Mussoorie et Chanshal Pass: un week-end, deux ascensions, et un road trip
"Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt", mais la route appartient avant tout aux voitures et aux camions. Surtout en Inde. Je me lève à 4h00 ce vendredi 10 juin, pour un vol au départ de Delhi à 6h00. Je suis tout joyeux à l'idée de n'être qu'à quelques heures de chausser mes patins pour gravir mon premier col en roller dans l'Himalaya indien. A 7h30, je vois arriver comme prévu Vinay au volant de ma voiture à l'aéroport de Dehradun. Une heure plus tard, je chausse mes patins à la sortie de la ville sur la route qui monte à Mussoorie. Je reconnais la route prise avec Papa en août dernier, mais je constate d'emblée qu'il y a beaucoup plus de circulation. C'était prévisible car nous sommes en pleines vacances d'été et Mussoorie est une "hill station" très prisée des touristes indiens. (En Inde les vacances d'été vont de mi-mai à mi-juillet et la rentrée correspond à peu près à l'arrivée de la mousson qui marque la fin de l'été).
Je profite d'un trou entre deux flots de voiture pour m'élancer dans la montée. Je ne me sens pas spécialement en insécurité pour trois raisons principalement. Je sais qu'elles ne suffisent pas à rassurer mes proches, mais les voici toutefois. Première raison: l'anarchie qui règne sur les routes indiennes me donne toute ma place en tant que patineur sur la route. Les conducteurs s'adaptent en permanence aux animaux, aux piétons, aux cyclistes, aux véhicules à contresens etc... un type en roller ce n'est pas habituel mais ça ne prend pas plus de place qu'une vache et ça a le mérite de se ranger à gauche au coup de klaxon. Ce coup de klaxon (l'injonction "BLOW HORN" est même inscrite à l'arrière des camions), c'est ma deuxième raison. J'ai appris en France à apprécier la distance, la vitesse et le ralentissement éventuel d'un véhicule au son du moteur. En Inde, c'est encore plus précis car le klaxon fait office de clignotant et il est souvent répété plusieurs fois avant le dépassement. En général il ne signifie pas d'hostilité. Troisième raison, cet environnement chaotique empêche les véhicules de rouler vite. C'est encore plus vrai sur une route de montagne. En somme, j'évolue au milieu de voitures, camions, bus, motos, rickshaws dans un bruit de klaxon continu, et cela ne me stresse pas. Mon enfance faite de vélo à Pékin y est peut-être aussi pour quelque chose. Je n'en suis pas moins très vigilant car je ne m'attends pas à ce qu'on prenne une distance de sécurité pour me dépasser.
Je pars de 800m d'altitude pour 25km de montée en direction de Mussoorie, à 2000m d'altitude. Ce n'est donc pas une pente très raide, plus proche du Mont Ventoux par Sault que par Bédoin. Le revêtement est en général très correct, ce qui explique que j'ai choisi cette montée en particulier. La vraie difficulté est d'une nature toute indienne: continuer à respirer en plein effort au milieu des gaz d'échappement. Les moteurs sont sollicités par la pente et ils crachent une fumée noire nauséabonde. Sur un effort à 175 battements cardiaques par minutes en moyenne avec un début de raréfaction de l'oxygène sur la fin, il y a besoin de respirer profondément. Mais dans une telle pollution, je retiens parfois mon souffle un bref instant pour inspirer après le passage du véhicule. Il me faut moins de 1h40 pour arriver au pied de Mussoorie, mais plus de 20 minutes pour le dernier kilomètre à cause d'un embouteillage ! Vinay, qui m'a suivi de près avec la voiture durant toute la montée, n'arrive que 30 minutes après moi. En roller j'ai pu au moins me faufiler entre les voitures ! Je reconnais le "mall road", l'artère principale de la ville, bien trop étroite pour une telle circulation. Face au chaos de ce carrefour je repense à Papa au volant de la voiture de location, "pris au piège" au même endroit il y a un an.
