En train dans les Pouilles et la Grèce en cars
Départ guilleret depuis la Gare de Lyon et voyage paisible à travers les Alpes. A la frontière le bâtiment des douanes semble désaffecté depuis longtemps déjà… Arrivés à Milan en début de soirée, nous traversons un parc plein de fleurs sauvages, de musique et de jeux d’enfants.
Changement d’ambiance à la Gare Centrale, majestueuse, écrasante, fleuron de l’architecture fasciste. Dans le train de nuit, nos voisines de compartiment voyagent jusqu’à Tarente : nous sommes déjà presque dans les Pouilles… après une nuit paisible, nous sautons du train dès potron-minet dans Trani encore endormie. Nous déambulons émerveillés dans cette féerie, la cathédrale toute blanche qui surplombe la mer, le château-fort de Frédéric II et son chemin de ronde, le port ravissant, les ruelles délicieuses…
Dans l’après-midi nous gagnons Bari en train : belle ville côtière animée, vibrante. Nous passons devant un « théâtre », entendons de la musique : on répète Attila, et il reste des places pour ce soir… viva Verdi, nous nous coucherons tôt une autre fois ! En sortant nous longeons la côte et gagnons la basilique Saint-Nicolas, ouverte jusqu’à 22h : merveille…
Le lendemain nous filons pour la gare à la recherche du train pour Matera… pour comprendre in extremis qu’étant opéré par une compagnie ferroviaire régionale, il part d’une petite gare distincte - heureusement non loin. On monte sur un plateau verdoyant, riche en oliviers, qui pourrait rappeler l’Andalousie.
Et sur place… cette ville troglodytique est hypnotisante, irréelle. On s’y perd avec délices, et on y mange des glaces exquises aux « Vizi degli angeli ». Le soir, concert exceptionnel offert en l’église San Francesco, Stabat Mater de Pergolèse, sublime…
Le matin suivant, cap sur la superbe ville de Lecce ! Extravagance baroque qui fait de chaque pas dans la ville un nouvel enchantement, mais qui atteint dans les églises un tel niveau qu’on en frôlerait par moments l’écœurement. Nous admirons tout notre saoul jusqu’au lendemain en fin de matinée où nous repartons pour Brindisi, sympathique ville portuaire.
Avis à qui serait tenté par cette traversée maritime pour la Grèce : il faut prendre la navette pour se rendre à l’embarcadère des ferries, éloigné de la ville et difficile à trouver… sur place ambiance fantomatique, en cette fin de mois d’avril nous sommes quasiment les seuls passagers sans véhicule. On arrête les camions pour nous laisser entrer, il n’y a pas d’accès séparé pour les piétons. Mais une fois parvenus au 8ème étage, c’est une cabine princière qui nous attend à l’avant du bateau, pour une traversée très agréable.
Nous arrivons en pleine nuit à Igoumenitsa, où les hôteliers accueillent à toute heure. C’est notre première rencontre avec l’hospitalité grecque qui va tant m’émouvoir tout au long de ce périple. Nôtre hôte, entendant que nous ne trouvons pas notre chemin, vient nous chercher en voiture là où nous sommes, et nous remmènera d’ailleurs lui-même à l’embarcadère du ferry pour Corfou quelques heures plus tard.
Corfou ! Éblouissement de la beauté du paysage comme des charmes quasi-vénitiens de la vieille ville. Nous y dormons deux nuits consécutives et aurions bien rajouté un peu de temps, si tous les ferries de Grèce ne faisaient pas chaque année grève le 1er mai, par principe et tradition nous explique-t-on.
Plaisir tout particulier de bains de mer turquoise, seuls sur une petite plage en ville ou plus loin sur la côte… En revanche, avis aux groupies de Sissi : l’Achilleion, que nous avons mis tant de temps à trouver, est fermé pour travaux sans date de réouverture envisagée à ce jour.
L’arrivée dans Corinthe la neuve, via une gare routière au milieu de l’isthme, est moins fabuleuse… mais nous faisons une agréable promenade le long du golfe au soleil couchant, et entendons des mélopées envoûtantes dans une église à proximité.
L’après-midi est consacrée au très beau Musée de l’Acropole. Nous montons admirer celle-ci le lendemain matin, un peu avant qu’une véritable marée humaine n’y déferle. La façade ouest du Parthénon est sous des échafaudages (les plus discrets possibles), et une grande grue blanche s’active à l’intérieur, sans que cela puisse entamer l’émotion suscitée par ce site incomparable et tant rêvé. Ensuite, passage par la colline de l’Aréopage et promenade parmi les ruines de l’Agora, avant de prendre le car pour Delphes où nous dormons pour être à pied d’œuvre.
Le site du sanctuaire d’Apollon s’étage à flanc de montagne, avec une vue à couper le souffle sur la vallée. Les ruines s’admirent à la montée comme à la descente dans leur symbiose avec ce territoire magique. Le musée qui expose les trouvailles archéologiques locales fourmille de merveilles.
Nous regagnons ensuite Athènes où il nous reste une belle journée au Musée National d’Archéologie suivie d’une agréable flânerie en ville, avant de nous embarquer pour une longue nuit de voyage aérien pour Paris (escale prolongée à Bologne).
Si nous avions eu trois jours de plus à notre disposition, nous aurions pu prendre le ferry de Patras à Venise avant de finir en train. Mais après tant de découvertes et de beauté, peut-être que cela aurait même été de trop…