Au Kerala près de Munnar, puis à Tanjore

Publié le par Ding Thibaut

Au mois d’octobre, nous sommes allés au Kerala, pour la quatrième fois depuis notre installation en Inde. Cette année, nous étions cinq avec l’arrivée de Diane, alors âgée de dix mois. Pour le plus grand plaisir d’Adèle et d’Adrien, nous avons fait tout le voyage dans notre voiture, accompagnés par Lakshmikant. Entre Trichy et Munnar, près de Dindigul mais au fin fond de la campagne du Tamil Nadu, nous avons fait étape à Cardamon House. C’est un gîte, situé en pleine nature, qu’Adrien rêvait de faire découvrir à sa soeur depuis notre passage l’an dernier. Nous nous sommes de nouveau baignés dans la splendide piscine Desjoyaux au milieu du jardin tropical où butinent les colibris.

Lac d’Anayirankal

Lac d’Anayirankal

Munnar est une hill station perchée à 1600m d’altitude dans les Ghats Occidentaux. Elle se situe au Kerala mais est très proche de la frontière du Tamil Nadu. Comme mes lecteurs les plus fidèles peuvent s’y attendre, nous avons soigneusement évité de nous attarder dans la ville de Munnar. La traverser en voiture nous a suffit à avoir la confirmation que c’était un endroit à fuir pour quiconque recherche la nature et la tranquillité. Nous avons passé deux jours au milieu d’une petite jungle au-dessus du lac d’Anayirankal, et deux jours au bord d’une rivière dans le district  de Chithirapuram.

Lac d’Anayirankal

Lac d’Anayirankal

En cette saison, les Ghats baignent dans la brume et ne manquent pas d’être arrosés par des trombes de pluie. Un matin au ciel dégagé, nous avons voulu faire une marche. J’avais repéré sur la carte un lac dans la forêt. Première déconvenue, arrivés à proximité, il fallait payer des guides qui faisaient pression pour que nous louions une jeep… Nous avons alors décidé à la place de prendre la route pour le Parc National d’Eravikulam où l’on espérait pouvoir marcher librement et apercevoir le bouquetin des Nilgiris. Après avoir roulé sous une pluie battante et pique-niqué dans la voiture, nous sommes montés dans un bus du parc, où la circulation est interdite. Du moins pour les touristes. Arrivés à 2000m d’altitude, nous avons commencé à marcher sur la route bitumée, destinée aux visiteurs. Nous ne voyions rien à cause d’un brouillard épais et il fallait s’accommoder des pots d’échappements des camions et autres véhicules autorisés. Au bout d’un quart d’heure, trempés par la pluie, tout le monde avait froid et nous sommes rentrés bien déçus.

Au Kerala près de Munnar, puis à TanjoreAu Kerala près de Munnar, puis à Tanjore

Le soir, la brume poussée par le vent semblait s’accrocher aux cimes des arbres de la jungle. Ce fut finalement le meilleur endroit pour marcher en paix ! Dans ce décor envoûtant éclairé par la lumière du soir après la pluie, Diane nous a surpris en partant escalader à quatre pattes une longue paroi rocheuse.

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Parmi les autres bonnes surprises du voyage, il y a eu ce moment le lendemain où nous avons aperçu un éléphant sauvage. Nous longions en voiture le lac d’Anayirankal quand nous l’avons vu au loin sur la berge opposée. Assez près pour distinguer aux jumelles un éléphanteau à ses côtés.

Elephants sauvagesElephants sauvages

Elephants sauvages

Peu après, profitant d’un beau ciel bleu ensoleillé, nous sommes descendus à pied sur une berge du lac pour une partie de pêche. Quelques locaux pêchaient aussi autour de nous, ce qui m’a naïvement paru de bonne augure. En fait l’un de ces pêcheurs a dû nous dénoncer puisque dix minutes plus tard est arrivé un bateau, de l’autre bout du lac, pour nous dire que nous n’avions pas le droit d’être ici. Les touristes doivent rester à l’endroit prévu pour eux, où l’on paie le droit de pouvoir accéder au lac sans marcher, d’avoir accès aux fast foods et à leurs odeurs, de louer des bateaux à moteur bruyants et polluants etc.

Lac d’Anayirankal

Lac d’Anayirankal

Non loin de là, il y a une « attraction » non aménagée qui vaut le détour. Gratuite et tellement peu aménagée que nous avons tourné en rond presqu’une heure avant de la trouver. Il s’agit des dolmens de Muttukad qui ressemblent en tout point aux dolmens de mon imaginaire français. A flanc de montagne le cadre a lui seul valait le détour.

Dolmens de MuttukadDolmens de Muttukad

Dolmens de Muttukad

La route qui mène au district de Chithirapuram est pittoresque. Petite route étroite, elle serpente dans les vallées successives. Tantôt nous étions entourés de rizières, à d’autres moments, par la jungle. Au loin, une grande église sur pilotis, et dans le village suivant, une mosquée. Puis un temple de Shiva. Les maisons et les édifices religieux sont très colorés comme partout au Kerala. La végétation compte des caféiers et des cacaoyers dont en voyait les fèves. Sur place, il n’y a pas grand chose à faire. Le but était surtout de rester autour de l’hôtel, installé quasiment « sur la rivière ». Les enfants y ont passés des heures à jouer.

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Avant de quitter ce bel endroit nous avons participé au « plantation trek » organisé par l’hôtel. Ce fut une marche d’environ 4km au milieu de théiers plantés par les Anglais. Nous partîmes à une vingtaine de touristes après avoir longtemps attendu les retardataires… pour vite se retrouver moins d’une dizaine. Et oui, ça monte. L’occasion de voir des « silver oaks », des eucalyptus et des papyrus.

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Pour notre itinéraire de retour, nous avons choisi de faire étape à Tanjore (Thanjavur). Cette ville fut la capitale de la dynastie Chola du IXe siècle au XIe siècle et elle a encore exercé son influence pendant des siècles. Nous avons suivi ici les traces de mes parents et de bien d’autres en visitant le temple de Brihadesvara.

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Construit entre 1003 et 1010, c’est un des joyaux du Tamil Nadu. Il impressionne d’abord par ses dimensions, son sommet culminant à 66m de haut et son enceinte faisant presque 300m de long. Il y a aussi la richesse de ses sculptures et les peintures murales reflétant l’influence des peuples qui ont successivement régné sur les lieux. Mais ce qui m’a le plus plu personnellement, c’est le sentiment de marcher sur des dalles foulées par les fidèles depuis plus de 1000 ans. Cette sensation est renforcée par le fait que le temple n’a pas été repeint, il est à la couleur de la pierre.

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Le récit de sa construction est à la hauteur du monument: pour déposer un monolithe de 80 tonnes à 66m au-dessus du sol et sculpter les statues, il a fallu créer une montagne aussi haute entourée d’une route inclinée pour le passage des éléphants… Tout ça presque deux siècles avant le début de la construction de Notre Dame de Paris. 

Au Kerala près de Munnar, puis à Tanjore

Malgré l’heure tardive, nous prenons le temps (et le risque, car cela implique de rouler de nuit vers Chennai) de visiter le Palais de Tanjore.

Publié dans Nouvelles de Delhi

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