C'est un triste spectacle. Une petite ville au milieu des pins dans les contreforts de l'Himalaya, adulée par tous mes collègues indiens, se retrouve plus polluée et plus bruyante que Delhi. L'air est irrespirable, mes yeux commence à piquer. Je me précipite dans la voiture dès qu'elle arrive au fameux carrefour et j'allume le purificateur d'air à la puissance maximale. Venir à la montagne pour ça, c'est désolant. Mais c'est la démocratisation du tourisme et des voitures. Nous fuyons et je me promets de ne plus revenir. Je ne ferai plus de sport dans un endroit pareil si c'est à ce point au détriment de ma santé et que cela gâche grandement le plaisir du patinage.
Quelques kilomètres plus loin, le désenchantement est encore pire lorsque nous passons à "Kempty Falls". Nous avions déjà été frappés avec Papa par toutes ces constructions hideuses qui entourent sur plus d'un kilomètre une pauvre cascade pas très impressionnante. Il faut imaginer une route semblable à celle des gorges de la Nesque: la configuration à flanc de falaise empêche d'élargir la route ou de construire sur les côtés. A Kempty Falls, on n'a pas hésité à accrocher à la paroi rocheuse des parkings à étage en béton et des restaurants hideux. En cette saison, nous mettons une demi-heure à sortir de l'embouteillage occasionné par ce tourisme. Vinay a beau expliquer aux rabatteurs que nous ne voulons pas de tickets de parking, que nous ne cherchons ni de restaurant ni de piscine... il en arrive toujours de nouveaux et il faut à chaque fois ouvrir la fenêtre pour leur dire non et embarquer au passage une dose de pollution.
Enfin, sur la route de Yamunotri, le calme revient. Il n'y a quasiment plus de touristes et pas encore de pèlerins. Ils ne tarderont pas à affluer car cette route mène aux source de la Yamuna, un fleuve sacré au même titre que le Gange dont la source n'est pas loin non plus. La route est belle et les gorges de la Yamuna sont magnifiques. A seulement une centaine de kilomètres de sa source, son eau est si bleue qu'on peine à croire que c'est son prolongement qu'on voit à Delhi et au Taj Mahal. A 80km de Mussoorie, nous laissons la route de Yamunotri partir vers l'est et continuons vers le nord à destination de Purola puis Mori. Un moment délicieux commence lorsque la route pénètre au milieu d'une forêt de pins. Nous ouvrons les fenêtres et l'odeur des pins et des plantes aromatiques inonde la voiture. Dans les vallées ou à flanc de montagne, on aperçoit des petites rizières en terrasse. Je ne pensais pas que pins et rizières pouvaient faire partie d'un même paysage, du moins pas avant de l'avoir vu en Uttarakhand l'année dernière. Il n'y a personne d'autre que nous sur la route. Elle est toute lisse, l'idéal pour se détendre (les routes lisses ne sont pas la norme ici). Je me dis que j'ai été idiot d'aller faire du roller à Mussoorie alors qu'une route aussi paradisiaque existe ici. Mais je me réjouis de savoir que ce n'est que le début des réjouissances puisque la région où l'on va est réputée pour ses forêts de pins.
De Mori part vers le nord-est une piste le long de la rivière Tons. Si l'on en croit Google Maps, elle continue sur une soixantaine de kilomètres jusqu'au col de Chanshal, à près de 3800m d'altitude, frontière avec l'Himachal Pradesh. Mon projet consistait à monter au col en VTT depuis Mori puis à descendre de l'autre côté, sur Rohru. Arrivé à Mori, des villageois m'expliquent que les deux pistes ne se rejoignent pas et que je n'arriverai pas à franchir les 15km entre les deux bouts en portant mon vélo. A Netwar, 10 km plus loin sur la piste (et plus d'une demi-heure de voiture), les gardiens de la réserve de Govind Pashu (qui commence ici) me confirment que ce n'est pas possible. Quelqu'un a une idée: "Sir, you can go to Mori to buy for coolies to carry your cycle". Je n'y compte pas un instant mais je rapporte l’anecdote car je n'en reviens pas que ce terme de "coolies" soit encore utilisé. J'hésite à écouter les mises en garde car ils n'ont peut-être pas idée de ce qu'on peut faire en vélo. Finalement, le fait que je sois seul et qu'il n'y aura aucun moyen de dire à Vinay si j'aurai réussi à passer de l'autre côté me font renoncer à mon plan. Nous décidons de retourner à Mori et de prendre la route jusqu'à Rohru (70km) d'où je partirai le lendemain pour faire la montée et la descente du même côté. Malgré la frustration je suis heureux d'avoir découvert une vallée aussi féerique. Je projette désormais de revenir marcher à Govind Pashu avec les enfants.
