Une semaine à Harlech, au Pays de Galles

Publié le par Ding Thibaut

Le gouvernement a tenu sa promesse: le lundi 12 avril, les voyages non-essentiels au sein du Royaume-Uni redeviennent autorisés, à l’exception de l’Écosse. C’était l’un des assouplissements du lock-down que nous attendions le plus ! Les hôtels n’ont pas encore le droit d’accueillir la clientèle touristique, mais les hébergements individuels et autonomes sont permis. Il faut entendre par là les « air-bnb » et consorts, et les « caravanes », en fait des mobil-homes  organisés en villages de vacances. Nous avons opté pour une petite maison dans le village d’Harlech.

Une semaine à Harlech, au Pays de Galles

Harlech est un petit village situé sur la côte ouest du Pays de Galles, dans la Baie de Cardigan, elle-même ouverte sur la mer d’Irlande. Il fait partie du Snowdownia National Park, un massif montagneux qui culmine à 1085m avec le Mont Snowdon. Harlech a fière allure avec son magnifique château-fort médiéval perché au-dessus de la mer et sa longue plage de sable blanc, protégée par des dunes. Les enfants passeront deux journées entières à y jouer, avec leurs pelles et leurs seaux.

Une semaine à Harlech, au Pays de Galles
Une semaine à Harlech, au Pays de GallesUne semaine à Harlech, au Pays de GallesUne semaine à Harlech, au Pays de Galles

Notre voyage commence à la gare d’Euston. Elle semble sortir d’une longue hibernation et les quais sont presque vides. Nous prenons un train à grande vitesse jusqu’à Birmingham. Cette première étape dure environ une heure. Là-bas, nous changeons pour un train régional, le Transport for Wales, qui met plus de quatre heures pour couvrir à peu près la même distance. C’est une petite rame de trois ou quatre wagons, semblable à celle que nous connaissons bien pour aller de Guingamp à Paimpol. Elle présente aussi la particularité de s’arrêter très fréquemment et de ne desservir certains arrêts que si les passagers le demandent. Arrivée à un certain tronçon, elle se divise et nous devons changer de wagon pour rester sur la bonne voie. A peine repartis, nous sommes invités à encore nous déplacer pour aller dans le second wagon, le premier s’apprêtant à être envahi par des écoliers (« you may want to change coach for social distancing »). Ce long voyage est pourtant appréciable: le train évolue en pleine nature: montagnes enneigées, rivières, pâturages, plages et petits ports ponctuent le trajet.

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Arrivés à Harlech, nous avons 400m à parcourir pour rejoindre notre gîte. Une broutille ? L’hôte m’a prévenu qu’avec des valises il fallait être « fit », car la pente est forte. Il n’avait pas tort. Il aurait même pu me dire que la maison se situait au sommet de la route désignée comme étant la plus pentue du monde par le Guiness des records. La route de Ffordd Pen Llech s’est vue attribuée un gradient de 37,45%. Cette marque est affichée avec fierté à Harlech, même si je lis qu’elle été révisée à 28,6% à la suite d’une réclamation portée par sa rivale néo-zélandaise. Les partisans de cette dernière ont fait valoir que la mesure devait se faire au centre de la route, et pas à l’intérieur des tournants…

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Le Pays de Galles est très dépaysant lorsque l’on vient de Londres. Ce n’est pas seulement le paysage qui est très différent, mais aussi la spécificité culturelle qui surprend. Les Gallois descendent des Celtes et ils ont redonné à leur langue traditionnelle une place dominante. Cette langue, très proche du Breton, a la même valeur officielle que l’anglais. Toutes les inscriptions sont bilingues, avec le gallois précédant l’anglais. Dans le train, les annonces sont faites en gallois avant d’être répétées en anglais. Aujourd’hui, plus du tiers de la population utilise cette langue et les jeunes davantage que les anciens. En effet, elle est promue et enseignée dans les écoles depuis une vingtaine d’années. Bien que nous n’arrivions que difficilement à lire les mots en gallois, beaucoup de noms d’endroits rappellent la Bretagne (pen, ty, roch, mor…).

