Le Tibet à 6 km

Publié le par Ding

Photos Fleuve jaune 0612 6 258

Le massif de l'Amnye Machen (Qinghai)

Résumé de la première partie : départ de Pékin en voiture, remontée du Fleuve jaune jusqu’à Lanzhou (Gansu), puis exploration des zones tibétaines du Gansu et de l’est du Qinghai. Impression de calme et de normalité de toutes les zones traversées (voir l’article précédent Au Tibet sans y être ).

Après un mois d’interruption, nous sommes retournés à Xining, capitale provinciale du Qinghai, où la voiture nous attendait (ouf !). Nous avons aussitôt pris la route vers le sud vers Guide et Dawu par la route provinciale 101, d’excellente qualité. De là, nous avons rejoint la route nationale 214 au moyen de la route provinciale 209 (180 km de piste en neuf heures avec quelques passages difficiles). De Maduo, nous avons rejoint Yushu par la nationale 214 (un col à 4 820m). De Yushu, nous nous sommes dirigés vers l’est et avons rejoint Serxu, première ville du Sichuan (alt 4 100 m). De là, nous avons poursuivi vers le sud-est : Manigango, Garze, Luhuo, Bawei et Danba. Après Danba, les zones tibétaines prennent fin et les Han (Chinois de souche)  prédominent à nouveau. Nous avons continué vers Emeishan, l’une des montagnes sacrées de Chine où nous avons retrouvé le tourisme de masse en complet contraste avec le plateau tibétain, puis Chengdu, Xi’an, Yan’an, Taiyuan et Pékin. Ceci représente environ 1080 km dans les zones tibétaines du Qinghai et 925 dans celles du Sichuan.

De la seconde partie de ce périple, quelques impressions resteront dans nos mémoires :

-         Toujours, bien sûr, la beauté des paysages. Certes, on voit peu de hautes montagnes (6 000 m ou plus), car on se déplace sur un plateau autour de 4 000 m. Au Qinghai, le massif de l’Amnye Machen (6 282 m), une des montagnes sacrées des Tibétains, a bien voulu sortir des nuages avec ses glaciers quelques minutes à notre passage. Des sommets sont apparus brièvement lors de notre passage à Dzochen (Sichuan). Mais le mont Gongga (7556 m) est resté dans les nuages quand nous avons tenté de l’approcher près de Luding. Pourtant, sans être aussi spectaculaires que l’Himalaya central, ces plateaux de l’est tibétain sont d’une beauté renouvelée en permanence avec leurs tapis de fleurs, leurs troupeaux de yaks, et leurs vallées profondes qui rompent la monotonie du passage des grands cols.

-         Les routes sont de qualité très variable : excellentes au Qinghai sur les premiers kilomètres. Médiocres ensuite jusqu’à Yushu. Exécrables au Sichuan : les deux routes nationales qui relient Chengdu au Tibet sont complètement défoncées, bien que celle du nord (la nationale 317 via Garze et Dege) soit en réfection complète. Les routes provinciales sont parfois un peu meilleures, parfois complètement défoncées elles aussi. On chemine à 20 km/h entre les trous et les lacs de boue. Les voitures (même de robustes 4x4) et leurs passagers sont soumis des dizaines d’heures durant à rude épreuve.

-         On trouve à se loger partout sur le plateau. La tente que nous avions emportée par précaution s’est avérée superflue. Mais l’hébergement peut être très sommaire dans les villages. Les draps propres sont un luxe hors d’atteinte et on se lave à la fontaine commune … . Ces incommodités mineures sont compensées par la gentillesse de l’accueil, même quand nos hôtes ne parlent que quelques mots de chinois. Nous avons aussi été reçus sous la tente avec l’écharpe blanche traditionnelle et le thé salé au beurre rance de yak.

-         Dans l’ensemble des zones tibétaines traversées, la situation donne toutes les apparences de la normalité. La population vaque à ses activités, la présence policière n’est guère différente de ce qu’elle est dans le reste de la Chine.

-         L’activité monastique est importante avec des moines de tous âges et ne fait l’objet d’aucune surveillance ou restriction ostensible. Les pèlerins venus de loin font le tour rituel des monastères en faisant tourner les moulins à prières. Quelques uns vont plus loin et se déplacent par prosternations, selon l’usage traditionnel. De nombreux monastères se construisent ou se rénovent avec, visiblement, de gros moyens. Nous avons partout été bien reçus dans les monastères dont plusieurs on été ouverts à notre intention. Nous avons admiré des tailleurs de pierre gravant des versets en tibétain avec une dextérité étonnante. Nous avons assisté à une importante cérémonie monastique, sans doute une sorte d’ordination,  un peu à l’ouest de Garze, au Sichuan, avec plusieurs dizaines de moines et plusieurs centaines de participants et à deux rassemblements de nomades dans la prairie. La seule localité qui ne nous ait pas donné l’impression d‘une normalité complète est Garze : si la population vaquait à ses occupations de manière  tout à fait normale, la présence policière était plus marquée que de coutume.

-         La visite de Yushu (Qinghai) laisse une forte impression. Vingt-sept mois près le séisme meurtrier d’avril 2010, la reconstruction de la ville progresse à marche forcée mais est loin d’être achevée. Les immeubles du centre ville sont presque terminés mais des milliers d’habitants logent toujours sous la tente dans les quartiers extérieurs et y passeront sans doute un troisième hiver. La voirie n’a pas été remise en l’état et fait figure de bourbier avec les pluies d’été. L’éclairage public n’est pas rétabli. Les hôtels sont casés dans des baraquements provisoires dépourvus de sanitaires. Le monastère de Jiegu est en cours de reconstruction, de même que le mur rituel de Sengze Ganyak , dont les pèlerins venus de loin font le tour rituel dans la boue, autour des palissades de chantier, spectacle remarquable de ferveur dans l’adversité. Cette reconstruction devrait transformer Jiegu, chef lieu de la préfecture de Yushu, en une ville chinoise « classique », qui perdra son caractère tibétain.

-         De Serxu, nous avons emprunté une belle piste vers le sud. Nous avons franchi un col et sommes redescendus par une belle vallée alpine. Notre destination était Dhakong (Loshu en chinois), à 67 km au sud, au bord du Yangtze qui marque la limite de la région autonome du Tibet. Mais les pluies de l’été ont fait leur œuvre : 6 km avant Dhakong, le torrent est sorti de son lit et a submergé notre piste. Nous avons dû, tout près du but, rebrousser chemin.

Superbe voyage, donc, avec la liberté complète procurée par le fait de conduire soi-même. Nous redoutions le pire : routes coupées par les pluies ou interdiction d’accéder aux zones tibétaines du Sichuan. Il n’en a rien été et nous avons pu, malgré de très mauvaises routes, arpenter librement l’est du toit du monde.

Pour une relation détaillée du voyage, voyez la page : Journal le long du Fleuve jaune (juin-août 2012)

Voyez aussi : - les photos du voyage : En-remontant-le-Fleuve-jaune En-remontant-le-Fleuve-jaune

(l'album comprend aussi des photos de Mongolie intérieure, du Ningxia, des zones non tibétaines du Gansu, du Qinghai et du Sichuan ainsi que du Shaanxi).

- les portraits du voyage : Visages de Chine du nord Visages de Chine du nord

- et les fleurs du plateau tibétain : Cent fleurs à la campagne Cent fleurs à la campagne

(pour les deux derniers albums, voir les photos "Fleuve jaune").

 

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