Conscient de la difficulté du col, je fixe le départ à 5h00 pour me donner le temps de revenir avant la tombée de la nuit. Malheureusement, je constate en descendant le vélo du toit de la voiture que le pneu arrière est à plat. Cela m'insupporte d'autant plus que j'ai posé trois rustines dans la semaine. Moi qui n'avais pas crevé une seule fois en une semaine sur les terribles pistes du Spiti, j'ai crevé trois fois en quelques kilomètres dans un parc de Delhi où je testais mon matériel en vue du Chanshal. Par deux fois j'avais réparé un trou et pas vu d'autre trou. Mais le pneu perdait un peu de pression au bout de quelque jours. Trois jours après la troisième réparation la pression restait intacte, l'affaire me semblait donc réglée. Alors comment peut il-être complètement à plat ce matin, seulement 48 heures plus tard ? Je prends le pari que c'est un mystère inexpliqué et qu'il n'y a qu'à regonfler sans perdre plus de temps de changer de chambre à air. Nouvelle déconvenue: la valve de la pompe est défectueuse et je ne peux pas mettre assez de pression pour un m'engager vers le col de Chanshal. C'est la deuxième pompe qui lâche en un mois. Vinay m'invite à partir quand même avec le pneu dans l'état: il est certain que d'ici à ce que j'arrive au dernier village je trouverai un garagiste avec un compresseur. Et il a vu juste puisqu'au bout de 10km, malgré l'heure matinale, bien qu'on soit au fin fond de l'Himachal Pradesh, je peux faire mettre 5 bars dans mon pneu moyennant la modique somme de 10 roupies ! Me voilà réconcilié avec l'Inde.
Mon altitude de départ est de 1550m et la route le long de la rivière Tons est bitumée, peu pentue au début. La montée commence vraiment à Tikri, 15km plus loin, 1850m d'altitude. J'ai hâte de franchir le cap des 2000m et de rattraper le temps perdu. Mais même à cette altitude, mon corps non acclimaté s’essouffle déjà vite. Quand j'arrive à 2000m, j'ai déjà roulé plus d'1h30 et je commence déjà à trouver l'effort long. C'est à peu près là que la route s'arrête définitivement pour laisser place à une piste penture et sableuse, une difficulté supplémentaire pour le cycliste. Néanmoins le paysage est beau et je suis seul au milieu des pins. Cela suffit à me donner l'envie de continuer pour vivre le moment présent. Continuer juste pour atteindre le col serait difficile à ce stade tant il paraît loin en comparaison de ma forme du moment. Je me donne pour objectif intermédiaire de ne plus poser le pied à terre jusqu'aux prochains 100m de dénivellation. C'est sans compter sur la piste qui est parfois si dure dans les virages en épingle défoncés par les ornières que je dois pousser mon vélo. Une heure plus tard, je ne suis même pas à 2400m. Je me remonte le moral en mangeant des Haribos, sauvés de justesse des mains d'Adrien avant son départ en France. Trois bonbons pour 100m d'altitude gagnés, c'est le contrat que je me fixe. Je m'y tiens même si je dois faire des pauses pour reprendre mon souffle de temps en temps. Ceci montre bien qu'un aliment non conseillé pour l'effort d'endurance peut finalement aider par son effet sur le moral.
