Crète: une semaine de vacances en famille
Cela faisait longtemps que nous envisagions de découvrir la Grèce, mais c’est un peu le hasard qui nous a fait partir en Crète en ce mois d’avril 2022. Plus de six mois avant ces vacances, j’étais tombé sur une bannière publicitaire annonçant des billets d’avion pour la Crète à quelques dizaines de livres. Cela nous aurait coûté trois à cinq fois plus cher d’aller à Paris en Eurostar. Alors oui, il faudrait prendre moins l’avion, mais c’est difficile de résister quand le train est à ce point peu compétitif…
Pour changer un peu des vacances itinérantes dont nous avons l’habitude, nous avons décidé de ne visiter qu’un site archéologique, les ruines de Knossos, puis de passer quatre jours au même endroit, près de la célèbre plage d’Elafonissi, tout au bout de la côte ouest.
Heraklion et Knossos
Notre voyage commence donc à Heraklion. Louer une voiture s’avère plus compliqué que prévu. Bien que nous en ayons réservé une longtemps à l’avance et le paiement ait été accepté, l’agence nous explique qu’il est interdit par la loi grecque de prélever une caution sur une carte de débit. A défaut d’avoir une carte de crédit, nous devons accepter de souscrire à l’assurance du loueur qui coûte quasiment le prix de la location, et ceci quand bien même nous avions déjà souscrit à une assurance avec la plateforme de location en ligne. La voiture nous donnera d’autres soucis par la suite: des manoeuvres très compliquées pour passer dans les rues étroites, des frais de parking dans l’impossibilité de trouver des places dans la rue, et une amende de stationnement pour la fois où nous avions réussi à nous garer à Heraklion, une arnaque lors du règlement de l’amende… La place nous avait été indiquée par notre hôte, qui avait omis de nous dire que le parking n’y était autorisé que le week-end. Enfin, nous avons pu faire l’expérience concrète du litre d’essence à plus de 2€. Tout ceci nous conforte dans l’idée que nous avons raison de voyager sans voiture habituellement. Mais avec trois enfants, cela nécessite un bon réseau de transports publics, lequel n’existe pas ici.
Le centre-ville d’Heraklion est une longue suite de restaurants, de pizzerias, de fast-foods, de glaciers, de cafés et magasins de souvenirs. C’est dommage car le passé de la ville, son héritage vénitien en particulier, n’est jamais très loin et se perd dans le décor mercantiliste moderne. Le front de mer et le port vénitien offrent toutefois une ballade agréable si on fait abstraction des gigantesques bateaux de croisières et des cargos.
La visite du site archéologique du Palais de Knossos, proche de la ville d’Heraklion, vaut bien d’y consacrer la demi-journée. La plupart de ce que l’on voit a été reconstruit au début du siècle dernier. Il ne faut pas s’imaginer pour autant une reconstruction totale du palais, c’est une restauration qui laisse au site son aspect de ruines mais avec un air de neuf. Les murs et les colonnes que l’on voit debout, même des poutres de la couleur du bois, sont faites de béton revêtu d’une peinture parfois éclatante. Grâce aux explications de notre guide et aux artefacts du musée d’Heraklion, nous arrivons à nous rendre compte du degré d’avancement de la civilisation minoenne. Que cela soit en terme d’architecture, de travail du bronze, de confection de bijoux et de mosaïque ou de par leur alphabet, les Minoens s’inscrivaient dans la lignée des Babyloniens dont ils venaient et des Egyptiens, avec des milliers d’années d’avance sur le monde greco-romain.
Le musée archéologique que nous visiterons le lendemain justifie à lui seul de s’arrêter à Heraklion. C’est là que l’on peut voir les authentiques vestiges de la civilisation minoenne.
L’après-midi, nous emmenons les enfants découvrir l’aquarium situé non loin d’Heraklion.
Des vacances plage autour d’Elafonissi
Le lendemain, nous prenons la route pour notre gîte situé à proximité de la plage d’Elafonissi. La route longe la côte en contournant les massifs montagneux encore très enneigés en ce début de printemps. Nous faisons un petit détour pour découvrir un village du nom d’Adele, prénom de notre fille, près duquel nous achetons 10kg d’oranges gorgées de jus pour la modique somme de 10€. Diane et Adèle profitent du pique-nique sur la plage de Réthymnon pour se baigner (ou presque). La fin du trajet se fait sur une route de montagne dans une gorge qui débouche sur la côte occidentale de l’île. Notre gîte est au pied d’un petit monastère orthodoxe perché sur un rocher, Moni Chrisoskalitissis.