Une semaine à Harlech, au Pays de Galles
Une semaine à Harlech, au Pays de Galles

Harlech a quelque chose du petit village loin de tout, et de la station balnéaire très prisée des touristes et autres résidents secondaires. Cette dualité apparaît au grand jour en cette fin de lock-down. En effet, le village n’a qu’une toute petite épicerie située tout en bas… et pleins de restaurants et de bars en haut, dans le centre touristique. La plupart de ces derniers n’avaient pas ré-ouverts à notre arrivée. N’ayant pas de voiture, nous avons dû nous accommoder des maigres ressources de l’épicerie et les monter sur notre dos jusqu’en haut. Sur la fin de la semaine, le fish and chips a rouvert: ce fut notre premier depuis notre arrivée en Angleterre… Par chance, le glacier artisanal était ouvert et nous a régalé à nos retours de randonnée.

Une semaine à Harlech, au Pays de GallesUne semaine à Harlech, au Pays de Galles

L’une de ces randonnées, je l’ai effectuée avec Adèle et Adrien tandis que Romy faisait une visite de reconnaissance du château avec Diane. Il faut savoir que Diane adore marcher, et ne veut pas être portée. Elle peut marcher des kilomètres, même sur des sentiers de randonnée, comme elle nous l’a prouvé lors de la dernière randonnée. Nous trouvons cela merveilleux bien sûr, mais cela oblige toute la famille à se mettre à son allure. Elle est aussi plus encline à s’arrêter pour regarder tout ce qui l’intéresse, donc autant dire qu’il faut adapter les objectifs. Ainsi j’ai emmené les deux grands marcher dans le massif qui surplombe Harlech. Quatre heures durant, nous avons gravi des collines, traversé des pâturages au milieu des moutons, enjambé des barrières à moutons et surtout contemplé la vue. Au premier plan, le vert des pâturages parsemés de points blancs, les moutons. Au second plan, la mer d’un côté, les montagnes de Snowdonia de l’autre. Je suis fier de mes enfants qui ont tenu ces 11km presque d’une traite sur un terrain parfois exigeant. Pour notre dernier jour, nous avons refait une partie de la randonnée avec Diane pour lui permettre de voir enfin des moutons de près. C’est l’un des premiers mots qu’elle a réussi à dire il y a des mois de cela, alors nous ne pouvions pas manquer l’occasion !

Enfin, venons-en au château de Harlech. Il a été bâti à la fin du XIIIe siècle sur ordre d’Edouard Ier. De retour de croisade et après avoir accédé au trône, juste avant de prendre le contrôle de l’Ecosse, il est le premier à véritablement conquérir le Pays de Galles. Ni les Saxons ni Guillaume le Conquérant n’étaient parvenu à vaincre les Gallois sur tout leur territoire. Pour asseoir son pouvoir, il fit construire une série des châteaux forts qui sont encore debouts aujourd’hui. L’édifice est perché sur une roche culminant à 60m au-dessus de ce qui est aujourd’hui une plaine. A l’époque la mer arrivait au pied de la roche, ce qui a permis au château d'être ravitaillé et de résister à des longs sièges. Ainsi il fut assiégé durant sept ans pendant la Guerre des Roses, alors que Marguerite d’Anjou s’y était réfugiée. Aujourd’hui encore, les tours de garde et les épais remparts en imposent. Les toits n’ayant pas résisté jusqu’à aujourd’hui, la visite est considérée comme étant « en plein air », sans quoi nous n’aurions pas pu le visiter à ce stade des mesures sanitaires. Toutefois l’accès aux remparts est interdit car les escaliers qui y mènent sont à l’intérieur des tours. Il faudra repasser pour compléter notre visite !

Le château de Harlech, avec ses drapeaux en berne pour le Prince Philip
Le château de Harlech, avec ses drapeaux en berne pour le Prince Philip

Le château de Harlech, avec ses drapeaux en berne pour le Prince Philip

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A
Un voyage rafraichissant en période de confinement.Merci pour cette escapade !
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