Trois heures après être parti, j'ai monté 1000m de dénivelé et parcouru 28km. La piste est toujours égale à elle-même, au milieu des pins. Je suis parfois doublé par des Boleros remplis de passagers aux allures locales (chapeau vert kinnauri, apparence physique). Le Bolero, c'est le véhicule phare de l'Himalaya indien. Que ce soit dans sa version pick-up ou avec habitacle, il embarque parfois plus de 15 personnes ou d'énormes cargaisons qui ne l'empêchent pas de franchir les pires vicissitudes de ces pistes. Le cap des 3000m se fait attendre, ma provision de Haribos diminue, et je sais que la difficulté ne va faire qu'augmenter avec la fatigue et l'altitude. J'ai des douleurs et des crispations un peu partout. Je me dis que si je me mouille les pieds en ratant un franchissement de ruisseau, j'aurais une bonne excuse pour faire demi-tour ! Tout ça pour dire que mon mental est défaillant, au sens où je me laisse envahir par des pensées négatives qui tendent vers l'abandon quand bien même je ne cours aucun risque. C'est une bonne illustration du fait que mental et physique vont de pair: si le corps n'est pas correctement entraîné et pas assez acclimaté à l'altitude, le mental flanche plus facilement.
Ce n'est qu'après 4h30 d'effort et de micro-pauses que j'atteins les 3000m. Je m'étonne que la forêt soit toujours aussi dense à cette altitude. Il y a même des grands sapins. En revanche, je ressens nettement le manque d'oxygène par rapport au début de mon ascension. La pente n'est pas beaucoup plus forte que 1000m plus bas et pour autant j'arrive à peine à me maintenir entre 4 et 6 km/h. C'est l'allure minimale que je dois maintenir pour rester en selle malgré les irrégularités du terrain. Les choses ne s'arrangent pas pour moi lorsque la piste devient "crantée". Des pierres tranchantes à moitié enfoncées ont été disposées pour augmenter l'adhérence des véhicules. Mais en vélo c'est autant de petits obstacles supplémentaires sur lesquels la roue doit passer. Et autant de tressauts à encaisser. J'essaie de regarder l'altimètre moins fréquemment pour essayer de me surprendre favorablement à chaque fois, mais c'est toujours l'inverse qui se produit. J'arrive à 3500m après plus de six heures d'effort et 42km de montée. La végétation est toujours aussi abondante, la piste crantée est toujours la même. C'est à se demander si je m'élève vraiment vers le col de Chanshal ou si je suis dans un mauvais rêve ou je pédale sur sur place sur un tapis roulant incliné !
C'est sur ces pensées qu'au détour d'un virage la forêt se dissipe brusquement en quelques centaines de mètres pour laisser place à des alpages fleuris. Un vent glacé se met de la partie et le ciel se couvre. Mais une bonne chose se produit: j'arrive maintenant à rester en selle sur une vitesse un peu plus lente (3-4km/h) dès que la pente décroît un peu ou que la piste s'améliore. Le résultat est que je parviens à reprendre mon souffle après chaque passage délicat où je dois maintenir 6-7km/h pour ne pas tomber. On est bien loin des vitesses de la veille en roller sur la route du Mussoorie ! Un homme que je rencontre m'annonce en plus que le col n'est plus qu'à 1,5 km ! Le moral remonte, j'éprouve une sorte d’allégresse en même temps que je retrouve des forces dans mes jambes et que je ne sens plus la douleur. C'est la magie de ce type d'effort que d'être dans un paysage extraordinaire envahi d'euphorie. Même si la situation est objectivement éprouvante.
A 3600m je vois la piste s’aplanir et j'entrevois une tente « dhaba » (mini buvette saisonnière). Comme souvent à cet instant où le long effort arrive à son terme, un frisson me parcourt et j'ai presque l'envie de pleurer. C'est un réflexe mécanique chez moi lorsque vont s'arrêter de longues heures de concentration et d'abnégation pour atteindre un objectif. Cependant l'altitude ne colle pas avec les 3690m annoncés. N'est-ce pas l'imprécision des altimètres GPS ? Le doute m'envahit. Suis-je vraiment arrivé ? Je fais quelques centaines de mètres sur le plat pour m'en assurer... et malheur ! Col sans pitié ! Je vois la route remonter le long de la crête jusqu'à se perdre dans le nuage ! Je n'ai plus de Haribos et je passe subitement à l'état inverse de celui décrit plus haut. Ce serait trop bête de s'arrêter si prêt du but. Je mange une barre énergétique, me ressaisis, et je remonte en selle. Les flaques de boues et les raidillons s'accumulent. Une borne indique quelque chose en hindi à 2km, je comprends maintenant que ce quelque chose indiqué depuis le début sue les bornes est le Chanshal Pass. Cela n'était pas évident pour un certain nombre de raisons. Il me faut près de 40 minutes pour faire ces deux derniers kilomètres avec plusieurs pauses, pour un gain d'altitude de moins de 100m !