En cette fin de journée, le temps vire à une sorte de tempête de sable. Un vent chaud venu d’Egypte soufflera toute la nuit et laissera un ciel voilé le lendemain, mais aussi des vagues sur la mer qui feront le bonheur des enfants. La plage d’Elafonissi se situe sur une côte relativement sauvage avec aucune construction visible depuis la plage. L’été, il semble que cela ne l’empêche pas d’être bondée. Lorsque nous y sommes hors saison avec ce ciel voilé, il n’y a pas à se plaindre de sur-fréquentation même si nous sommes loin d’être seuls. La plage est découpée par des sortes de lagons peu profonds avec une eau translucide.
Le jour suivant, les enfants n’ont qu’un seul souhait, retourner à Elafonissi. Je leur « impose » d’aller découvrir une autre plage un peu plus loin, plus sauvage. Un peu plus difficile d’accès aussi. La plage de Kedrodasos est un petit bijou, quelque part entre une plage de calanque méditerranéenne et une plage tropicale. Mais surtout, nous y sommes seuls ! Les enfants n’en protestent pas moins énergiquement car ils avaient fait leur propres projets à Elafonissi. Après le pique-nique, nous leur concédons de retourner à l’endroit de la veille… Voyager en famille impose de plus en plus de concessions.
Le lendemain, Romy passe la journée avec les enfants à Elafonissi (encore !) tandis que je fais une marche de mon côté. Après avoir marché trois heures sans croiser personne, je rencontre un randonneur allemand qui voyage à pieds avec son sac à dos. Nous faisons toute la marche de retour ensemble, puis déjeunons à la maison pour prolonger la conversation.
L’expérience du resort
Le temps est venu de reprendre la route vers le nord de l’île. En route pour La Canée, nous visitons une coopérative familiale de production d’huile d’olive. Nous apprenons les différentes étapes de fabrication et ce qui différencie les huiles de plus ou moins bonne qualité.
Notre véritable destination n’est pas La Canée, mais un resort dont je tairais le nom. C’est l’archétype de l’hôtel « all-inclusive » conçu pour se prélasser au bord de la piscine entre deux snacks. J’avais délibérément choisi se type d’endroit comme « cadeau » pour remercier les enfants de nous suivre de bon gré lors de nos excursions habituelles. Dans le cas précis de ce voyage, nous ne leur avons finalement pas trop demandé… Maintenant que nous y sommes, il faut jouer le jeu. Leurs mines ennuyées à Knossos lorsque la guide commentait les ruines, c’est du passé. Maintenant, leurs yeux brillent incrédules comme en face d’un véritable trésor lorsque la réceptionniste leur remet un bracelet qui donne droit de servir de snacks et soft drinks à volonté. Puis ils ont le choix entre quatre sortes de piscines. Et on peut faire du beach volley avant ? Oui, et il y a une animation château gonflable ce soir. Et le buffet du dîner dans tout ça ?
Bref, le cadeau fait son effet, et Diane n’est pas en reste. Romy et moi avons des regrets de ne pas visiter La Canée. Depuis le bord de la piscine, j’observe les montagnes enneigées en pensant à toutes les randonnées à faire dans ces montagnes… Le buffet est comme on pouvait s’y attendre une profusion de nourriture grasse, salée, sucrée avec des ingrédients de piètre qualité. Nous avons vue sur la mer de Crète et mangeons un poisson qui des chances de venir de plus loin que nous. Nous avons rarement été aussi loin du régime crétois. Tout ceci dans le brouhaha d’une pièce semi-fermée où dînent des centaines de famille en même temps.
Trop c’est trop, nous prenons la décision d’aller faire une marche en montagne la matinée suivante. Au lieu d’y voir un juste retour des choses, les enfants y voient l’arbitraire parental et un énorme gâchis de quitter un tel endroit alors qu’on pourrait en « profiter » toute la journée. Pire, ils ont réalisé que des centaines d’autres enfants passaient l’intégralité de leurs vacances dans cet endroit… La marche de quelques heures dans les montagnes se passe finalement bien, d’autant plus que nous rentrons à temps pour le buffet de midi et une séance piscine. En repartant, nous demandons aux enfants de réfléchir aux avantages et inconvénients des voyages en famille dans l’hypothèse où ils ne souhaiteraient pas nous suivre une prochaine fois…
Le retour vers Rethymnon
La veille du retour, nous passons la nuit dans la veille ville de Rethymnon: une chambre située dans une demeure datant de l’époque vénitienne avec belle décoration d’époque qui tranche avec l’expérience de la veille. La promenade le long de la jetée du vieux port vénitien est plaisante… Malheureusement, les petites rues de Rethymnon sont envahies de terrasses de restaurant attrape-touristes. Nous finissons par céder à l’un d’eux pour le dîner.
Nous regagnons Heraklion sans encombre d’où part notre vol de retour pour Londres. Ce fut une belle semaine, plus reposante que nos vacances habituelles. La beauté de la Crète et tout ce que nous n’y avons pas fait donne envie d’y retourner plus longtemps. Avec, ou sans Adèle et Adrien ? Vous l’aurez compris, le voyage en famille tel que nous l’avons conçu jusqu’alors ira de moins en moins de soi.