons ce que nous pourrons.

A Sydney, janvier 2019. Nous y retournerons ... si tout va bien.A Sydney, janvier 2019. Nous y retournerons ... si tout va bien.

A Sydney, janvier 2019. Nous y retournerons ... si tout va bien.

Et après ?

Lorsque nous estimerons ne pas pouvoir aller plus loin sur le continent américain, une nouvelle épreuve se présentera : trouver un bateau pour faire traverser le Pacifique à notre e-sCargo!. Direction la Nouvelle-Zélande puis l’Australie, où les bornes électriques seront  relativement abondantes, beaucoup plus en tous cas qu’en Amérique centrale et du sud. Si nous y parvenons, ce sera l’occasion de visiter enfin sérieusement, en 2025, ces deux pays que nous n’avons qu’effleurés jusqu’ici.

Près de Kaliurang, à Java, février 2016 ; le site archéologique de Mahabalipuram au Tamil Nadu (Inde), janvier 2018Près de Kaliurang, à Java, février 2016 ; le site archéologique de Mahabalipuram au Tamil Nadu (Inde), janvier 2018

Près de Kaliurang, à Java, février 2016 ; le site archéologique de Mahabalipuram au Tamil Nadu (Inde), janvier 2018

Se posera enfin la question du retour par l’Asie, sans doute en 2026. La Chine pourrait sembler attractive avec une électrification plus avancée qu’ailleurs. Mais nous savons qu’il est très difficile d’y faire entrer une voiture étrangère. Et il faudrait ensuite continuer vers la Sibérie ou l’Asie centrale où, même si les frontières sont ouvertes, les bornes électriques risquent de faire longtemps défaut. Pour cette raison, l’Asie du sud-est et l’Inde seront sans doute davantage praticables. Nous verrons.

En attendant, notre départ est proche comme on dit dans les avions. Il est même imminent, prévu cette semaine. Attachez vos ceintures et suivez nous dès le début de décembre sur notre journal de voyage et, un peu plus tard, dans nos prochains articles. A très bientôt.

 

#adm888

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G
Lecteur passionné je vous suis autant que faire se peut. Don l'Amérique latine à une petite chance de vous voir ? MJe me débrouillerai pour vous trouver les bornes de recharge colombiennes si il y en a. Hubert
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