Mais je suis arrivé ! Au terme de 8 heures d'effort environ si je compte toutes les pauses pour reprendre mon souffle, au terme de 6h30 de pédalage d'après mon instrument qui décompte les pauses. Je donne ces chiffres pour montrer à quel point cet effort est particulier si l'on pense au fait que sur une course de 24 heures en roller je ne fais quasiment aucune pause et roule presque quatre fois plus vite. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'était aussi dur que le Khardhung La en 2006. Mais si le Khardung La est presque 600m plus haut, Leh est 1000m plus élevée que mon point de départ. Il y a donc moins de dénivelé et il est réparti sur une plus grande distance avec une route bitumée (même si en 2006 la boue recouvrait la route le plus souvent). En d'autres termes, je pense que refaire le Khardung La par beau temps après 2-3 jours d'acclimatation à Leh me paraîtrait plus facile que cette ascension du Chanshal. Cette comparaison m'importe car le Khardung La était ma première expérience de VTT en altitude, ma première expérience de l'Inde, l'année de mes 20 ans. C'était à la fois une leçon sur les risques à ne plus prendre, mais aussi le point de départ d'autres aventures qui ont été autant de jalons dans ma vie. Je vais avoir 30 ans et me voilà dix ans après en haut du Chanshal Passe dans l'immensité de l'Himalaya. Je repense à ces 10 ans, à mes enfants que je n'imaginais pas avoir en 2006 et qui changent mon rapport au risque aujourd'hui. Avec un travail et une famille, on ne s'entraîne pas de la même façon non plus. Il y a 10 ans je ne pouvais pas imaginer que Clément ne serait plus là en 2016. Où serai-je dans 10 ans et que ce sera-t-il passé ?
Le lieu est propice à ces réflexions mais il faut redescendre sur terre dans les deux sens du terme. La descente sur cette piste s'annonce délicate, voire une longue torture. J'ai trop mal pour m'asseoir encore sur la selle. Il va falloir aller doucement et il n'est pas question de finir de nuit comme au Khardung La ou au Spiti. La descente dure en effet trois bonnes heures ponctuées de pause pour soulager la douleur infligée par la piste. Il n'est pas question de lâcher les freins ni de profiter du paysage, il faut se concentrer sur chaque caillou de la piste. Dès que je retrouve le signal téléphonique j'appelle Vinay pour lui demander de venir me chercher à Tikri où il peut aller avec la voiture. Le jour tombe tard en cette saison donc nous avons même le temps de rouler jusqu'à Tiuni pour arriver plus tôt à Delhi le lendemain.
De Tiuni à Delhi, 420km de route nous attendent, soit une douzaine d'heures si l'on s'arrête régulièrement en route. La route jusqu'à la petite hill station de Chakrata est une autre belle surprise de ce road trip. Sur 50km, une petite route étroite mais toute neuve serpente dans les montagne. Il n'y a que nous et la forêt de pins, de sapins. Je rêve de revenir là pour faire du roller même s'il n'y a pas de col mythique dans l'affaire. L'ennui c'est que c'est un voyage en soi de venir ici et qu'il faut passer par des routes calamiteuses. Les 20km suivants nous prendront plus d'une heure d'inconfort ! Chakrata jouit d'une belle situation et paraît minuscule et déserte par rapport à Mussoorie. Malheureusement les étrangers ne peuvent pas y séjourner sans permis, présence militaire oblige. Lorsque je me réveille après une longue sieste, il fait une chaleur insoutenable dans la voiture et l'odeur des camions a remplacé celle des pins. C'est le retour dans l'Inde des plaines, le moment de fermer les fenêtres, et de mettre la climatisation. La Yamuna est là, mais sa couleur bleue n'est plus qu'un lointain souvenir.